Dès qu’on baisse la garde, le flash se déclenche. En Suisse, un excès de vitesse peut vite coûter cher. En cas de dépassement important, il arrive de devoir débourser plusieurs milliers de francs – sans parler d’un retrait de permis, voire dans les cas les plus graves, d’une peine de prison.
Un automobiliste saint-gallois a dû payer plus de 20'000 francs au début de l’année. Mais si l’on en croit les autorités, il ne s’agit pas d’une question d’argent. «Les emplacements des contrôles sont choisis avant tout dans une optique de sécurité routière», explique de son côté la police cantonale des Grisons à la demande de Blick. Et d’ajouter: «L’objectif est que l’attente subjective d’un contrôle – le sentiment que celui-ci peut survenir à tout moment – incite les usagers de la route à respecter les règles.»
De nombreux automobilistes voient les choses autrement. Pour eux, ces contrôles servent avant tout à remplir les caisses des cantons, villes et communes.
Des millions de recettes à Zurich
En effet, les amendes rapportent chaque année des montants considérables. Rien que la ville de Zurich a encaissé environ 39,5 millions de francs en 2023 grâce aux automobilistes trop empressés.
Pour 2024, la ville prévoit des recettes de l’ordre de 61 millions de francs issues des contraventions. Il n’est pas précisé quelle part exacte revient aux radars, ces chiffres incluant également les amendes de stationnement et celles liées au non-respect des feux rouges. Au total, la police municipale de Zurich a émis 338'100 amendes l’an dernier pour excès de vitesse.
Une belle somme pour Lucerne
En Suisse centrale, le canton de Lucerne arrive en tête avec plus de 20 millions de francs récoltés grâce aux amendes liées à la circulation routière. La majeure partie de ces revenus provient des radars. Les 36 installations fixes et semi-fixes y sont toujours répertoriées en ligne de manière actualisée.
Le petit canton de Schaffhouse, lui aussi, fait fort en matière de radars: plus de 7 millions de francs ont été perçus l’an dernier grâce aux contrôles de vitesse. Rapporté à sa population, Schaffhouse se classe ainsi parmi les premiers cantons.
Un sujet politique
Les radars et leurs recettes sont un sujet régulièrement débattu en politique. Ainsi, en décembre dernier, au Parlement des Grisons, le député Maurus Tomaschett (Centre) proposait de réduire de moitié les recettes provenant des amendes dans le budget 2025, passant de 14 à 7 millions de francs – l’objectif étant de diminuer nettement le nombre de contrôles radar. Cette proposition a toutefois été rejetée de manière claire.
Dans le canton d’Argovie, l’initiative «Stopper l’arnaque des radars» suscite actuellement des débats. Les détracteurs accusent le canton d’utiliser principalement les radars comme source de revenus. Les initiants, issus des Jeunes PLR et du PLR, réclament des règles transparentes, moins de contrôles cachés et un vrai focus sur la «sécurité routière réelle». Le vote est prévu pour 2026. Cela dit, les recettes liées aux radars dans le canton d’Argovie, qui s’élèvent à environ cinq millions de francs, restent relativement modestes.
Un véhicule sur 300 en excès de vitesse
La police cantonale de Thurgovie enregistre la proportion de voitures verbalisées lors des contrôles de vitesse. «Le taux d’infraction a fluctué ces cinq dernières années entre 0,25% et 0,34% », explique la police cantonale de Thurgovie. Environ un véhicule sur 300 contrôlés dépasse donc la vitesse autorisée. «La pression constante des contrôles ainsi que la présence visible des forces de l’ordre portent leurs fruits», ajoute le porte-parole de la police.