5,2 milliards de tonnes de CO2 en jeu
Shell à nouveau dans le collimateur des Amis de la terre

Milieudefensie, branche néerlandaise des Amis de la terre, lance une nouvelle action en justice contre Shell. L'ONG vise à empêcher le géant pétrolier d'investir dans de nouveaux gisements de pétrole et de gaz, malgré un rejet en appel en novembre dernier.
Publié: 13.05.2025 à 18:17 heures
La branche néerlandaise des Amis de la terre, Milieudefensie, met notamment en cause les intentions d'augmentation de la production et de ventes d'énergie fossile de Shell après 2030 (archives).
Photo: HANS KLAUS TECHT
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ATS Agence télégraphique suisse

La branche néerlandaise des Amis de la terre, Milieudefensie, a entamé mardi une nouvelle action en justice contre Shell, visant à empêcher le géant pétrolier d'investir dans de nouveaux gisements de pétrole et de gaz. En novembre dernier, la justice néerlandaise avait rejeté en appel un recours de Milieudefensie et d'autres groupes de défense du climat qui estimaient que Shell ne faisait pas assez pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, annulant ainsi un jugement historique rendu trois ans auparavant.

Le tribunal avait toutefois affirmé que Shell devait apporter une «contribution appropriée» aux objectifs climatiques de l'accord de Paris, sans spécifier pour autant un pourcentage de réduction des émissions de CO2.

Les intentions d'augmentation de la production mis en cause

«La science est claire comme de l'eau de roche et il y a un élan juridique», a déclaré Sjoukje van Oosterhout, responsable de l'affaire chez Milieudefensie, lors d'une conférence de presse. «Comme nous l'avons dit à maintes reprises, ce que veut Milieudefensie ne fera pas avancer la transition énergétique», a riposté Shell, dans une déclaration envoyée à l'AFP, ajoutant que la transition requiert «une collaboration entre les gouvernements, les entreprises et les consommateurs».

Le géant pétrolier a par ailleurs affirmé être «l'un des principaux investisseurs privés dans la transition énergétique aux Pays-Bas». Dans une lettre à Shell, Milieudefensie avance que l'entreprise a «manqué à son obligation légale de diligence en vertu du droit néerlandais» en raison de ses investissements dans de nouveaux gisements de pétrole et de gaz. Milieudefensie met notamment en cause les intentions d'augmentation de la production et de ventes d'énergie fossile de Shell après 2030, confirmées en mars dernier lors du Capital Markets Day de l'entreprise.

5,2 milliards de tonnes de CO2 possibles

«Shell possède en tout ou en partie 700 gisements de pétrole et de gaz non exploités», indique Milieudefensie, citant les données et la modélisation de Rystad Energy, société indépendante de recherche énergétique. «Ces actifs, s'ils sont exploités, pourraient entraîner 5,2 milliards de tonnes (Gt) d'émissions supplémentaires de CO2 dans l'atmosphère» a poursuivi l'ONG, précisant qu'un tel chiffre représenterait 36 fois les émissions de CO2 des Pays-Bas en 2024.

Milieudefensie souhaite également que la justice ordonne à Shell de réduire ses émissions pour contribuer à la limitation du réchauffement climatique à 1,5°C après 2030. L'ONG a formé un pourvoi en cassation concernant l'affaire rejetée en novembre, mais les procédures judiciaires en cours ne couvrent que les cinq prochaines années.

Shell a de son côté indiqué se concentrer sur le développement «d'activités rentables et évolutives» sur leurs plateformes à faible émission de carbone, prévoyant d'y allouer jusqu'à 10% de leur capital d'ici 2030.

Milieudefensie a également entamé en mars une action en justice contre ING, exigeant du géant bancaire qu'il réduise de moitié ses émissions de CO2 d'ici à 2030.

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