La pilule est amère pour le président américain - le PIB se contracte de manière inattendue
L’économie américaine s’effondre sous Trump: pourquoi ça vous concerne

Baisse des actions, sondages en berne: Trump et Wall Street ne font pas bon ménage en ce début de mandat. Et mercredi, un nouveau coup dur est tombé: l’économie américaine a reculé de manière inattendue au premier trimestre. Blick répond aux questions essentielles.
Publié: 06:04 heures
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Un mois après sa victoire électorale, Donald Trump s'est rendu à Wall Street en décembre 2024.
Photo: keystone-sda.ch
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Nicola Imfeld et Michael Hotz

Le bilan boursier de Donald Trump après 100 jours est catastrophique: tous les principaux indices ont chuté et enregistré de lourdes pertes. Depuis l'investiture de Trump le 20 janvier, l'indice élargi S&P 500 a perdu jusqu'à près de 20%. Il est actuellement 7,2% en dessous de son niveau de départ. Selon CNN, 3660 milliards de dollars de valeur boursière ont été détruits depuis le début de son second mandat. Un constat d’autant plus amer qu’il s’agit du pire départ boursier pour un président américain depuis plus de 50 ans. Seul Richard Nixon avait fait pire.

Et mercredi est tombée une nouvelle alarmante: l’économie américaine a nettement ralenti et a même reculé au premier trimestre. Le produit intérieur brut (PIB) a baissé de 0,3% en rythme annualisé au cours des trois premiers mois, selon une première estimation du ministère du Commerce. Les économistes tablaient pourtant sur une croissance de 0,8%. Blick répond aux questions les plus essentielles.

Les Etats-Unis vont-ils entrer en récession?

Depuis le premier trimestre 2022 et la fin de la pandémie de Covid, le PIB américain n’a cessé de croître… enfin, jusqu'à aujourd'hui. Avant même la publication des chiffres de ce mercredi, près de 50% des experts financiers s'attendaient déjà à une récession américaine, rapporte le «Wall Street Journal». Ce chiffre devrait encore augmenter. Mais tout n’est pas si sombre: le chômage reste relativement bas, les entreprises continuent d'investir dans leurs activités et les consommateurs n'ont pas encore réduit leurs dépenses de manière significative, comme le montrent les données gouvernementales.

La prochaine récession après celle de 2020 liée au Covid n’est donc pas encore certaine, mais elle devient plus probable. Selon la règle empirique, deux trimestres consécutifs de croissance négative suffisent à définir une récession. Cela signifie que Trump et les Américains ne sont qu’à un mauvais deuxième trimestre d’une récession. Or, les prévisions pour le printemps restent, pour l’instant, positives.

Il faut aussi rappeler que c’est le National Bureau of Economic Research (NBER) qui détermine officiellement, et toujours rétroactivement, quand une récession commence ou se termine. Autrement dit, la confirmation officielle intervient souvent plusieurs mois plus tard. Difficile donc, à ce stade, de dire avec certitude si les Etats-Unis entrent vraiment en crise.

Que signifierait une récession américaine pour vous?

Si vous investissez en bourse, il faudra vous armer de patience. Ceux qui visent le long terme peuvent attendre, avec l’espoir que l’histoire se répète – car sur la durée, les marchés finissent toujours par remonter.

Mais si vous recherchez des rendements à court ou moyen terme, ou si vous avez besoin de liquidités, une récession américaine peut rapidement devenir problématique. Les marchés réagissent souvent très négativement aux chocs économiques, surtout s’ils sont inattendus. Et les Etats-Unis, première puissance économique mondiale, influencent largement l’économie globale. Une récession outre-Atlantique affecterait les prix des matières premières, les taux d’intérêt, les bénéfices des entreprises – et par ricochet toutes les bourses, y compris en Suisse.

De plus, de nombreuses entreprises suisses sont étroitement liées au marché américain: exportations, investissements, chaînes d’approvisionnement. Un repli de la demande américaine aurait des conséquences sur notre propre économie. Le franc pourrait s’apprécier davantage, ce qui compliquerait encore plus les exportations. Certes, cela rendrait les vacances aux Etats-Unis meilleur marché, mais à long terme, cela nuirait à notre économie – et donc à notre portefeuille.

Pourquoi les bourses ont-elles si mal démarré sous Trump?

Un adage bien connu en bourse dit que même les mauvaises nouvelles valent mieux que l’incertitude. Or Trump, lui, multiplie les zones d’ombre depuis son retour au pouvoir. En février et mars, il a fait chuter les marchés avec une série de nouvelles taxes douanières sur le Canada, le Mexique ou encore la Chine – pour revenir sur ses décisions parfois en quelques jours, voire quelques heures, comme ce fut le cas avec le Canada et le Mexique. Ce va-et-vient s’est poursuivi, notamment avec son «Liberation Day» proclamé le 2 avril, lors duquel il a annoncé des droits de douane de 10% sur presque tous les pays du monde – avant d’en suspendre certains pendant 90 jours.

Trump, pour sa part, rejette toute responsabilité. Sur son réseau Truth Social, il a déclaré mercredi: «C’est la bourse de Biden, pas celle de Trump.» Il affirme que les nouvelles taxes entreront bientôt en vigueur et que les entreprises «afflueront en nombre record aux Etats-Unis». Il conclut son message par: «Soyez patients.»

Et quelles conséquences pour Trump?

Sa cote de popularité semble très faible. Selon les sondages, ils oscillent entre 39% et 45%. D’après CNN, c’est le plus mauvais score pour un nouveau président américain depuis les années 1950. Et ce sont surtout les notes liées à l’économie – le thème central de sa campagne – qui chutent: en décembre, 65% des sondés croyaient en sa capacité à gérer l’économie; ils ne sont plus que 52% aujourd’hui. Une baisse spectaculaire.

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