Voici le poisson de l'année 2022
Le corégone, discret et fragile occupant de nos lacs

Le corégone a été désigné poisson de l'année 2022. Vital pour les pêcheurs professionnels, ce salmonidé est un «ambassadeur de la biodiversité», mais il est aussi menacé, écrit dimanche la Fédération suisse de pêche (FSP).
Publié: 02.01.2022 à 17:38 heures
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Dernière mise à jour: 02.01.2022 à 17:39 heures
Les bancs de corégones sont un trésor argenté des profondeurs de la plupart des lacs suisses. Mais leur environnement subit de profonds bouleversements.
Photo: Juniors Bildarchiv GmbH / Alamy

La Suisse compte 24 espèces de corégones, dont la palée du lac de Neuchâtel ou la féra du Léman (qui n'est malheureusement plus l'espèce originaire du grand lac, où elle a disparu). Beaucoup d'entre elles sont endémiques et ne se rencontrent que dans notre pays, souligne la FSP. Présents dans tous les grands lacs, ces poissons sont de «véritables champions de l'adaptation»: en fonction des conditions, ils sont capables de changer d'habitat, de nourriture, et de modifier la localisation comme la période de leur reproduction.

Ces salmonidés argentés sont très craintifs, aiment l'eau froide, vivent en bancs dans les profondeurs des lacs - et sont du coup très difficiles à photographier et à filmer. En effet, rien n'échappe à leurs grands yeux et à leurs remarquables lignes latérales, des capteurs ultra-fins qui perçoivent même les plus petits mouvements dans l'eau.

Ses conditions de vie se dégradent

Ce poisson est toutefois victime de la dégradation de ses conditions de vie. Un tiers des espèces ont déjà disparu en Suisse, dont la véritable féra du Léman, victime de la surpêche, de la pollution et d'un épisode d'épizootie et disparue du grand lac dans les années 1920 (elle a ensuite été réintroduite à partir de l'espèce neuchâteloise).

En 2019, quelque 486 tonnes de corégones ont été pêchées dans les eaux helvétiques, soit trois fois moins que dans les années 1990. Des chiffres qui «doivent nous faire réfléchir», avertit le président central de la FSP, Roberto Zanetti, cité dans un communiqué. L'oxygène en particulier est devenu trop rare dans les zones profondes et sur les secteurs de frai, en raison de l'apport excessif d'engrais et de lisier dans de nombreux lacs au cours du siècle dernier.

Dans les lacs du Plateau lucernois et argovien par exemple, les populations n'ont pu être maintenues jusqu'à nos jours que grâce à l'élevage artificiel. La reproduction naturelle est massivement réduite à long terme. La FSP met également en cause la pollution chimique et les «rives artificialisées».

(ATS/muy)

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