Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et le groupe antigouvernemental M23 se sont entendus mardi à Doha sur un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu dans l'est du pays, ont annoncé les autorités qataries.
Région riche en ressources naturelles et frontalière du Rwanda, l'Est congolais est en proie à des conflits depuis plus de trente ans. Les violences se sont intensifiées entre janvier et février avec la prise par le M23, soutenu par Kigali et son armée, des grandes villes de Goma et Bukavu.
Les autorités de Kinshasa et le M23 ont signé, en juillet, une déclaration de principe en faveur d'un «cessez-le-feu permanent», à la suite d'un accord de paix signé entre la RDC et le Rwanda fin juin à Washington. Les deux initiatives n'ont pas mis fin aux combats jusqu'à présent.
Enquêter sur les violations
Mardi, les deux parties ont signé «un accord pour mettre en place un mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu, facilité par le Qatar», a indiqué le ministère qatari des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le mécanisme permettra de «superviser la mise en oeuvre du cessez-le-feu permanent, d'enquêter sur les violations signalées et les vérifier, et de communiquer entre les parties concernées afin d'empêcher la reprise des hostilités», selon le communiqué.
Le mécanisme sera constitué d'un nombre égal de représentants du gouvernement congolais et du M23 qui se réuniront à la demande de l'une des deux parties, en cas de violations signalées, selon une copie du document signé à Doha, consultée par l'AFP. Le Qatar, les États-Unis et l'Union africaine pourront y prendre part en tant qu'observateurs, et la mission des Nations unies en RDC (Monusco) lui fournira un appui logistique, ajoute le texte.
«Une avancée significative»
La première réunion du comité est prévue dans les sept jours suivant son institution. Doha a qualifié la mise en oeuvre de ce comité de suivi d'«étape cruciale vers le renforcement de la confiance et la conclusion d'un accord de paix global». Le porte-parole du M23, Lawrence Kanuyka, a salué mardi sur X «une avancée significative».
De violents affrontements ont opposé le M23 et l'armée congolaise ou des milices locales ces dernières semaines, entraînant une surenchère de communiqués des deux parties dénonçant les présumées violations de l'accord par l'autre camp.
Jeudi, le président congolais Félix Tshisekedi a appelé son homologue rwandais Paul Kagame à avoir «le courage» de travailler avec lui pour faire «la paix des braves» dans l'est. Le lendemain, l'armée congolaise exhorté les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), considérées par Kigali comme une «menace existentielle», à déposer les armes, une disposition-clef du fragile accord de paix signé en juin à Washington, sans toutefois en préciser les modalités.
Kigali justifie son appui au M23 par la présence active des FDLR, un groupe armé fondé par d'anciens responsables hutu rwandais du génocide des Tutsi de 1994, dans des régions proches de sa frontière. Kinshasa réclame le retrait des troupes rwandaises de son sol.