Le Parlement argentin a infligé jeudi un nouveau revers au président ultralibéral Javier Milei, défiant sa politique d'austérité: il a en effet rejeté deux veto qu'il avait opposés à des textes sur des augmentations de financements pour l'université publique et un hôpital pédiatrique.
Ce double camouflet, qui n'est pas le premier, intervient dans un moment déjà difficile pour le chef de l'Etat. L'économie argentine reste la proie de turbulences financières, avec des marchés nerveux et une monnaie, le peso, sous pression, dans la perspective de législatives de mi-mandat le 26 octobre.
Le gouvernement du président américain Donald Trump, allié idéologique de Javier Milei, s'est dit prêt jeudi à voler une nouvelle fois au secours de l'économie argentine, la 3e d'Amérique du Sud. Le secrétaire américain au trésor Scott Bessent a souligné «l'importance de la réussite des politiques économiques du président Milei», assurant que «le trésor américain était pleinement prêt à faire le nécessaire».
Véto déjà retoqué en septembre
Il a ajouté qu'il rencontrera son homologue argentin Luis Caputo «dans les prochains jours à Washington». Avec pour objectif de faire avancer leurs «discussions concernant les modalités de soutien financier».
Le Sénat argentin, imitant la chambre des députés en septembre, a rejeté par une large majorité des veto que Javais Milei avait mis sur deux textes, invoquant l'impératif d'équilibre budgétaire: l'un sur une dotation accrue pour l'université pour rattraper en partie l'inflation depuis 2023 et augmenter les salaires; l'autre concernant le plus grand hôpital pédiatrique du pays, le Garrahan de Buenos Aires, au nom de «l'urgence pédiatrique».
«Milei ne parle jamais de santé ni d'éducation. Jamais. Il parle de risque pour le pays, de risque monétaire», a lancé lors du débat le sénateur radical (opposition de centre-droit) Martin Lousteau. A l'extérieur du Parlement, une grosse centaine de manifestants, hospitaliers, enseignants, ont salué par des cris de joie et applaudissements le vote des sénateurs, qu'ils suivaient en direct, a constaté l'AFP.
Renvoi au Parlement
Au début septembre, le Parlement avait déjà retoqué un veto présidentiel à une loi augmentant les allocations pour le handicap. L'exécutif avait été contraint de promulguer la loi, mais a utilisé une disposition qui lui permet de renvoyer le texte au Parlement, en lui demandant de trouver les financements, avant qu'elle soit exécutée.
C'est une sorte de sursis à exécution qu'il pourrait de nouveau employer pour les deux textes que le Sénat a définitivement approuvés jeudi.