Des semaines de douleur
Un hôpital et un pédiatre renvoient un garçon atteint de la maladie de Lyme à la maison

Fabio, 10 ans, a souffert de maux de tête pendant des semaines. Sa mère l'a emmené chez le pédiatre et à l'hôpital… pour être tout simplement renvoyé à la maison. Il s'avère que le garçon souffre d'une méningite.
Publié: 11:30 heures
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Dernière mise à jour: 11:37 heures
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Denise Schmid (33 ans) et son fils Fabio (10 ans) ont vécu une véritable errance médicale.
Photo: STEFAN BOHRER
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Helena Graf

Pendant que ses amis sont partis en camp d'été ou barbotent à la piscine, Fabio, 10 ans, est assis chez lui à Niederwangen, dans le canton de Berne. Un maigre tuyau est enfoncé dans son bras, des antibiotiques sont distillés dans ses veines pendant 40 minutes. Son diagnostic? Une méningite.

«Au moins, nous savons enfin ce qui lui arrive», déclare sa mère Denise Schmid. Pendant des semaines, son fils a pleuré de douleur. «Mais personne ne l'a pris au sérieux.» Début juin, ce jeune garçon, d'habitude si actif, s'est soudainement affaibli. Des maux de tête l'empêchaient de dormir.

Au bout d'une semaine et demie, sa mère l'a emmené aux urgences pédiatriques de l'hôpital de l'Ile, à Berne. «Le médecin nous a seulement demandé pourquoi nous n'étions pas allés d'abord chez le pédiatre», se souvient-elle. Aucune analyse de sang n'a été effectuée. Malgré l'insistance de la mère. Ils ont été renvoyés chez eux.

Un œil gonflé

Denise Schmid et son fils se sont donc rendus chez le pédiatre qui a finalement fait une prise de sang à Fabio. Les valeurs d'inflammation étaient alors élevées et les douleurs toujours vives. Probablement une infection, dit-on.

«
Je me suis sentie impuissante, abandonnée. Mais j'avais surtout très peur pour mon fils
Denise Schmid, mère de Fabio
»

Lorsque des anneaux rouges sont apparus sur la peau de Fabio, le médecin a finalement prescrit des antibiotiques. Pendant un court moment, Fabio a semblé aller mieux, suffisamment pour partir en colonie de vacances. Mais son état s'est encore aggravé. Aucun antidouleur n'était plus efficace, et Denise Schmid a dû aller chercher son enfant. «Son œil droit était beaucoup plus petit et enflé», raconte-t-elle.

Retour donc au cabinet du pédiatre. Rebelote: on renvoie l'enfant et sa mère chez eux, sans diagnostic précis. Mais cette dernière en est convaincue: quelque chose ne va pas: «Je me suis sentie impuissante, abandonnée. Mais j'avais surtout très peur pour mon fils.»

Et enfin, le diagnostic tombe

Le lendemain matin, c'est tout la moitié de son visage qui était gonflée. Le pédiatre l'envoie directement à l'Hôpital de l'Ile et, cette fois, Fabio est examiné comme il se doit, avec prélèvements sanguins et IRM. Finalement, le diagnostic réel tombe: c'est une neuroborréliose, une forme neurologique de la maladie de Lyme, transmise par une piqûre de tique. Fabio est resté une semaine dans le service de pédiatrie, il ne pouvait pas parler, à peine marcher et même la lumière lui faisait mal. «Je l'ai poussé en fauteuil roulant à l'extérieur, mais le soleil lui brûlait les yeux», raconte sa mère.

Depuis vendredi dernier, Fabio est de retour à la maison. Le service de soins à domicile pour enfants lui administre quotidiennement sa perfusion. Les médecins ne savent pas encore quand il pourra à nouveau jouer au football avec ses amis. Mais quoi qu'il en soit, Denise Schmid a perdu la confiance qu'elle avait pour les médecins. «S'ils avaient été plus attentifs, il n'aurait pas eu à subir tout cela. Je ne retournerai plus jamais chez ce pédiatre!»

Blick a confronté le cabinet du pédiatre à ces reproches, sans obtenir de réponse. De son côté, l'Hôpital de l'Ile à Berne déclare comprendre l'inquiétude et le stress de la famille. «L'appréciation des parents est précieuse pour nous et est prise en compte dans l'évaluation médicale», fait savoir le service de presse.

Néanmoins, il aurait été judicieux d'envisager la possibilité de cette maladie lorsque Fabio s'est présenté pour la première fois aux urgences. En effet, les symptômes précoces sont typiques d'une borréliose et un examen clinique ne permet généralement pas de détecter la maladie à ce stade. 

«J'avais peur que mon fils meure à la maison!»

L'histoire de Fabio n'est pas un cas isolé. Anduena Rusiti s'était rendue à l'hôpital de Lucerne avec ses jumeaux âgés d'à peine un an, car tous deux avaient une forte fièvre et toussaient. Les médecins n'ont d'abord admis qu'un seul des deux. L'autre, Nelian, a été renvoyé à la maison, où son état s'est aggravé. Ce n'est que le lendemain qu'il a été admis à son tour. Mais il était trop tard et le bébé est décédé peu après. Anduena Rusiti avait raconté à Blick qu'elle avait «été rejetée comme une mère hystérique».

A l'automne dernier, l'hôpital cantonal de Saint-Gall avait renvoyé deux fois le petit Andrej, âgé de quatre ans, alors que le garçon souffrait d'une pneumonie. Sa mère était désespérée. «J'avais peur que mon fils meure à la maison!» Le pédiatre a finalement posé le bon diagnostic et Andrej s'est rétabli. De son côté, Denise Schmid espère elle aussi que Fabio aura bientôt surmonté sa maladie. Elle est confiante: «Je crois vraiment qu'il va y arriver!»

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