«C’est un feu d’artifice contemporain», s’est réjoui devant la presse le directeur du MCBA Bernard Fibicher. Outre la grande exposition temporaire sur le vidéaste, le musée inaugure aussi la biennale «Jardin d’Hiver», nouvelle série d’expositions consacrées à la scène artistique contemporaine vaudoise. L’Espace Projet accueille, lui, la lauréate du Prix Gustave Buchet 2012, la plasticienne lausannoise Sandrine Pelletier.
Visible jusqu’au 12 septembre, l’exposition sur Jean Otth, né en 1940 à Lausanne et décédé en 2013, propose un survol de son œuvre, toutes techniques confondues, sur quelque 50 années de création: vidéos, peintures, peintures sur miroir et dessins. «C’est la première exposition, comme une rétrospective, depuis la mort de l’artiste», a dit la commissaire Nicole Schweizer.
L’artiste, qui a enseigné à l’Ecole cantonale des Beaux-Arts (ECAL) de 1979 à 2002, est un des pionniers de l’art vidéo. Il utilise dès la fin des années 1960 les possibilités visuelles qu’offrent les nouvelles technologies: la diapositive comme image projetée et dématérialisée, la télévision et son langage, le caractère expérimental et mouvant de la vidéo, explique la commissaire.
«Qu’il s’agisse de ses images en mouvement, de ses peintures, de ses dessins ou de ses installations, ce sont les enjeux de la représentation elle-même qui sont au cœur des recherches de l’artiste, plus que son attachement à un médium en particulier». Le corps féminin et le paysage ont une place de choix dans ses créations.
Son œuvre questionne à la fois le désir de voir et le désir de savoir. Elle joue sur la «tension dialectique entre représentation et non représentation, entre visibilité et oblitération, entre présence et absence, dans un équilibre sans cesse renégocié sur le fil mouvant qui en décrit la limite».
À l’étage supérieur du MCBA, ses responsables présentent la première édition de «Jardin d’Hiver», biennale réunissant une exposition collective de la scène vaudoise contemporaine. La commissaire Jill Gasparina – critique d’art, curatrice et enseignante à la Haute école d’art et de design (HEAD) de Genève – a choisi et invité 27 artistes de cinq espaces d’art de la région. «Ceci n’est pas un 'Best of'», a-t-elle insisté d’emblée.
Dans l’immense salle du dernier étage du musée (700 m2), cette exposition au titre énigmatique, «Comment peut-on être (du village d’à côté) persan (martien)?», invite à une déambulation scénographique très variée et colorée. «Comme un collage d’œuvres individuelles rendant compte visuellement des dynamiques qui traversent et structurent toute scène artistique, avec un côté loufoque et excentrique», a commenté la commissaire.
Les parois de la salle sont habillées d’une représentation longue de 60 m d’une vue du lac Léman de Ferdinand Hodler, sur laquelle sont accrochées des œuvres contemporaines. Ailleurs dans la salle, des tableaux, des objets suspendus, des grands panneaux, des sculptures, des installations, un cabinet de dessins. Sans ordre ni hiérarchie, chaque création semble communiquer les unes avec les autres dans un entrechoquement vivifiant. L’expo est visible jusqu’au 12 septembre.
À l’Espace Projet, Sandra Pelletier présente sa nouvelle installation «The Crystal Jaw», entièrement réalisée à partir de verre. Sa «sculpture-structure» occupe l’intégralité du volume de la salle, décor de glace constitué d’une série de panneaux formés de plaques de laboratoire altérées et désagrégées, lumineuses, claires, obscures, brumeuses ou laiteuses.
L’artiste habite entre Lausanne et Le Caire, dont elle s’est beaucoup inspirée ainsi que de Beyrouth. Son œuvre, mélancolique et nostalgique, confronte le public à un paysage dont la beauté est celle d’un lieu condamné à disparaître. Ses effets de miroir renvoient des rayons de soleil aléatoires à l’intérieur de la salle. A voir jusqu’au 29 août.
(ATS)