La demande augmente chez les jeunes
«Les injections sont proposées un peu partout, y compris à la pause de midi»

De plus en plus de jeunes se font injecter des traitements peu invasifs, comme de l'acide hyaluronique ou du botox. Blick s'est entretenu avec plusieurs expertes sur cette demande croissante.
Publié: 24.07.2025 à 05:56 heures
|
Dernière mise à jour: 24.07.2025 à 06:00 heures
Partager
Écouter
1/7
La clinique Beauty2Go, qu'Alexandra Lüönd a fondée et qu'elle dirige avec son frère Patrick Lüönd, fait plusieurs injections.
Photo: Kim Niederhauser
RMS_Portrait_AUTOR_199.JPG
kim-niederhauser-blick.jpg
Milena Kälin et Kim Niederhauser

De l'acide hyaluronique pour des lèvres pulpeuses, de la toxine botulique – également appelée Botox – pour un front lisse. Les interventions esthétiques peu invasives comme les fillers, des produits pour corriger les rides, sont de plus en plus courantes. 

Alexandra Lüönd, 38 ans, est la fondatrice de la clinique esthétique Beauty2Go, spécialisée dans les interventions peu invasives comme les fillers. Il y a huit ans, elle a ouvert la première filiale de l'entreprise à Zurich. Depuis, elle compte huit sites dans les plus grandes villes de Suisse. Cette femme a réussi à construire un véritable empire. La Zurichoise figure sur la liste «Bilanz» des Suisses les plus riches de moins de 40 ans, avec une valeur d'entreprise estimée entre 20 et 50 millions de francs.

«Cette année, nous allons réaliser environ 25'000 traitements», explique Alexandra Lüönd. On estime que 100'000 interventions esthétiques sont réalisées chaque année en Suisse – la moitié de façon peu invasive. «Ce que nous traitons le plus souvent, ce sont les lèvres. Les traitements du nez avec de l'hyaluron sont aussi très demandés», révèle son frère Patrick Lüönd, 36 ans. Il est récemment devenu le directeur de Beauty2Go, sa sœur étant encore présidente du conseil d'administration. La clinique ne pratique généralement que des injections et pas d'opérations.

Alexandra et Patrick Lüönd dirigent Beauty2Go en tant qu'entreprise familiale.
Photo: Kim Niederhauser

500 francs par intervention

Le marché de ce type d'interventions a beaucoup évolué depuis l'arrivée de la clinique. «Les réseaux sociaux ont levé les tabous sur le sujet et ont permis à beaucoup de personnes de se débarrasser de leurs appréhensions. La cosmétique mini-invasive est devenue une partie du selfcare (le soin de soi) moderne», explique la fondatrice. Les patients, surtout les plus jeunes, seraient de mieux en mieux informés, selon elle. 

Le profil type des clients du cabinet: des femmes qui ont entre 25 et 45 ans. Les clientes viennent en moyenne deux fois par année et dépensent environ 500 francs par intervention. Les cliniques privées comme Beautyclinic et FineSkin constatent par ailleurs que la demande de fillers augmente, même chez les plus jeunes. «Les mesures préventives comme le baby botox, les corrections discrètes des lèvres ou l'amélioration de l'aspect de la peau par microneedling (induction du collagène) sont particulièrement demandées», constate la clinique FineSkin. 

Des salons sans qualifications

De plus en plus d'instituts de beauté proposent des injections. Pourtant, cette pratique est illégale: seules les personnes qualifiées – médecins formés ou personnel soignant ayant suivi une formation continue spécifique sous la supervision d’un médecin – sont autorisées à réaliser ce type d'intervention. 

Chez Beauty2Go, ce sont des médecins qui effectuent chaque jour de nombreuses injections. «Cela garantit une sécurité et une qualité maximales», explique Alexandra Lüönd. L'équipe compte aujourd’hui près de 20 médecins, tous couverts par une assurance à hauteur de dix millions de francs chacun. «En revanche, lorsqu’une urgence médicale survient dans un institut de beauté non médicalisé, la situation peut vite devenir critique. Et dans ce cas, il n’y a souvent aucune couverture d’assurance», souligne l'entrepreneuse. 

L'Institut suisse des produits thérapeutiques Swissmedic a contrôlé l'an dernier 82 établissements pratiquant de telles interventions: 55% ne disposaient pas des qualifications professionnelles requises. «Il y a beaucoup de distributeurs peu sérieux qui proposent les fillers à des instituts de beauté non qualifiés», déplore Patrick Lüönd. Il reçoit régulièrement des clientes qui viennent pour faire corriger des injections réalisées dans des instituts de beauté non qualifiés. «L’an dernier, nous avons effectué plus de 1000 corrections externes à l’aide de Hyalase», explique le directeur. Ce produit permet de dissoudre l’acide hyaluronique injecté. Nous ignorons toutefois si les salons concernés ont été sanctionnés. Interrogé, Swissmedic renvoie aux cantons pour une réponse. 

Traitement des rides à l'hôpital

Nicole Lindenblatt, directrice adjointe de la clinique de chirurgie plastique et de la main à l’Hôpital universitaire de Zurich (USZ), observe une banalisation croissante des traitements à base d’acide hyaluronique ou de botox. «Ce type d’intervention est désormais proposé un peu partout, y compris durant la pause de midi.»

Toutefois, la médecin ne constate pas de hausse de la demande chez les plus jeunes, qui préfèrent se rendre dans des cliniques spécialisées comme Beauty2Go. «Nos patients sont généralement plus âgés et cherchent à atténuer leurs rides ou améliorer leur apparence.» A l'USZ, de tels traitements sont également proposés dans un contexte médical, après une paralysie faciale ou un accident. Dans ce cas, la caisse d'assurance maladie prend en charge les frais. «Mais les interventions à visée purement esthétiques prédomine.»

Le risque le plus grave lors d’une injection esthétique est l’occlusion vasculaire. Cela peut entraîner une nécrose, c’est-à-dire la mort des tissus cutanés, voire une cécité. De tels incidents sont toutefois très rares. Nicole Lindenblatt affirme n’avoir encore jamais été confrontée à une telle complication. L'experte souligne toutefois que certaines zones du visage sont particulièrement sensibles: «Le pli du front entre les yeux ne devrait pas être traité à l’acide hyaluronique, car le risque d’incident y est plus élevé.»

La médecin souligne qu'il faut bien réfléchir avant de réaliser une telle intervention: «Les produits de comblement ne se dégradent pas à la même vitesse selon où ils sont injectés. Une partie de l’acide hyaluronique reste dans le corps de façon permanente.»

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus