À Eschenbach (SG), une enseignante ne peut pas donner cours en portant le voile. Alors qu'à Genève, une femme a été refoulée d'un restaurant à cause du bout de tissu qu'elle portait sur la tête. L’Union démocratique du centre (UDC) de Saint-Gall demande désormais une interdiction générale du voile pour toutes les enseignantes des écoles publiques.
Une telle mesure soulève une question sensible: l’Etat a-t-il le droit d’exclure un signe religieux aussi spécifique? Et si oui, cette interdiction devrait-elle alors aussi s’appliquer aux enseignants juifs portant la kippa ou aux religieuses catholiques?
Un sujet brûlant à Berne
La place de la religion dans l’espace public alimente régulièrement les débats – et occupe aussi la scène politique nationale. Certes, la Constitution fédérale stipule que «les cantons sont compétents pour régler les relations entre l’Eglise et l’Etat». Mais elle permet aussi à la Confédération et aux cantons de prendre des mesures pour assurer «la paix publique entre les membres des différentes communautés religieuses».
Comme l’a découvert Blick via la loi sur la transparence, la religion va désormais occuper une place plus importante au sein de l’Office fédéral de la justice (OFJ). Fin 2024, les services cantonaux chargés des affaires religieuses avaient demandé la création d’un organe de coordination national. La Confédération n’y a pas donné suite. Elle a préféré proposer un échange informel annuel avec les cantons – une table ronde sur les questions de foi, en réponse aux tensions croissantes dans la société.
- Financement international des lieux de culte: la Commission de la politique de sécurité (CPS) du Conseil national a chargé le Conseil fédéral d'exposer dans un rapport comment le financement étranger de lieux de prière et d'établissements d'enseignement peut être assorti de conditions. Selon la CPS, il s'agit ainsi de «garantir qu'aucune pensée extrémiste, faisant l'apologie de la violence ou contraire aux droits fondamentaux ne soit diffusée dans les maisons de prière et les établissements de formation en Suisse». L'OFJ est en train d'élaborer le rapport.
- Interdiction du financement depuis l'étranger: le conseiller national tessinois Lorenzo Quadri (UDC) a déposé juste avant Noël une motion visant à interdire les flux financiers depuis l'étranger pour les mosquées et les imams suisses. «D'autre part, les centres islamiques doivent être tenus à la transparence sur l'origine et l'utilisation de leurs fonds», précise la motion.
- Interdiction du foulard pour les enfants: la conseillère aux Etats argovienne Marianne Binder (Centre) a demandé par motion au Conseil fédéral «d'exposer dans un rapport dans quelle mesure le port du foulard pour les enfants peut être interdit dans les écoles et les jardins d'enfants». L'OFJ est en train d'élaborer un rapport à ce sujet. L'Institut de droit comparé a été chargé d'apporter des réglementations de l'étranger et des études correspondantes.
- Relations entre l'Eglise et l'Etat: en 2023, l'ancien conseiller national Roland Fischer (Vert'Libéraux) a demandé au Conseil fédéral de rédiger un rapport sur «la manière de désenchevêtrer les relations entre l'Eglise et l'Etat aux différents niveaux de l'Etat et de les fonder sur une base claire et transparente». L'OFJ veut commander une expertise externe à ce sujet.
Le débat saint-gallois sur le voile place à nouveau l’Office fédéral de la justice face à une controverse sensible en matière de religion. Un sujet de plus qui montre que la politique religieuse reste loin d’être tranchée...