Il y a quelques semaines encore, les tableaux de la bourse étaient parsemés de rouge. La guerre douanière mondiale amorcée par Donald Trump avait provoqué des cauchemars aux investisseurs. Entretemps, le marché s'est rétabli petit à petit. Mais certains tirent un peu plus leur épingle du jeu: après une hausse de 41% depuis le début de l'année, les titres de la banque en ligne Swissquote se situent actuellement à 490 francs, leur plus haut niveau historique.
L'un des moteurs de cette hausse des cours n'est rien de moins que la volatilité du marché. Lorsque les bourses s'effondrent, les clients de Swissquote ne se démontent pas et continuent de faire du trading. Une stratégie risquée mais qui semble pour l'heure être payante. L'intérêt des investisseurs pour les cryptomonnaies est un autre pilier important du succès de Swissquote, qui a élargi son offre dans ce domaine ces dernières années.
La banque en ligne est de plus en plus perçue comme un crypto-proxy, écrit la Banque cantonale de Bâle (BKB) dans un commentaire fin mai. Même si la corrélation statistique entre l'action Swissquote et le bitcoin n'est que faiblement marquée, on observe depuis cinq ans un net parallélisme entre les deux évolutions de cours. «Swissquote est en excellente voie tant sur le plan stratégique qu'opérationnel. Elle dispose d'une large offre et est très bien gérée», poursuit la BKB.
Cependant, la BKB affiche une confiance nettement supérieure à celle de la majorité des analystes. Par ailleurs, une nouvelle recommandation de vente a été émise en mai – la première depuis plusieurs mois sans notation «vendre» pour Swissquote. A l’inverse, l’évolution de la société immobilière Plazza se distingue: son action a progressé de 13% depuis le début de l’année, atteignant un sommet historique de 385 francs à la fin mai.
Plazza au sommet grâce au logement
En réalité, l'entreprise immobilière avait déjà progressivement développé son portefeuille immobilier au cours des années précédentes. En 2020, la valeur de marché de ce portefeuille s'élevait à 733 millions de francs, et elle est passée à 1,1 milliard de francs en 2024. Plazza se concentre sur les immeubles d'habitation, qui représentent 81% du portefeuille.
Parmi les sociétés immobilières cotées, c'est l'une des proportions les plus élevées, ce qui rend le titre moins sensible aux fluctuations conjoncturelles. La part élevée d'immeubles d'habitation est également un avantage sur un marché immobilier suisse caractérisé par un manque de logements disponibles à proximité des centres urbains.
De plus, les investissements se sont poursuivis. Dans l'immeuble Plazza nouvellement construit à Crissier, dans le canton de Vaud, quasiment tous les appartements sont déjà loués. Plazza indique que les revenus de Crissier sont la raison principale de l'augmentation de 23% des revenus immobiliers en 2024. On peut y voir un signe positif pour l'année en cours: en 2025, l'immeuble de la commune vaudoise devrait pour la première fois générer des revenus toute l'année. Fin mai, on a en outre appris que Plazza allait reprendre le site Schönbächler à Affoltern am Albis, dans le canton de Zurich, élargissant ainsi son portefeuille de logements dans le canton de Zurich.
Aryzta reprend son souffle
Les actions d'Aryzta, une société zurichoise du secteur agroalimentaire spécialisée dans la fabrication de produits de boulangerie surgelés, ont aussi remonté la pente. Elles ont grimpé à 85,70 francs dans le courant de la journée de vendredi dernier – leur plus haut niveau depuis octobre 2018. Une remontada qui les place néanmoins encore loin des sommets de plus de 700 francs atteints en 2014.
L'entreprise a toutefois posé quelques jalons au cours des derniers mois. Au début de l'année, Michael Schai a repris le poste de CEO qu'Urs Jordi, président du conseil d'administration, occupait jusqu'alors par intérim. Sous la direction de ce dernier, le déclin d'Aryzta avait dû être compensé en bourse. La nomination de Schai au poste de CEO a donc été chaleureusement accueillie.
Début mai, la direction a annoncé que les objectifs à moyen terme avaient été atteints un an plus tôt que prévu. Désormais, l'objectif est de réaliser une marge EBITDA de plus de 15% et une marge EBIT de plus de 9%. Pour ce faire, le groupe veut poursuivre sa croissance et miser davantage sur l'innovation et le haut de gamme.
UBS a réagi positivement à ces nouvelles en attribuant une recommandation d’achat («Buy») et en relevant son objectif de cours de 84 à 94 francs. Comme l’explique notamment l’analyste en charge du dossier, l’écart de prix entre les produits standard et premium devrait se situer entre 25% et 35%. Les consommateurs étant prêts à payer davantage pour une qualité supérieure, cela soutient les marges de l’entreprise.
Implenia à nouveau sur les rails
Ces derniers temps, les actions du groupe de construction Implenia ont également nettement progressé. Fin mai, elles ont à nouveau franchi la barre des 50 francs pour la première fois depuis l'automne 2018. Après un creux ayant fait chuter l’action à 48,30 francs, les investisseurs sont revenus en force en début de semaine, prolongeant ainsi la reprise du titre. L’annonce d’un contrat de 200 millions d’euros avec la Deutsche Bahn, la compagnie ferroviaire nationale allemande, a donné un nouvel élan à l’action. Implenia a en effet été mandatée pour construire un tronçon du RER à Francfort.
La dynamique positive avait déjà toutefois commencé au tournant de l'année 2024/25. Depuis, l'action a progressé de 57% et a nettement distancé le marché global. L'évolution boursière est soutenue par des résultats visiblement meilleurs. Le bénéfice d'exploitation (EBIT) est passé à 130,5 millions de francs pour l'exercice 2024 (122,6 millions de francs en 2023) et devrait s'améliorer pour atteindre environ 140 millions de francs en 2025. L'objectif à moyen terme est une marge EBIT de plus de 4,5% (2024: 3,7%).
Même si les incertitudes auxquelles sont typiquement exposées les valeurs cycliques ne sont pas sous-estimées, une évolution positive est réaliste. La croissance démographique, l'augmentation des investissements dans les infrastructures et la reprise des marchés finaux devraient être bénéfiques aux activités du groupe de construction. Ainsi, les experts sont également devenus plus optimistes: l'analyste compétent d'UBS fixe l'objectif de cours à 60 francs et le souligne par une recommandation d'achat. Selon lui, les investisseurs peuvent donc espérer un gain de cours supplémentaire d'environ 20%.
Dormakaba amorce son ascension
L’entreprise Dormakaba, spécialisée dans les systèmes de sécurité, a également retrouvé son cap. Le cours de son action a grimpé de 140% depuis novembre 2022, passant de 303 à 730 francs. Fin mai, elle a même atteint un sommet de six ans à 745 francs.
Une progression loin d’être surprenante: en janvier, l’analyste principal de la banque privée Berenberg avait classé Dormakaba parmi ses Top Picks pour 2025, avec une recommandation d’achat et un objectif de cours fixé à 813 francs. Depuis, cet expert a révisé ses prévisions à la hausse, voyant désormais l’action atteindre 862 francs. Selon lui, la transformation de l’entreprise est en plein essor. Sous la direction du CEO Till Reuter et de son équipe, le groupe progresse rapidement, avec un rythme qui semble s'accélérer de plus en plus.
Le consensus se situe à 667 francs, ce qui est moins que la valeur actuelle et indique donc une baisse des cotations. Les experts justifient leur réserve entre autres par les défis qui subsistent et les coûts de restructuration supplémentaires. Les ratings «Hold» prédominent – c'est-à-dire que des achats supplémentaires ne sont pas forcément indiqués. Mais ceux qui ont déjà Dormakaba dans leur portefeuille ne doivent pas vendre.