On l'appelle le «sauveur de San Bernardino»: le millionnaire tessinois Stefano Artioli a l'ambition de transformer ce paisible village grison, niché le long de la célèbre route du col, en une destination touristique dynamique. Pour y parvenir, il prévoit un investissement de 300 millions de francs dans le cadre du projet «San Bernardino Swiss Alps». Jusqu’ici, aucun effort n’a été ménagé. Et en coulisses, les choses s’accélèrent…
Absence de motifs de licenciement
Fin mars, plus d'une demi-douzaine de collaborateurs – cadres et autres employés – de la société San Bernardino Mountain Leisure AG ont été licenciés. Il s'agit de la société de gestion opérationnelle pour les projets d'hébergement à San Bernardino. C'est l'une des quatre entreprises qui, sous l'égide de la société immobilière de Stefano Artioli, Artisa Group, doit insuffler une vie touristique au village grison.
Pourquoi ces licenciements? Face à Blick, les personnes concernées se montrent très réservées, évoquent l'absence de motif de licenciement et renvoient au service de presse. Celui-ci est dirigé par Niccolò Meroni, qui est également responsable du marketing au sein du groupe Artisa. L'agence zurichoise Schmid, Pelli & Partner, auparavant responsable de la commercialisation, a été remerciée fin février 2025.
Niccolò Meroni confirme les licenciements. Selon lui, cette décision serait «liée à l'évolution naturelle de l'entreprise». Il ajoute que, dans une phase de croissance et de consolidation, ce type de mesures concernant le personnel n’a rien d’inhabituel.
Se concentrer davantage sur les logements lucratifs?
Une réorientation serait en cours. Celle-ci pourrait mettre moins l'accent sur le secteur de l'hôtellerie et davantage sur le secteur lucratif des appartements. L'hôtel Albarella en est un exemple. Le projet initial prévoyait un hôtel de 63 chambres, accompagné de quelques appartements locatifs. Mais selon le «Corriere del Ticino», il est désormais question de la Residenza Albarella, composée de 44 appartements, dont 38 gérés par l'hôtel et six destinés à un usage en résidence secondaire.
L’ouverture d’une nouvelle salle de spectacle le 14 juin témoigne également d’une volonté de se recentrer sur des segments plus lucratifs. Selon Niccolò Meroni, celle-ci dispose de 600 places et doit être utilisée pour des manifestations musicales, des représentations théâtrales, des événements gastronomiques et des réunions d'entreprise. Rien de tout cela ne figurait dans le concept initial.
L'objectif, à la base, était que San Bernardino devienne une destination familiale et bon marché, durant toute l'année. La devise était «petit mais raffiné», d'où le surnom «Little Andermatt». De nombreuses familles préfèrent toutefois les hôtels aux appartements. Elles ne veulent pas cuisiner elles-mêmes, apprécient le service de nettoyage quotidien ou les équipements adaptés aux enfants.
Jusqu'à 500 millions de francs d'investissement
Mais Niccolò Meroni insiste: San Bernardino s'en tient à la stratégie adoptée, qui associe étroitement développement touristique et développement immobilier. «Sans tourisme, il n'y a pas de marché immobilier durable et sans développement immobilier, il n'y a pas d'infrastructure nécessaire à la relance de la destination alpine.»
Le développement touristique comprend également la poursuite de l'extension du domaine skiable. Or, on ne trouve toujours que peu d'informations concrètes à ce sujet sur le site web actuel de San Bernardino Swiss Alps. Les détails du projet ont déjà été modifiés plusieurs fois sur le site. Néanmoins, le projet devrait aller de l'avant. Niccolò Meroni parle d'un montant total des investissements qui «se situe toujours entre 400 et 500 millions de francs».
Au vu de l'importance des investissements, San Bernardino est condamné à réussir, alors que la saison d'hiver aurait été plutôt faible après Noël. Mais Niccolò Meroni voit les choses différemment. Selon lui, la fréquentation hivernale a été «excellente» malgré les mauvaises conditions d'enneigement. Il ne donne pas d'indications plus précises. La demande pour la saison d'été à venir serait, quant à elle, prometteuse.