Vers une interdiction
La Suisse veut protéger les plus petits des PFAS dans les jouets

Le Conseil fédéral soutient une motion incitant la Suisse à suivre le mouvement de l'Union européenne, laquelle a promis d'interdire les polluants éternels dans les jouets, afin de protéger les enfants.
Publié: 14:36 heures
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PFAS et perturbateurs endocriniens sont présents dans certains jouets pour le bain ou anneaux de dentition.
Photo: shutterstock
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

L'idée que des polluants éternels et autres perturbateurs endocriniens se cachent dans les anneaux de dentition destinés aux bébés est terrifiante. Suffisamment terrifiante pour justifier, peu à peu, des mesures de protection concrètes de la part des gouvernements. 

L'Union européenne a décidé d'agir ce printemps déjà, promettant d'interdire les PFAS dans les jouets d'ici à 2030. Le Parlement européen, les Etats membres et la Commission se sont effectivement accordés sur une nouvelle proposition de règlement, au mois d'avril 2025, défendant la vente des jouets contenant certaines substances nocives, dont le bisphénol A et les PFAS.

Les femmes enceintes et les enfants en pleine croissance sont effectivement très vulnérables face aux impacts potentiels de ces innombrables molécules, qui peuvent se mélanger au quotidien pour former des cocktails chimiques complexes, potentiellement cancérigènes, dont l'effet isolé est difficile à étudier. 

«Ces substances peuvent se trouver par exemple dans des jouets pour le bain, des jeux de plage ou des anneaux de dentition, et pénétrer dans l’organisme des enfants par contact avec la bouche, avec la peau ou par les voies respiratoires», avait notamment précisé l'eurodéputé Pascal Canfin, cité par l'ATS et Swissinfo. Le Parlement européen votera le 25 novembre et, si le nouveau règlement est accepté, l'UE disposera donc d'un peu plus de quatre ans pour l'appliquer. 

Le Conseil fédéral se dit favorable

Suivant le mouvement, le Conseil fédéral vient d'émettre un avis favorable à la motion déposée fin septembre par le conseiller national Amoos Emmanuel (PS/VS). Son texte demande effectivement la présentation d'un projet de modification de la législation actuelle sur la sécurité des jouets, afin d'interdire, d'ici à l'année 2030, la vente de produits contenant des PFAS, des perturbateurs endocriniens et des parfums allergènes dans «les jouets destinés aux enfants de moins de 36 mois ou pouvant être portés à la bouche». 

Rappelant que les PFAS nous entourent, nous envahissent et sont détectés in utéro, ainsi que dans le sang des nouveaux-nés, le conseiller national souligne que les choses évoluent bien trop longtemps et que la simple fixation de valeurs maximales ne suffit pas: pour lui, une interdiction totale, semblable à ce que propose l'UE, est nécessaire pour protéger les plus jeunes. 

Une limitation du côté de la fabrication

«La reprise du droit européen n’est pas automatique et j’avais peur que les industriels inondent la Suisse avec des produits qui ne peuvent plus être livrés dans l’UE», affirmait Amoos Emmanuel auprès de 24 Heures. Aussi le socialiste demande-t-il la limitation de la fabrication et de l'utilisation des substances concernées, avec la création de moyens sûrs permettant de les remplacer. Car, grâce à leur capacité à repousser l'eau, les PFAS sont redoutablement utiles et utilisés dans une large palette de produits, ce qui rend les alternatives difficiles à dénicher. 

Pour rappel, au moment de la session d'automne 2025, Albert Rösti avait assuré que son département élaborait un «éventail de mesures» contre les PFAS. Or, début septembre, l'OFSP avait renoncé à la réalisation d'une large étude visant à mesurer et évaluer les risques des polluants éternels pour la santé des Suisses. La question est donc bien présente dans les discussions politiques, bien que les réponses soient souvent repoussées à plus tard. 

Et maintenant? Dans sa réponse à la motion d'Amoos Emmanuel, le Conseil fédéral admet que la sécurité des jouets doit être améliorée et que l'accord de reconnaissance mutuelle (ARM) conclu avec l'UE assure l'équivalence des réglementations: «Le Conseil fédéral prévoit de reprendre rapidement ces nouvelles exigences de l’UE, qui correspondent à celles de la motion, en fixant des délais transitoires correspondants», peut-on lire. Affaire à suivre. 

En attendant, voici quelques recommandations pour les personnes souhaitant éviter au maximum les PFAS dans les objets qu'ils emploient au quotidien. Du côté des enfants et des jouets, il s'agit notamment d'éviter les plateformes telles que Temu, dont les articles ne sont pas soumis aux mêmes réglementations que la Suisse ou l'UE et risquent donc de contenir des taux très élevés de PFAS et consorts. 

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