L'accord avec les Etats-Unis concernant les droits de douane a permis à l'industrie exportatrice suisse de souffler. Mais il implique un désavantage pour notre pays, ont rappelé quasi tous les partis mercredi lors d'un débat urgent au National.
Le ministre de l'Economie Guy Parmelin a annoncé la semaine passée que les droits de douane imposés par les Etats-Unis depuis cet été seraient abaissés de 39 à 15% avec effet rétroactif au 14 novembre. «Nous sommes très contents. Il est dans l'intérêt de notre économie de maintenir des relations stables et constructives avec notre premier marché hors de l'UE», a avancé M. Parmelin.
«15%, c'est mieux que 39%. Mais ce n'est pas une victoire», a rappelé Olivier Feller (PLR/VD). «C'est une limitation des dégâts et non une solution à long terme», a poursuivi Corina Gredig (PVL/ZH).
A quel prix?
«A quel prix achetons-nous cette diminution?», a demandé Aline Trede (Vert-e-s/BE). Les Vert-e-s se sont inquiétés de l'impact que l'investissement massif promis aurait sur la place économique suisse. Si 200 milliards de francs seront investis aux Etats-Unis, ils ne le seront pas en Suisse. «C'est une décision contre la Suisse qui aura des conséquences sur les places de travail», a ajouté la Bernoise.
Le conseiller national écologiste Raphaël Mahaim a à son tour, demandé quel prix le Conseil fédéral était prêt à payer. «Allons-nous aussi vendre le Cervin à Donald Trump?»
Guy Parmelin a ri un instant, avant de reprendre son sérieux, soulignant que les investissements sont exclusivement de la responsabilité des entreprises. «La Confédération n'investit pas.» Des investissements étaient déjà prévus avant la déclaration d'intention commune. «L'accord avec Washington est décisif pour nos entreprises et surtout pour les emplois.»
Le Centre et le PLR ont demandé que les intérêts de l'économie suisse soient pris en compte «avec la plus grande attention». La négociation de l’accord n’a pas encore commencé, a souligné M. Parmelin. «Il n'est donc pas possible de fournir des précisions sur son contenu ou des adaptations du droit national.»
L'investissement des plateformes de streaming de 4% de leur chiffre d'affaires ne fait pas partie de l'accord. Cette obligation en faveur du cinéma suisse est maintenue, a assuré le ministre. Le mandat de négociation a été soumis aux commissions de politiques extérieures, qui l'ont soutenu, et à la conférence des directeurs cantonaux.
«Caprices»
A gauche, Cédric Wermuth (PS/AG) a mis en garde contre l'arbitraire des Etats-Unis. «Nous pouvons négocier ce que nous voulons, nous devons compter avec les caprices de Washington.»
Plusieurs orateurs ont rappelé que le but premier de la Suisse doit être le renforcement de l'industrie suisse. Et M. Wermuth de souligner que la stratégie avouée des Etats-Unis est la destruction de l'unité de l'Europe.
Ainsi, «nous ne pouvons compter que sur nos voisins», a lancé l'Argovien. Mme Gredig a également soutenu cette position estimant que les Bilatérales III étaient une voie pour diminuer la pression sur la Suisse.
Le ministre de l'économie a assuré que l'accord avec les Etats-Unis n'implique pas que la politique extérieure de la Suisse se recentre sur les Etats-Unis. «Nous devons entretenir des relations fortes avec l'ensemble de nos partenaires». Et de conclure que «le Conseil fédéral ne fait pas n'importe quoi. Il n'est pas suicidaire».