Des milliards pour le gaz
En marge des pourparlers sur l'Ukraine, Etats-Unis et Russie marchandent la paix contre du pétrole

Dans les coulisses des pourparlers sur l'Ukraine entre les Etats-Unis et la Russie, des accords pétroliers concrets auraient été négociés. Une stratégie de pouvoir qui aurait été menée sans aucun scrupule.
Publié: 15:44 heures
Partager
Écouter
1/6
Poutine et Trump se sont réunis en Alaska pour parler de la guerre en Ukraine.
Photo: IMAGO/Benjamin Applebaum/Dod
RMS_Portrait_AUTOR_332.JPG
Janine Enderli

Des accords pétroliers, des milliards pour le gaz et un jeu de pouvoir impitoyable: dans les coulisses des discussions entre les Etats-Unis et la Russie sur l'Ukraine, il n'était plus question de paix, mais de profit. 

Des sources proches du dossier ont révélé à l'agence de presse Reuters que les présidents américain et russe auraient négocié des contrats énergétiques. L'objectif était de pousser le chef du Kremlin à céder et faire des concessions de guerre. En tant qu'homme d'affaires, Trump a donc utilisé les «deals» comme levier de pression pour que Poutine change sa politique de guerre.

Le retour d'entreprises américaines?

L'un des points centraux de la discussion: le retour de l'entreprise américaine ExxonMobil en Russie. L'idée était qu'ExxonMobil réintègre le projet pétrolier et gazier russe Sakhaline-1. Comme le rapporte le «Wall Street Journal», ExxonMobil aurait également discuté avec l'entreprise Rosneft d'un éventuel accord et aurait même mis en place une feuille de route concrète pour la transaction.

Poutine aurait en outre évoqué la possibilité d'accéder à nouveau à la technologie américaine pour les projets de GNL – soit le gaz naturel liquéfié. La vente de navires brise-glace russes aurait aussi été proposée. 

Un deal à présenter

Reuters a obtenu ces informations auprès de personnes directement impliquées dans les négociations, ou bien informées de leur déroulement. «La Maison Blanche voulait absolument ressortir du sommet en Alaska avec un gros deal à annoncer. Trump pouvait ainsi avoir le sentiment d'avoir obtenu quelque chose», a indiqué l'une des sources à l'agence de presse.

Les discussions sur ces accords auraient commencé avant le sommet en Alaska. Lorsque l'envoyé spécial de Trump, Steve Witkoff, s'est rendu à Moscou, les sujets étaient déjà sur la table, soutient Reuters. Mais ces échanges ne se seraient pas déroulés sans encombres: Trump aurait menacé Poutine de lui imposer des sanctions si aucun progrès n'était réalisé dans la guerre en Ukraine.

Des échanges étroits avec Moscou

Aucune des entreprises mentionnées n'a souhaité prendre position face à Reuters. Le directeur du Fonds d'investissement direct russe, Kirill Dmitriev, s'est également abstenu de tout commentaire.

Toutefois, la Maison Blanche a fait savoir qu'elle continuait d'échanger étroitement avec Moscou et Kiev pour «mettre fin aux tueries et arrêter la guerre». Elle ne souhaite cependant pas s'exprimer sur d'autres détails.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus