Un maître du noir et blanc
Le photographe franco-brésilien Sebastião Salgado est mort à 81 ans

Le photographe franco-brésilien Sebastião Salgado est mort à 81 ans, a annoncé vendredi l'Académie des Beaux-Arts française, dont il était membre. Il était connu pour ses grands photos en noir et blanc de conflits ou de la forêt amazonienne.
Publié: 17:40 heures
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Dernière mise à jour: 21:14 heures
Sebastiao Salgado devant l'une de ses œuvres lors d'une exposition à Lausanne en 2013. (Image d'archive)
Photo: CHRISTIAN BRUN
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ATS Agence télégraphique suisse

Grand témoin de la condition humaine et de l'état de la planète, le photographe franco-brésilien Sebastião Salgado, connu pour ses grandes photos en noir et blanc de peuples défavorisés et de la forêt amazonienne, est mort vendredi à 81 ans à Paris. L'Académie des Beaux-Arts française, dont le photographe était membre depuis 2016, a annoncé son décès.

«Photographe parcourant le monde sans arrêt, il a contracté une forme particulière de malaria en 2010, en Indonésie, dans le cadre de son projet Genesis. Quinze ans plus tard, les complications de cette maladie se sont transformées en une leucémie sévère, qui a eu raison de lui», a précisé sa famille dans un communiqué transmis à l'AFP. «À travers l'objectif de son appareil, Sebastião s'est battu sans relâche pour un monde plus juste, plus humain et plus écologique», a-t-elle ajouté.

De Brasilia, le président brésilien Lula a rendu hommage à son compatriote, «notre compagnon Sebastião Salgado, si ce n'est le plus grand, l'un des plus grands et meilleurs photographes que le monde ait connus». Sebastião Salgado devait inaugurer samedi à Reims (nord-est de la France) une exposition de dessins de son fils Rodrigo, 45 ans, porteur de trisomie 21, à l'église du Sacré-Coeur, pour laquelle une douzaine de vitraux ont été réalisés à partir de ses oeuvres, a précisé à l'AFP l'agence chargée d'en assurer la promotion.

Noir et blanc iconique

Sebastião Salgado laisse un héritage unique en images de ses centaines de voyages à travers la forêt amazonienne mais aussi à travers la planète, du Rwanda à l'Indonésie, du Guatemala au Bangladesh, capturant avec son objectif des tragédies humaines comme la famine, les guerres ou les exodes massifs. Il concevait la photographie comme «un langage puissant pour tenter d'établir de meilleurs rapports entre les hommes et la nature», rappelle l'Académie des Beaux-Arts française dans sa biographie.

Il travaillait presque exclusivement en noir et blanc, qu'il considérait à la fois comme une interprétation de la réalité et une manière de traduire la dignité irréductible de l'humanité. Né le 8 février 1944 à Aimorés, dans le Minas Gerais au Brésil, économiste de formation, il s'était exilé en France en 1969 pour fuir la dictature militaire avec sa future épouse, Lelia Wanick, avec qui il a eu deux fils.

Il avait débuté sa carrière de photographe professionnel en autodidacte en 1973 à Paris, intégrant tour à tour les agences Sygma, Gamma et Magnum jusqu'en 1994. Il avait alors fondé avec son épouse une agence exclusivement dédiée à son travail, Amazonas images, devenue leur studio.

La photographie «est un mode de vie»

Ses photos ont été publiées dans la presse internationale et dans des magazines comme Life ou Time, et ont fait l'objet d'innombrables livres et expositions dans les musées. Dans le cadre de l'année France-Brésil, une rétrospective de 170 photos emblématiques du photographe se tient jusqu'à début juin à Deauville, en Normandie.

La photographie «est un mode de vie, c'est mon idéologie», confiait-il à l'AFP en 2022, à Sao Paulo, durant la présentation de son exposition «Amazonie», fruit de sept ans de travail dans la plus grande forêt tropicale de la planète. Au printemps de la même année, il présentait «Aqua Mater» au coeur du quartier d'affaires de la Défense à Paris, un travail sur l'eau et son importance pour le vivant.

Il disait alors que ses photo représentaient «l'essence de la vie, l'eau qui naît des forêts (...). Elles racontent l'histoire de l'eau en abondance et celle dont manquent ceux qui vivent dans des camps de réfugiés, dans le désert», ajoutait-il, appelant à cesser «notre destruction massive de la planète au profit d'un équilibre» qu'il refusait de considérer comme illusoire.

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