«Cette image de moi me blesse»
L'enseignante voilée rejetée d'une école suisse brise le silence

L'école de la ville d'Eschenbach (SG) souhaitait engager une nouvelle enseignante musulmane. Mais de nombreux parents d'élèves se sont opposés à cette décision, avec succès. A la suite de cette polémique, l'enseignante a décidé de prendre la parole.
Publié: 14.07.2025 à 16:01 heures
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Le voile à l'école? Cette question suscite régulièrement des débats enflammés. (Image prétexte).
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Johannes Hillig

Elle voulait juste porter son voile en enseignant. Mais ce simple morceau de tissus a provoqué toute une polémique chez plusieurs parents de l'école de la ville d'Eschenbach, dans le canton de Saint-Gall. Après que ces derniers ont fait remonter leur mécontentement, le verdict est tombé: l'enseignante n'exercera pas ici.

Les parents concernés ont pris position publiquement et ont déclaré à Blick qu'ils n'étaient pas racistes. «Il y a des différences culturelles, et quand on confie son enfant à quelqu'un, on doit pouvoir faire confiance à cette personne à 100%», avait déclaré une mère.

Mais que dit l'enseignante? Après être restée silencieuse, elle donne aujourd'hui son point de vue sur la situation. Elle affirme tout d'abord être triste au journal «St. Galler Tagblatt». «C'est le seul sentiment que j'ai. J'ai fait trois ans d'études pour pouvoir travailler comme enseignante. C'était un rêve pour moi de me tenir un jour devant une salle de classe», explique-t-elle. Avant de postuler à l'école d'Eschenbach, elle avait déjà reçu d'autres réponses négatives.

«Cette image de moi me blesse»

La jeune femme ne comprend pas les réserves émises à son encontre, d'autant plus qu'elle n'a même pas pu tenter sa chance. Selon elle, certains parents l'ont présentée comme une fanatique. «Cette image de moi me blesse. Il n'est pas non plus vrai que je porte un voile qui descend jusqu'aux jambes, comme l'a apparemment affirmé une mère sans m'avoir rencontrée.»

Elle regrette aussi que la société suisse ne soit pas plus avancée sur cette question et qu'elle n'ait même pas eu droit à une discussion avec les parents. Mais surtout, elle se sent désolée pour les enfants. «Ils seront peut-être bientôt assis dans une salle de classe sans enseignant. Je ne connais personne qui cherche un poste actuellement.» La jeune enseignante n'abandonnera pas. Elle souhaite enseigner et continuera à postuler dans d'autres écoles.

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