Karin Keller-Sutter a imposé son tarif: la présidente de la Confédération et ministre des Finances, secondée par la Banque nationale et l'autorité de surveillance financière (Finma), a décidé de renforcer au maximum les exigences en matière de capital pour la dernière grande banque suisse. Pour ses filiales à l'étranger, UBS devra à l'avenir déposer 100% de son capital dans la maison mère. Avec d'autres mesures de stabilité bancaire, cela pourrait coûter à la banque jusqu'à 26 milliards de dollars.
Du point de vue du géant bancaire, la catastrophe tant redoutée s'est donc produite. Au cours des dernières semaines et des derniers mois, le CEO Sergio Ermotti n'a cessé de mettre en garde contre les exigences maximales à chaque occasion qui se présentait, craignant pour la compétitivité de sa banque et de la place financière suisse en général.
Deux cadeaux pour UBS
Ces mesures vont coûter cher à UBS, car la banque devrait donc renoncer à une partie de ses distributions de bénéfices et de ses rachats d'actions pour constituer son capital. Si l'on considère les milliards de bonus versés par Credit Suisse au cours de ses dernières années d'existence, cela prouve qu'il reste de l'argent à investir dans la constitution de la couverture de capital.
Il lui reste néanmoins deux avantages: le projet de la ministre des Finances est soumis au Parlement. Cela donne à la banque au moins deux ans pour traiter avec les parlementaires. Et plus important encore: à partir d'aujourd'hui, la banque dispose d'environ dix ans pour se conformer aux nouvelles exigences en matière de capital.
Et il ne faudrait pas sous-estimer la valeur de ce deuxième cadeau. Les investisseurs l'ont bien compris puisqu'ils ont déjà mis la main à la poche et ont permis à l'action UBS d'augmenter de près de 4%. Ce que les investisseurs apprécient également? La réduction de l'incertitude bien sûr, même si cela va certes coûter cher à UBS.
Aussi fiable qu'une montre suisse
Grâce à la fermeté de la Confédération, les risques seront réduits. En effet, les mesures proposées augmentent les chances qu'UBS survive à une prochaine crise financière de telle sorte que la Confédération ne doive pas, encore une fois, voler au secours d'une grande banque.
Elle constatera alors que plus de sécurité pour le contribuable signifie aussi plus de sécurité pour les clients de la banque. Et que ces derniers seront peut-être même prêts à payer un peu plus pour placer leur argent auprès d'une banque disposant de la couverture de capital la plus épaisse au monde.
Nous pouvons être fiers non seulement de notre place financière renforcée, mais aussi de notre politique. Celle-ci est aussi stable et prévisible qu'une montre suisse. Les leçons à tirer de la chute du Credit Suisse ont été retenues. Cette prévisibilité politique unique en son genre est une grande valeur et les riches clients du monde entier devraient l'apprécier. Après tout, c'est aussi pour cette raison que beaucoup d'argent continue d'affluer en Suisse.