Les radars sont censés faire respecter les limitations de vitesse sur les routes. Au-delà de la frustration des automobilistes pris en faute, ces appareils défraient régulièrement la chronique. Tour d'horizon des dix radars les plus controversés de Suisse.
Le plus rentable
Bien qu'il n'y ait qu'un seul radar fixe dans le canton d’Argovie, celui-ci est constamment au cœur de débats politiques. L’appareil est installé depuis 2020 à Baden. Dès le départ, la ville a porté plainte contre le canton, qui voulait interdire ce «policier de fer» – et elle a gagné. En 2023, le Grand Conseil a ensuite supprimé l’obligation d’autorisation pour ce type de radar, permettant ainsi aux communes d’agir sans l’aval cantonal.
En ce moment, une initiative intitulée «Stop à l’arnaque des radars» est en cours. Elle vise à réintroduire l'obligation d'autorisation. Le radar situé au carrefour de Gstühl a rapporté à la ville de Baden la somme de 1,6 million de francs en amandes en 2023, ce qui en fait le radar le plus rentable de Suisse.
Le record de vitesse
La plus grosse infraction de vitesse enregistrée cette année provient probablement d'un radar situé dans le canton de Berne. Fin mai, un automobiliste de 26 ans a été flashé à 268 km/h sur l’autoroute près de Münchenbuchsee. Après déduction de la tolérance légale, il roulait donc à 143 km/h au-dessus de la limite. Le conducteur a été arrêté et la voiture saisie.
Le radar à la double mission
Un radar du canton de Zurich est particulièrement actif: celui du tunnel de Gubrist. Il flashe jusqu’à 19'000 contrevenants par an, sur toutes les voies.
Mais ce radar ne se contente pas de surveiller la vitesse. Il contrôle aussi le respect des feux rouges dans le tunnel. Au Gubrist, double vigilance donc: le temps de réaction y est souvent très court.
Le meilleur camouflage
Récemment, un radar déguisé en gazon artificiel à Horgen (ZU) a suscité une vive polémique. Une habitante a dénoncé une «arnaque et une provocation». La commune a expliqué que le camouflage du radar permet de mesurer le comportement réel des conducteurs, un dispositif visible n’ayant qu’un effet temporaire en incitant à ralentir ponctuellement, ce qui fausserait les résultats. Elle assure ne pas chercher à récolter des amendes, mais à assurer la sécurité routière.
Le plus intelligent
L'un des radars les plus intelligents du pays se trouve dans la ville de Zurich, dans la Langstrasse. Il contrôle de manière totalement automatique et très bien cachée une interdiction de circulation sur 40 mètres de la célèbre zone festive zurichoise. Ici, la circulation est interdite en journée, de 5h30 à 22h. A l'exception des bus, des vélos et des taxis, les autres véhicules motorisés qui circulent dans cette zone s’exposent à une amende de 100 francs par infraction.
La terreur des frontaliers
A Lucelle, dans le Jura, en décembre 2024, un radar a flashé 211 frontaliers ayant dépassé la limite autorisée de 20km/h devant le poste de douane – et cela en l’espace de quelques heures. Cette limitation de vitesse exceptionnellement basse est peu connue et non signalée. De nombreux frontaliers se sont donc sentis pris au dépourvu. On parle d’un «guet-apens bien organisé», visant davantage à maximiser les amendes qu’à assurer la sécurité routière. La police a toutefois souligné que ce contrôle était légal et nécessaire pour garantir la sécurité sur la route.
Le clandestin
Début 2024, la police cantonale du Valais s’est équipée d’un radar semi-mobile, déployé dans tout le canton. Mais la joie fut de courte durée: en mai 2024, des inconnus ont tenté d’incendier l’appareil.
L’appareil, d’une valeur de 300'000 francs, se trouvait à Susten lors de l’acte de vandalisme. Mais ce n’est pas tout: il a été révélé que ce radar filmait aussi l’espace public, sans base légale. Le détenteur des données a dû intervenir.
Le rebelle
En avril de cette année, un radar à Granges, dans le canton de Soleure, a pris son indépendance, au grand dam de nombreux automobilistes. Le «policier de fer» a flashé de manière aléatoire, déclenchant un débat sur les réseaux sociaux. La police a expliqué qu'il s’agissait d'un défaut technique. Pendant cette panne, aucune analyse des images n’a été effectuée.
La victime
En 2019, un homme a déversé sa colère contre un radar à Winterthur. Après avoir été flashé à 100km/h au lieu des 40 autorisés, ce serrurier de 31 ans a tout simplement renversé le radar avec sa BMW. Dommage pour lui: l’appareil n’a pas été complètement détruit.
Les dégâts matériels s’élevaient à 100'000 francs. Cette action a coûté cher au serrurier, qui a été condamné en 2021 à 22 mois de prison, dont six à purger.
Les contrefaits
En 2022, à Bennau, dans le canton de Schwytz, trois radars ciblaient les automobilistes sur 280 mètres. Mais un seul était un vrai appareil! Les deux autres, installés par des riverains, étaient des faux. L'objectif derrière était de lutter contre le bruit croissant de la circulation. Une démarche qui n'a pas plu à tout le monde. La police est intervenue, et des automobilistes ont aussi reporté les faux radars.