Une zone russe à la frontière près de Belgorod échappe en ce moment au Kremlin. Depuis près d'une semaine, plusieurs groupes rebelles pro-ukrainiens bombardent en effet des villages, aidés de soldats russes.
Moscou réagit désormais par une attaque de grande envergure sur son propre territoire. Des avions de combat russes ont pris pour cible des villages russes, avec notamment une bombe FAB-500 de 500 kg datant de l'époque soviétique.
Dans quelle mesure ces rebelles russes sont-ils dangereux pour Poutine? Ces attaques jouent-elles en faveur du maître du Kremlin? Blick fait le point.
Quelle est la puissance réelle de ces groupes rebelles?
L'intervention de l'armée russe à l'aide de bombes signifie-t-elle que les milices anti-Poutine à Belgorod sont puissantes et nuisibles? Ulrich Schmid, expert de la Russie à l'université de Saint-Gall, relativise: «Les attaques de ces formations d'extrême droite à Belgorod et Koursk sont des échecs militaires. Les attaques ont été mal préparées et menées de manière stratégiquement maladroite. Il y a eu énormément des pertes du côté des assaillants».
Selon Ulrich Schmid, les plans des rebelles ont été anticipés par l'armée russe, car les milieux d'extrême droite russes sont traditionnellement fortement infiltrés par les services secrets russes.
Qui fournit des armes aux rebelles?
«Caesar», commandant adjoint de la Légion de la liberté de la Russie, affirme disposer de mortiers, de véhicules blindés, de missiles antiaériens et de drones. Les rebelles utiliseraient également des armes de l'OTAN comme des fusils d'assaut et des véhicules.
La majeure partie de l'équipement provient probablement des stocks de l'armée ukrainienne. On ne sait toutefois pas s'ils reçoivent les armes directement ou s'ils les ont récupérées lors de combats sur le champ de bataille.
Les rebelles sont-ils téléguidés depuis Kiev?
Il existe effectivement des liens entre les rebelles et Kiev, étroits ou plus lointains. On ne sait toutefois pas si les forces armées ukrainiennes ont formé ces rebelles, notamment à l'utilisation du système antichar portable suédo-britannique NLAW.
Après l'attaque de mardi, Andriy Yusov, porte-parole des services de renseignement militaire ukrainien, a toutefois déclaré que les volontaires russes ne recevaient aucun ordre de Kiev et qu'ils agissaient de manière «absolument autonome» sur le territoire russe.
Comment les rebelles ont-ils pu se développer à ce point?
Les récentes attaques près de Belgorod indiquent que les rebelles avaient pignon sur rue, recrutant à tour de bras. «Caesar» a ainsi déclaré que des «milliers» de candidats frappaient aux portes des centres de recrutement.
Les autorités russes minimisent toutefois l'influence de ces groupes mercenaires.
À quel point les rebelles sont-ils dangereux pour Poutine?
Selon Ulrich Schmid, les rebelles sont trop peu nombreux et pas assez bien formés pour représenter une quelconque menace pour Vladimir Poutine.
«En revanche, ils poussent la population civile russe dans les zones frontalières à croire que la guerre de Vladimir Poutine représente un danger pour eux, puisque le conflit en Ukraine se déporte progressivement vers eux».
Quels sont les plus grands groupes rebelles connus?
Légion de la liberté de la Russie: cette formation a été créée peu après le début de la guerre et se compose de déserteurs, ainsi que d'autres volontaires russes et biélorusses qui ne faisaient partie d'aucune unité auparavant. Ses effectifs sont estimés à environ 1000 hommes.
Corps des volontaires russes: cette autre formation est composée de soldats russes se battant pour l'Ukraine depuis 2014. Ils se sont regroupés en unité depuis août 2022. Leur chef est Denis Kapustin, dit Denis Nikitin, un adepte d'arts martiaux et de théories d'extrême droite. Sa formation compterait près de 200 combattants.
Bataillon sibérien: cette formation a été créé en Ukraine en 2023, à Kiev. Elle se compose principalement de minorités ethniques de Sibérie qui aspirent à l'indépendance vis-à-vis de la Russie. Ses effectifs sont estimés à environ 60 hommes. Le commandant est l'ancien officier des services secrets, Vladislav Ammosov.
D'autres formations, comme le régiment biélorusse Kalinouski et le corps de volontaires de la république tchétchène d'Itchkérie, complètent ce panel, mais ne jouent qu'un rôle secondaire.