Après les législatives
Même aux Pays-Bas, le rejet européen fracture l'électorat

Le Parti de la liberté du leader d'extrême-droite Geert Wilders n'a pas remporté les législatives. Mais son discours anti UE et anti Islam coupe le pays en deux. Un résumé de ce qui se passe dans toute l'Europe?
Publié: 09:17 heures
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Le PVV, le Parti de la Liberté de Geert Wilders, est en net repli à l'issue des législatives aux Pays-Bas. Mais il est au coude à coude avec les formations proeuropéennes.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Une population coupée en deux. Une extrême droite désormais enracinée et toujours aux avants postes, malgré un net recul en sièges au Parlement. Un pays fracturé sur une question centrale: l’Union européenne, ses frontières et son impact économique. Les Pays-Bas sont souvent présentés comme un laboratoire politique du continent. La tradition de coalition y demeure forte. Mais à l’issue des élections législatives de ce jeudi 30 octobre, deux évidences s’imposent: le leader de l’extrême droite Geert Wilders ne sera pas Premier ministre, mais le futur gouvernement devra gérer un pays plus divisé que jamais.

La principale surprise est venue de la percée réalisée dans les urnes par le parti centriste D66, proeuropéen. Celui-ci empocherait 26 sièges (sur les 150 de la chambre basse du Parlement), ce qui devrait permettre à son leader, Rob Jetten de prendre la tête de la prochaine coalition gouvernementale. Mais rien n’est sûr. Après des premiers sondages très défavorables, le Parti de la Liberté (PVV) du leader d’extrême droite Geert Wilders, arriverait à égalité.

Réelle défaite pour Wilders

Cela signifie, pour ce dernier, une perte de onze sièges et une réelle défaite. Mais cela conduit surtout à une situation politique difficilement tenable, dans un pays divisé entre partisans de l’Union européenne, et opposants aux politiques communautaires en matière de commerce et, surtout, d’immigration. Dix millions de votes ont été exprimés.

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La dynamique électorale est incontestablement en faveur des centristes. Le D66 a presque triplé son nombre de sièges, tandis que le parti de Wilders a subi une forte baisse par rapport à son score record lors du dernier scrutin en 2023. Sauf que le succès de D66 se fait aux dépens d’une autre formation proeuropéenne: les sociaux-démocrates, arrivés en 4e position. Leur leader, l’ancien Commissaire européen Franz Timmermans, a d’ailleurs démissionné dans la soirée.

Quelle coalition va émerger?

La question est désormais de savoir quelle coalition va émerger, vu que tous les grands partis traditionnels ont exclu de gouverner avec Wilders. Celui-ci avait fait tomber la coalition sortante dirigée par son PVV, faute d’obtenir un durcissement des politiques anti-immigration. Il espérait rafler la mise. Le résultat a été inverse pour celui qui, aux Pays-Bas, se présente comme le plus fidèle allié de Trump, du mouvement MAGA (Make America Great Again) et du président argentin Javier Milei: les élections anticipées ont mobilisé ses opposants. Leurs résultats ne lui laissent aucune voie viable vers une majorité.

Ces législatives étaient les neuvièmes depuis l’an 2000. Ce qui conduit les politologues à comparer les Pays-Bas à l’Italie du XXe siècle, en proie à la fragmentation politique, à l’instabilité gouvernementale et à la radicalisation (accompagnée, de plus en plus souvent, de violences). La campagne a porté, en plus de la question centrale de l’immigration, dans un pays de plus en plus confronté à la puissance des narco-mafias, sur la manière de stopper le succès électoral, idéologique et politique croissant de l’extrême droite.

La droite radicale demeure très puissante

Deux autres partis de droite radicale, le JA21 et le Forum pour la démocratie (FVD), se présentaient aussi devant les électeurs. Les deux formations, opposées au PVV en raison de la personnalité clivante de Geert Wilders, prônent vis-à-vis de l’UE une politique «sans tabous ni politiquement correct», accordant la priorité au contrôle des frontières, à la liberté économique, à l’ordre public et à la réduction du rôle de l’État.

Wilders, l’un des leaders populistes les plus anciens d’Europe, est connu pour ses positions anti-islamiques et vit sous protection permanente en raison de menaces de mort. Il avait précipité la chute du gouvernement, en juin, par sa proposition de rejeter toutes les demandes d’asile, ce qui serait contraire aux traités européens, de renvoyer les réfugiés ukrainiens de sexe masculin en Ukraine et de suspendre l’aide au développement afin de financer l’énergie et les soins de santé.

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