Ce socialiste veut des contre-mesures contre Trump
«La Suisse doit s’armer face à la menace d'une guerre douanière et développe son arsenal»

Donald Trump brandit la menace d’un nouveau coup douanier. Face à ce risque, le conseiller national socialiste David Roth appelle la Suisse à se préparer avec des contre-mesures. Son idée: redistribuer les éventuels droits de douane directement à la population.
Publié: 01.05.2025 à 14:07 heures
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Le président américain Donald Trump menace de brandir le marteau des droits de douane.
Photo: Keystone
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Ruedi Studer

Une épée de Damoclès menace la Suisse. Le président américain Donald Trump brandit la menace d’un «marteau douanier». Une taxe de 31% sur les exportations suisses vers les États-Unis a été annoncée, mais reste pour l’instant suspendue. Actuellement, 10% de droits de douane s’appliquent encore à la plupart des exportations. Pour l’aluminium et l’acier, le taux grimpe à 20%, et à 25% pour les pièces détachées automobiles.

Cette situation coûte des milliards et fragilise l’économie d’exportation du pays. La surtaxe actuelle alourdit déjà les exportations ordinaires de 3,2 milliards de francs, selon les calculs de Daniel Kalt, économiste en chef chez UBS.

Berne mise désormais sur un accord. La semaine dernière, la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter et le vice-président Guy Parmelin se sont rendus à Washington dans le but d’éviter ce coup de massue tarifaire. À l’issue des discussions, une maigre lueur d’espoir subsiste: la Suisse figure parmi un groupe de 15 pays avec lesquels les États-Unis souhaitent conclure rapidement un accord sur les droits de douane.

«Développer l'arsenal»

Une perspective que le conseiller national socialiste David Roth refuse de voir comme acquise. «Personne n’a la moindre idée si une solution pourra effectivement être trouvée avec l’administration Trump. Et même si c’était le cas, avec ce président, rien ne garantit qu’elle ne sera pas annulée dès le lendemain», juge le Lucernois. Il estime donc indispensable que «la Suisse s’arme face à la menace d’une guerre douanière et développe son arsenal».

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Les négociations peuvent échouer. Si Trump passe à l’acte, nous devons être en mesure de réagir immédiatement avec nos propres mesures
David Roth, socialiste lucernois
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En résumé: le Conseil fédéral doit rapidement établir une base légale permettant d’instaurer des droits de douane sur l’industrie et les services. «Les négociations peuvent échouer. Si Trump passe à l’acte, nous devons être en mesure de réagir immédiatement avec nos propres mesures», affirme David Roth.

Il juge également crucial que la Suisse s’aligne sur d’éventuels contre-tarifs de l’UE. «Si l’UE impose des contre-mesures aux États-Unis et pas nous, alors la Suisse deviendra une plateforme de contournement, prévient-il. L’UE n’aurait alors d’autre choix que de taxer aussi les exportations suisses. Ce serait un désastre économique pour nous.»

Redistribuer les recettes douanières

Mais des droits de douane réciproques renchériraient aussi les produits américains en Suisse. Les consommateurs devraient débourser davantage pour une Harley-Davidson ou un bourbon américain. En tenant compte des importations annuelles – environ 14 milliards de francs de biens et 49 milliards de services – une taxe de 20% représenterait près de 13 milliards de francs de coûts supplémentaires.

Des sommes qui finiraient dans les caisses de l’État, au détriment du pouvoir d’achat. David Roth veut éviter cette situation. «Toutes les recettes issues des droits de douane réciproques doivent être intégralement reversées à la population, comme pour la taxe CO2, propose-t-il. Par habitant, cela représenterait plusieurs centaines de francs, voire plus de 1000 francs selon le taux appliqué.»

La redistribution doit protéger le pouvoir d'achat

Cette redistribution pourrait passer, par exemple, par les primes d’assurance maladie. «Cela permettrait non seulement de préserver le pouvoir d’achat, mais aussi de renforcer la légitimité politique, affirme David Roth. Ainsi, on évite que les droits de douane soient perçus comme un impôt déguisé qui pénalise surtout la classe moyenne.»

Le conseiller national socialiste entend déposer une motion en ce sens lors de la session spéciale du Conseil national, prévue la semaine prochaine. «Le Canada montre la voie, conclut-il. Il ne faut pas s’incliner devant Trump, mais faire preuve de fermeté.»

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