C'était dimanche au Stade de Suisse: en ne laissant aucune chance à Saint-Gall (4-1), Lugano remportait sa 8e Coupe de Suisse de football. Dans les tribunes, un invité de marque: Ignazio Cassis. Le président de la Confédération a plaisanté avec la télévision tessinoise RSI avant la rencontre, qui relevait qu'il avait de la chance, n'ayant eu que quelques kilomètres à faire depuis le Palais fédéral. «Désolé de vous décevoir, mais je suis venu depuis Lugano», a plaisanté le ministre PLR.
Quelques secondes plus tard, Ignazio Cassis a été pris en défaut par le journaliste tessinois, lorsque celui-ci a demandé au politicien l'identité du... capitaine du FC Lugano. «Mattia Croci-Torti», a répondu du tac-au-tac le ministre des Affaires étrangères. Faux: il s'agit de l'entraîneur. Après de nouvelles tentatives laborieuses, la bonne réponse (Julien Sabatini) a été donnée à Ignazio Cassis.
Le président de la Confédération a pu faire la rencontre de l'Uruguayen de 34 ans dont il ne connaissait pas l'existence: c'est à Julien Sabatini qu'il a remis le trophée. Ignazio Cassis a également distribué les médailles à tous les acteurs de cette finale marquée par le courage du président saint-gallois, Matthias Hüppi, qui a évité que les ultras de son club n'envahissent la pelouse pour gâcher la fête.
«Sur la barrière, ça a coincé»
Un détail a retenu l'attention de beaucoup de téléspectateurs attentifs: le (bout de) doigt manquant d'Ignazio Cassis. Le Tessinois n'a en effet plus d'auriculaire à la main droite. À en croire Google Trends, qui répertorie toutes les recherches effectuées sur le géant californien, cette spécificité physique interroge les Suisses — un pic est constaté à chaque apparition médiatique du ministre des Affaires étrangères.
Le principal intéressé avait levé le mystère dans Blick peu avant son accession à l'Exécutif, il y a cinq ans: il a perdu son doigt lors d'un accident survenu durant son enfance, lorsqu'il a voulu sauter par-dessus une clôture avec des barbelés. «J'avais 13 ans et je l'avais fait de nombreuses fois par le passé, mais ce jour-là, ça a coincé», nous avait expliqué le Tessinois en 2017. Les médecins n'avaient pas pu éviter l'amputation au petit Ignazio, devenu lui-même médecin cantonal par la suite.
«Un auriculaire plus court paraît banal aujourd'hui, mais je l'ai très mal vécu autrefois», se souvient Ignazio Cassis. Le Tessinois, qui était encore de nationalité italienne à l'époque (né à Sessa de parents italiens, il a été naturalisé à l'âge de 15 ans), avait dû abandonner ses deux hobbies de l'époque, le piano et le lancer du poids. Il s'est rabattu par la suite sur la trompette, notamment durant son parcours militaire, et la course à pied.
Un épisode formateur
Dans nos colonnes alémaniques, Ignazio Cassis avouait que cet épisode avait été très formateur pour lui: «Mon père m'a certes amené à l'hôpital pour que je me fasse amputer, mais il est parti avant que l'opération ne commence. Deux à trois heures dans une salle d'attente à 13 ans, c'est déjà dur. Mais sans mes parents...»
Rétrospectivement, le Tessinois estime que cette éducation «à la dure» l'a fait grandir. «Je savais que mes parents étaient là pour moi, mais seulement en dernier recours», explique-t-il. L'homme de 61 ans aujourd'hui a ainsi appris à se débrouiller seul et à «trouver des forces en lui-même».