Un revirement provisoire
Martin Pfister veut commander moins d'avions F-35 que prévu

Surprise! Le ministre de la Défense Martin Pfister veut acquérir 30 avions américains F-35 au lieu des 36 prévus, afin de respecter le crédit de six milliards validé par les citoyens. Dix avions militaires supplémentaires devraient néanmoins être achetés ultérieurement.
Publié: il y a 49 minutes
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Dernière mise à jour: il y a 11 minutes
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La Suisse doit revoir ses plans pour l'acquisition des F-35.
Photo: Keystone
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Andreas Schmid et Raphael Rauch

La ministre de la Défense Martin Pfister l’a répété à plusieurs reprises cet été il respectera la décision populaire. Autrement dit, l’achat de 36 avions F-35 américains ne devra pas dépasser les six milliards de francs validés de justesse par les votants en 2020.

Lorsque Washington a réclamé un surcoût compris entre 750 millions et 1,3 milliard de francs pour cette même flotte, contestant par la même occasion l’existence d’un prix fixe convenu avec Berne, le chef du Département de la défense (DDPS) a dû réévaluer ses options. Ce que sa prédécesseure Viola Amherd, 63 ans (Centre), présentait comme intangible – 36 avions pour six milliards – a soudainement viré à l'incertitude la plus totale.

Ces derniers mois, un groupe d’experts mandaté par Martin Pfister a donc élaboré une stratégie adaptée à cette nouvelle donne. Le tout dans un contexte rendu encore plus tendu par l’escalade du conflit douanier avec les Etats-Unis et par les exigences de Donald Trump vis-à-vis de la Suisse.

Réduire la commande

Selon les informations de Blick, Martin Pfister propose désormais de revoir la commande à la baisse: au lieu des 36 appareils prévus, il souhaite en acheter d’abord 30. Plusieurs sources indépendantes au sein de l’administration fédérale confirment qu’il veut soumettre cette option au Conseil fédéral afin de rester sous le plafond budgétaire de six milliards. Le gouvernement tranchera prochainement sur la suite de l’acquisition.

Une baisse temporaire

Le retrait de six avions ne serait toutefois que provisoire. La stratégie du ministre prévoit en effet qu’à moyen terme, l’armée puisse commander dix F-35 supplémentaires. C’est ce qu’affirment de manière concordante les mêmes sources.

Une telle commande ultérieure pourrait également favoriser les relations bilatérales avec Washington. Interrogé sur un éventuel échange à ce sujet lors la récente rencontre entre Martin Pfister et la nouvelle ambassadrice américaine à Berne, Callista Gingrich, le porte-parole du DDPS Renato Kalbermatten répond: « Nous ne commentons pas le contenu de l’entretien.» Il ne se prononce pas non plus sur l’hypothèse d’un renoncement temporaire aux six appareils initialement prévus.

Un calcul temporaire

Moins de jets pour finalement en obtenir davantage : la manœuvre de Martin Pfister pourrait s’avérer habile. Elle lui permettrait d’éviter l’opposition de la gauche, opposée d'office à toute demande de crédit supplémentaire dépassant le cadre fixé par les urnes. Et elle rassurerait les milieux bourgeois ainsi que les experts militaires, favorables à un renforcement de la défense aérienne.

L’armée, de son côté, souligne les faiblesses actuelles. Dans un document interne consulté par Blick, elle estime ne pouvoir «apporter qu’une contribution très limitée à l’effet de dissuasion» et ne serait «que très partiellement en mesure de repousser une attaque militaire d’ampleur».

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