Bien connus des Vaudois, ces gilets pare-balles bleus n'ont rien à faire sur la vidéo YouTube d'un fan d'armes vivant en Slovénie! Encore moins sur un site de vente en ligne destiné aux particuliers dans le pays des Balkans et ailleurs.
Dans sa vidéo publiée le 21 novembre dernier, Žiga – le visage de la chaîne Polenar Tactical – vante les mérites des gilets pare-balles de la police cantonale vaudoise. Presque 45'000 spectateurs l'ont vu énergiquement tester la résistance aux coups d'arme blanche, de revolver… ou de fusil à pompe.
Ce matériel tactique, qu'il qualifie de «vestes balistiques issues du surplus de la police suisse», est clairement identifiable comme celui de la gendarmerie vaudoise. On les reconnaît à leur couleur, mais surtout aux inscriptions «gendarmerie» et «police cantonale vaudoise» que l'on peut lire, respectivement sur le tissu ou sur les plaques de protection.
Pas juste un passionné, un vendeur
Problème? Žiga ne fait pas que tester les gilets, il les vend à l'unité, au prix de 139 euros seulement, sur son site privé spécialisé dans le matériel militaire. «Nous vendons ces gilets pare-balles à un prix incroyablement bas, car, après 10 ans, la garantie du fabricant sur la protection balistique n'est plus valable», explique le youtubeur, qui assure en posséder «des centaines».
Interrogée au sujet des voyages de son matériel financé par l'argent public, la police cantonale n'est pas ravie. «De manière surprenante, il ressort que les gilets balistiques usagés ont été repérés sur un site de vente en ligne localisé en Slovénie», explique le porte-parole des forces de l'ordre David Guisolan.
La police a un problème de fournisseur
Le fournisseur de la police vaudoise aurait-il mal fait son travail? «Dans le cadre du renouvellement des gilets de protection balistique effectué par la Police cantonale vaudoise depuis plusieurs années, il a été convenu auprès du fournisseur que les anciens gilets usagés serait repris pour destruction, continue la police dans sa réponse. Cette condition a été explicitement mentionnée dans les accords passés.»
Ces gilets, dont les plaques en kevlar semblent avoir dépassé leur date limite de protection optimale, aurait donc dû être détruits. «Compte tenu de ce qui précède, nous avons fait part de notre totale désapprobation auprès de ce fournisseur en lui signifiant qu’il n’avait pas respecté nos accords», écrit la police vaudoise. Des «mesures immédiates» ont été demandées à l'entreprise slovène: le retrait de la vente et la destruction des gilets «comme initialement convenu dans l’accord commercial».
La police assure n'avoir «pas eu de retour de ce fournisseur», du moins «à ce stade». Sur le site de Polenar Tactical, les gilets de la police cantonale vaudoise ont disparu depuis quelques jours. Ont-ils accepté les demandes vaudoises, sont-ils en rupture de stock? A ce stade, nous n'en savons rien.