La tension monte au Venezuela, dont le président Nicolás Maduro est accusé par Donald Trump d'être impliqué dans le trafic de drogue vers les Etats-Unis.
Depuis quelques semaines, le président américain fait couler par avion de chasse des bateaux «suspects» transportant de la drogue. Jusqu'à présent, près de 70 personnes ont été tuées. Par ailleurs, des enquêteurs infiltrés de la CIA sont également sur les traces des trafiquants de drogue au Venezuela.
Cette semaine, le conflit s'est intensifié. Mardi, l’USS Gerald R. Ford, le plus grand porte-avions du monde, est arrivé au large des côtes sud-américaines, tandis que les médias américains ont annoncé cette semaine qu'un nouveau bateau soupçonné de trafic de drogue a été coulé par les Etats-Unis dans les Caraïbes, tuant les quatre personnes à bord. Des navires de débarquement amphibies, comme l'USS Iwo Jima, ont également été mobilisés.
Opération «Southern Spear» lancée
Et la situation ne semble pas s'apaiser. Jeudi, Pete Hegseth, ministre américain de la Défense, a annoncé sur X une nouvelle phase, l'opération «Southern Spear» (lance du Sud). «Cette mission défend notre territoire national, élimine les narcoterroristes de nos Amériques et protège notre pays des drogues qui tuent notre population.»
Les détails tactiques précis n'ont pas été communiqués. Il semblerait toutefois qu'une douzaine de navires et environ 12'000 marins et fusiliers ont été déployés dans la région.
Selon CBS, Washington n'envisage pas de lancer une guerre terrestre immédiate. Il s'agit plutôt d'une opération militaire axée sur la lutte contre le trafic de drogue.
Une attaque ce week-end? Maduro se prépare
En réaction, le dirigeant Nicolás Maduro a annoncé une «mobilisation massive» et a menacé de lancer des missiles russes. Il sait parfaitement que le président américain Donald Trump veut le renverser. Selon le ministre de la Défense Vladimir Padrino López, quelque 200'000 membres des forces terrestres, aériennes, navales et de réserve effectueront ces jours-ci des exercices. Il s'agit d'une réaction à la «menace impérialiste». Depuis plusieurs semaines déjà, les patrouilles de policiers et de soldats se multiplient dans les villes.
Trump pourrait-il frapper dès ce week-end?A la Maison Blanche, des scénarios militaires sont en tout cas déjà étudiés. Selon CBS, le secrétaire à la Défense, Robert Hegseth, et le chef d'état-major des armées, Dan Caine, ont déjà informé Donald Trump des cibles potentielles, y compris terrestres. Les services de renseignement auraient aussi échangé avec les dirigeants militaires et Trump.
Selon le «New York Times», les plans d'attaque suivants existent aux Etats-Unis pour faire tomber Maduro:
Des unités militaires spéciales tentent de capturer et de tuer Nicolás Maduro.
Des unités militaires occupent des installations stratégiques comme des aérodromes et des parties de l'industrie pétrolière, un scénario qui exposerait les civils.
Des frappes aériennes ciblées sur des installations militaires liées au trafic de drogue visent à pousser Maduro à la fuite.
Les premières frappes aériennes pourraient donc avoir lieu «dans les prochains jours». En fait, une attaque américaine contre l'armée vénézuélienne, nettement plus faible, serait aisée. Mais le risque politique pour Trump reste élevé. Toujours selon CBS, le président n'aurait pas encore pris de décision concernant les attaques.
Des conséquences dévastatrices pour le Venezuela
Philipp Adorf estime qu'une guerre de grande ampleur est improbable. L'expert des Etats-Unis à l'Université de Bonn et spécialiste de Trump, estime que «Trump mise sur une combinaison de pression économique maximale, d'actions punitives ciblées et de mesures des services secrets». Selon lui, l'objectif n'est pas d'occuper le Venezuela. Trump veut plutôt diviser le régime de l'intérieur, couper les sources de financement et ébranler les loyautés. «Il s'agit d'augmenter la pression sur les plus proches de Maduro jusqu'à ce qu'ils le renversent», explique Philipp Adorf.
La chute de Maduro aurait des conséquences désastreuses pour le Venezuela. C'est ce que déclare Anja Dargatz, directrice du bureau national de la Fondation Friedrich Ebert à Caracas, dans «Der Zeit». Comme ni le gouvernement américain ni l'opposition n'ont préparé de plan pour l'après Nicolás Maduro, des groupes criminels pourraient se répandre et se battre pour le contrôle du pays.
Nicolas Maduro se met en position
Mais Nicolás Maduro se défendra. Son armée, l'une des plus importantes d'Amérique latine et la deuxième en termes de forces aériennes, compte selon ses propres indications plus de 150'000 soldats professionnels et 8 millions de réservistes. Les experts émettent toutefois des doutes: le nombre de réservistes devrait plutôt s'élever à un million avec un niveau de formation lamentable.
Nicolás Maduro devrait donc surtout miser sur les tactiques de guérilla et la menace de transformer un conflit en un incendie régional: «La meilleure arme de Maduro n'est pas l'armée, mais le potentiel d'instabilité dans le voisinage de l'Amérique», estime Philipp Adorf.
Selon lui, il ne faudrait pas grand-chose pour déstabiliser la région. «Un simple accrochage suffirait à déclencher des mouvements de fuite, une hausse des prix du pétrole et des tensions avec les soutiens de Maduro, la Chine et la Russie.»
Etant donné qu'une guerre pèserait politiquement et économiquement sur l'ensemble de l'hémisphère occidental, Philipp Adorf ne s'attend pas à ce que le conflit se prolonge. «Cela irait à l'encontre de l'agenda de Trump. Il avait en effet promis moins de guerres, moins de migration et une baisse des prix.»