Un ressortissant espagnol de 27 ans a dû répondre de tentative de meurtre lundi devant le Tribunal cantonal valaisan. L'homme risque, comme en première instance, une peine de 54 mois de prison ferme pour avoir volontairement percuté le nouveau petit ami de son ex-amie.
En première instance, le Tribunal de Sierre l'avait condamné à 54 mois de prison ferme et à une expulsion du territoire suisse de 5 ans. Le ministère public avait alors requis 8 ans ferme. Devant le TC, le procureur Ludovic Schmied a plaidé la confirmation de la peine du tribunal de district, au vu des considérants du jugement de première instance.
Les faits remontent au 8 août 2024. Ce jour-là, le prévenu et sa victime en sont venus aux mains, à cause d'une femme. Il s'agissait de l'ex-petite amie de l'accusé, devenue, entre-temps, la compagne de l'autre homme. L'accusé avait rejoint les deux autres protagonistes de l'affaire afin d'apaiser leurs problèmes de couple, sur demande de son ex-moitié.
Appréhendé en pleine nuit
D'abord verbaux, les échanges sont devenus de plus en plus physiques. A un moment donné, le prévu est remonté dans sa voiture. Assis au volant de son véhicule, il a alors accéléré, heurtant le plaignant qui se trouvait à une distance de 4 à 10 mètres. Celui-ci a alors fini sa course sur le capot puis sur le pare-brise du véhicule, avant de se faire éjecter sur le bas-côté de la route.
Le prévenu a alors immédiatement quitté les lieux, sans connaître l'état de santé de l'homme percuté et a regagné le domicile de ses parents. Là, il a caché les dégâts à son véhicule avec une couverture. Il a ensuite pris un repas et est allé dormir. Quelques heures plus tard, il a été réveillé par la police cantonale.
«Je n'ai jamais pensé à le tuer»
Prise en charge le jour même de l'accident, la victime s'en est tiré avec une entorse au genou gauche, une plaie au coude gauche et un traumatisme crânien. Selon le rapport d'examen clinique, cité dans l'acte d'accusation, sa vie n'a jamais été mise en danger, de sorte que le chef d'accusation de mise en danger concrète de la vie d'autrui ne peut pas être retenu.
«Je n'ai jamais pensé à le tuer», a juré le prévenu, devant le Tribunal cantonal. «Je voulais fuir pour arrêter cette maltraitance. La victime nous a donné des coups de poing à moi et mon ex-compagne. Lorsque j'ai accéléré, j'étais dans un état de peur. Je l'ai légèrement touché. J'ai vu qu'il s'était relevé et que des témoins étaient là pour le secourir.»
Et de poursuivre: «je voulais défendre mon ex-amie. C'est son compagnon qui m'a attaqué. Dès qu'il a commencé à me frapper, j'aurais dû appeler la police. Je regrette de ne pas l'avoir fait.»
Forte accélération
«Lors de sa première audition, l'accusé avait dit 'n'avoir pas eu peur' de l'autre homme», a rappelé le procureur Ludovic Schmied. «Il ne s'agit pas d'un accident, style erreur de pédale. Selon un témoin, il a accéléré fortement, faisant crisser les pneus. Il a clairement et délibérément foncé sur un homme, ne cherchant pas à l'éviter.»
Pour le procureur, l'accusé, a ainsi créé un danger de mort imminente: «Il a eu une chance inouïe. Le prévenu a utilisé son véhicule comme une boule dans un jeu de quilles, ne laissant aucune chance à sa victime.» Pour Ludovic Schmied, l'accusé «n'a aucune circonstance atténuante. Comme les experts, il a estimé la responsabilité du prévenu comme pleine et entière.»
Roué de coups
Me Maël Loetan, l'avocat du prévenu, a plaidé la légitime défense, demandant l'acquittement de son mandant. «Quelques minutes avant les faits, la victime avait réussi à extraire une première fois, de force, le conducteur du véhicule», a rappelé l'avocat.
«L'homme s'est ensuite projeté sur le véhicule d'une manière déterminée et agressive. Quant à mon client, préalablement roué de coups par son agresseur, il n'a pas voulu tuer, sûr que son geste n'aurait pas une issue fatale.»
Selon Me Loretan, la victime était au bénéfice d'une ordonnance d'éloignement de sa compagne, décidée par la justice espagnole.