L'engagement de la Suisse concerne l'acquisition commune d'un bouclier antimissile européen dans le cadre de l'initiative European Sky Shield. Dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine, ce système doit contribuer à combler les lacunes dans le ciel européen. L'initiative a été lancée par l'Allemagne en août 2022.
Elle a pour objectif de mieux coordonner et de regrouper les projets d'acquisition de matériel de défense aérienne en Europe afin d'obtenir des économies d'échelle, d'améliorer l'interopérabilité des systèmes et de permettre une coopération en matière d'instruction, d'entretien et de logistique.
Chaque pays peut définir dans quelle mesure il participe au projet. La Suisse pourra ainsi évaluer dans quels domaines la coopération doit être renforcée. Le DDPS cite par exemple les possibilités d'échanges d'informations pour le système de défense sol-air Patriot.
Neutralité garantie
La Suisse comme l'Autriche a pu inscrire en tant qu'Etat neutre ses réserves dans une déclaration complémentaire. «Toute participation à des conflits militaires internationaux est explicitement exclue», a assuré la conseillère fédérale Viola Amherd lors d'une conférence de presse.
La ministre suisse a précisé qu'il s'agissait d'une décision du Conseil fédéral. «Ce n'est pas une décision que le Parlement doit prendre», a-t-elle ajouté. La signature de ce document a eu lieu dans le cadre des rencontres trilatérales régulières D-A-CH entre la Suisse, l'Allemagne et l'Autriche. Les ministres de la défense allemand Boris Pistorius et autrichienne Klaudia Tanner étaient présents.
L'European Sky Shield regroupe actuellement 17 pays, dont les membres de l'OTAN suivants: Grande-Bretagne, Slovaquie, Lettonie, Hongrie, Bulgarie, Belgique, République tchèque, Finlande, Lituanie, Pays-Bas, Roumanie, Slovénie, Estonie et Norvège. En février, la Suède, pays candidat à l'adhésion à l'OTAN, et le Danemark se sont également joints au projet.
Multiplication des conflits
La Suisse veut renforcer sa coopération en matière de politique d'achat avec ses partenaires européens, a indiqué la Valaisanne. L'aggravation de la situation en Ukraine, mais aussi au Soudan, au Kosovo, au Mali, en Syrie, au Yémen et en Afghanistan rend ce rapprochement d'autant plus nécessaire, a-t-elle poursuivi.
En mars déjà, lors d'un entretien avec le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg à Bruxelles, Mme Amherd avait présenté ses souhaits concrets de renforcer la collaboration de la Suisse avec l'alliance de défense. M. Stoltenberg lui avait confirmé que l'OTAN était ouverte à cette idée.
Critiques
L'UDC a critiqué un projet «secret» qui revient à une étape de plus vers une adhésion à l'OTAN. Avec ce projet, la ministre de la défense renonce à la souveraineté de la Suisse sur son espace aérien. Rejoindre ce système de défense européen signifie entrer dans une organisation de sécurité collective qui devrait être obligatoirement soumise au vote du peuple, selon le parti.
Le groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) a aussi dénoncé cette semaine un rapprochement avec l'OTAN par «une tactique du salami» qu'il juge antidémocratique. Il s'inquiète notamment de l'échange de données sensibles qui en résultera et se demande comment le pays garantira son indépendance dans les prises de décision.
Coopération avec la France
Il y a dix jours, la Suisse a signé un autre contrat-cadre avec la France dans le domaine des images satellites. Paris fournira des données provenant de son système de reconnaissance spatiale CSO (Composante Spatiale Optique). Le Département fédéral de la défense avait déjà précisé explicitement que cette coopération respecte le droit de la neutralité.
(ATS)