Faim, torture, conditions de détention atroces: les rapports sur le tristement célèbre système de camps de détention de la Corée du Nord n'ont cessé d'horrifier le monde.
Mais un nouveau rapport révèle aujourd'hui que le réseau cruel de Kim Jong Un est encore bien plus étendu qu'on ne le pensait. On estime qu'entre 53'000 et 65'000 Nord-Coréens sont détenus dans quatre camps de prisonniers, qui sont répartis dans les montagnes du centre du pays. Les conditions qui y règnent seraient horribles et presque insoutenables.
Un système qui a pris de l'ampleur
Selon l'Institut coréen pour l'unification nationale (KINU), ce système a pris de l'ampleur ces dernières années. Les détenus ne reçoivent quasiment pas de nourriture, doivent effectuer des travaux forcés et sont exposés à une violence extrême.
Les mobiles d'incarcération semblent absurdes: le simple fait de visionner des séries sud-coréennes ou de pratiquer sa foi chrétienne suffit souvent à se retrouver enfermé. Les détenus considérés comme déloyaux envers le dirigeant nord-coréen restent fréquemment dans ces établissements connus sous le nom de «kwanliso» jusqu'à leur mort. Et ceux qui survivent à la violence se tuent à la tâche... Par ailleurs, il n'est pas rare que des familles entières se retrouvent incarcérées. Les jeunes enfants vivent une souffrance inconcevable.
La Corée du Nord nie l'existence des camps
Bien que la Corée du Nord nie l'existence de ces camps, des photos satellites récentes du Committee for Human Rights confirment qu'elles sont bien réelles.
L'organisation de défense des droits humains s'appuie sur un rapport de l'ONU, qui avance des preuves sur la présence de ces prisons de l'horreur: «Des images satellites détaillées ainsi que les témoignages confirmés de nombreux anciens prisonniers ont prouvé – sans aucun doute – l'existence de ce système carcéral et des pratiques horribles qui s'y déroulent.»
Un camp dans lequel rime la violence
Construit en 1965, l'un des camps de la ville de Kaechon a été agrandi en 2013 après l'exécution de l'oncle de Kim Jong Un, Jang Song-thaek. Ses partisans y ont été déportés, considérés comme des ennemis de la nation.
On soupçonne que des prisonniers d'un camp situé près du site d'essais nucléaires de Punggye-ri soient soumis au travail forcé dans le cadre du programme nucléaire. Particulièrement redouté, ce vaste camp secret s'étend sur 560 kilomètres carrés – soit trois fois la taille de la capitale américaine Washington D.C. Il est encerclé par plus de 120 kilomètres de tours de garde, équipées de mitrailleuses.
Jusqu'à présent, aucun prisonnier n'a réussi à s'en échapper. Jusqu'à 20'000 personnes, dont des fonctionnaires de haut rang accusés de trahison, y sont détenues. Les survivants racontent qu'ils travaillent parfois plus de 20 heures par jour dans les mines, les champs ou l'exploitation forestière.
La nuit, des «séances de combat idéologique» ont lieu. Les détenus n'ont pas le choix que de se dénoncer et se frapper les uns les autres. D'anciens détenus décrivent des exécutions publiques, ainsi que des viols routiniers commis par des gardes. Les victimes «disparaissent» ensuite, sans laisser de traces.
Les femmes subissent des atrocités, viols en tête. «Après une nuit à 'servir les fonctionnaires', les femmes devaient mourir parce que ce 'secret' ne devait pas être divulgué», dénonce un ancien garde.
Des fours crématoires
Selon le rapport, quelque 5800 prisonniers sont également entassés dans un espace restreint à Chongjin. La taille de l'établissement a doublé sous le règne de Kim Jong Un. Les images satellites montrent des structures utilisées pour des pendaisons, des clôtures électriques et même des fours crématoires.
«Notre analyse des images satellites semble confirmer la persistance, voire l'augmentation, de l'importance du travail forcé sous Kim Jong Un», constate l'organisation de défense des droits humains HRNK.