Le Conseil suisse de la presse a partiellement admis une plainte contre deux articles en ligne de 24 heures, concernant un décès à la gare de Lausanne. Le média a commis un manquement dans la recherche de vérité, évoquant un meurtre et même un fratricide dans ses titres, estime mardi l'instance d'autorégulation pour les questions d'éthique des médias.
Le 14 janvier 2025, les articles titraient «Un Nigérian de 45 ans tué par son petit frère à la gare» et «Drame à Lausanne: un homme décède après une altercation à la gare. La victime, âgée de 45 ans, a été tuée par son petit frère de 35 ans». Le premier article, dans sa conclusion, interrogeait le contexte: quels liens existent entre ces personnes d'origine du Nigéria et leurs statuts de séjour, le trafic de drogue ou une éventuelle attaque au couteau?
Le frère de la victime, et coupable désigné dans les articles cités, dépose plainte contre le 24 heures auprès du Conseil suisse de la presse avec le collectif Kiboko, association se consacrant à l’antiracisme et à la lutte contre les violences policières, indique l'instance dans sa prise de position.
Ils reprochent au journal d'avoir annoncé un fratricide alors que l'enquête a très rapidement révélé qu'il ne s'agissait pas d'un meurtre. Ils dénoncent également des propos discriminatoires, qui relient la nationalité des protagonistes à des stéréotypes, précise la Conseil.
«Stéréotypes discriminatoires»
Les plaignants précisent qu'il ne leur a pas été possible de savoir dans quel ordre les articles ont été publiés, ceux-ci ayant été modifiés à plusieurs reprises. Quoi qu'il en soit, ils affirment que les deux articles violent le devoir de «rechercher la vérité».
Après examen, le Conseil de la presse estime «qu'en titrant qu'il y a eu meurtre, de surcroit commis par le frère de la victime, alors que ces faits se révèlent erronés, le journal a commis un manquement dans la recherche de vérité». Les propos tenus autour la nationalité des protagonistes «encouragent pour leur part les stéréotypes discriminatoires, ce qui constitue également une violation des règles déontologiques par le média», ajoutent-ils.
Le titre du 1er article est certes corrigé plus tard dans la journée, à la demande du Ministère public, mais le texte reste le même, relève le Conseil. «Il n'y a aucun rectificatif précisant que l'allusion au fratricide était erronée ou non confirmée».
Le 31 janvier 2025, soit deux semaines plus tard, 24heures intitule le suivi «Nigérian mort à la gare: ce n'était pas un homicide». Le Conseil de la presse note que «le délai est important, au vu du poids de la première affirmation». Selon le Ministère public vaudois, l'homme s'était subitement écroulé pour une raison inconnue après l'altercation. Aucune trace d'agression n'avait été constatée lors des premiers examens du corps de la victime.