En Suisse, l’achat d’une maison ou d’un appartement est un luxe qu’une majorité de personnes ne peuvent pas se permettre. Eh oui, ces dernières années, les prix de l’immobilier ont nettement augmenté laissant plusieurs potentiels acheteurs sur la touche. D’ailleurs, les personnes qui gagnent plutôt bien leur vie ont aujourd’hui du mal à trouver une maison à un prix abordable. Pour preuve, selon le quotidien alémanique «Handelszeitung», à peine 3% de la population suisse gagnent suffisamment pour pouvoir s’offrir un logement moyen d’une valeur de 1,1 million de francs…
Le rêve de devenir propriétaire reste donc irréalisable pour la grande majorité des Suisses. Une étude récente de la Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW) arrive d’ailleurs à cette conclusion: 80% des personnes qui souhaitent devenir propriétaires en Suisse ne peuvent pas se le permettre.
La politique s’en mêle
Trois quarts des personnes qui souhaiteraient devenir propriétaires voudraient donc que l’accès à la propriété soit rendu possible pour une population plus large. Mais comment? Pour Adrian Wenger, spécialiste dans le domaine de l’hypothèque, «un potentiel changement nécessite une certaine volonté politique.»
À la mi-mars, Le Conseil national avait approuvé par 81 voix contre 71 une motion demandant de faciliter l’achat d’une résidence principale. L’idée était de pouvoir utiliser l’intégralité de son deuxième pilier pour financer l’achat d’une propriété.
Toutefois, l’expert en hypothèque estime que la solution ne réside pas dans la facilitation du financement en permettant l’achat d’un logement avec des fonds de prévoyance. «Si davantage de personnes peuvent s’offrir une maison, les prix de l’immobilier ne feront qu’augmenter» explique-t-il avant d’ajouter que selon lui, il faudrait surtout augmenter l’offre de logements en propriété.
Construire davantage de logements en propriété
Le problème: depuis des années en Suisse, on construit beaucoup plus de logements locatifs que de maisons individuelles ou d’appartements en propriété. En effet, les immeubles d’habitation représentent une belle opportunité pour les investisseurs de placer leur argent de manière rentable. Acheter plusieurs appartements pour ensuite les louer, par exemple, vaut plus la peine financièrement que d’investir dans des maisons individuelles.
«Dans de nombreuses régions, l’offre est désormais si rare qu’il est presque impossible de trouver une propriété», peut-on lire dans le rapport Immo-Monitoring de cette année. Il faudrait donc augmenter l’offre de logements en propriété. «L’une des options pourrait être de délimiter des zones à bâtir réservées aux maisons individuelles ou aux appartements en copropriété», précise explique Adrian Wenger à Blick. Cela permettrait aux maîtres d’ouvrage privés de réaliser plus facilement leur projet. Et les communes pourraient ainsi attirer davantage de propriétaires.
Supprimer les obstacles au financement
Martin Neff, chef économiste du Groupe Raiffeisen, est également d’avis que la propriété doit être encouragée au niveau politique. «La situation est telle aujourd’hui qu’une grande partie des familles ne peuvent pas se permettre d’acquérir un logement par leurs propres moyens», note l’économiste. «Si l’on veut changer cela, c’est à la politique de jouer», poursuit-il.
La politique s’est déjà emparée de la question du financement de la propriété. La conseillère d’État uranaise Heidi Z’Graggen (PDC), souhaite que le Conseil fédéral prenne des mesures pour encourager l’achat d’un logement à usage personnel. Dans une intervention, elle a demandé que la capacité à supporter des hypothèques à l’aide de prêts ou de cautions soit simplifiée par la Confédération.
Intérêt hypothécaire trop élevé?
À travers le calcul de solvabilité, la banque s’assure que l’acheteur d’une maison peut se permettre de payer les intérêts hypothécaires mensuels. Pour une banque, une hypothèque est supportable lorsque les frais de financement ne dépassent pas un tiers du revenu. Seul hic: les banques prévoient un taux d’intérêt hypothécaire à 5%, ce qui ne correspond pas aux taux d’intérêt actuels. Actuellement, on obtient des hypothèques fixes à partir de 1,5%.
(Adaptation par Valentina San Martin)