Une fête qui a mal tourné
L'EPFL porte plainte contre des étudiants pro-palestiniens après des heurts

L'EPFL porte plainte contre des pro-palestiniens après la fête Vivapoly, en mai dernier. Des slogans «antisionistes haineux» et une affiche controversée ont été signalés. La sécurité a fait usage de la force contre les activistes, parmi lesquels des étudiants.
Publié: 12.06.2025 à 19:00 heures
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Après les occupations de 2024, la tension à l'EPFL autour d'Israël et de la Palestine n'est pas tant redescendue. Nouvel exemple.
Photo: keystone-sda.ch
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Léo MichoudJournaliste Blick

Climat délétère à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), après une fête qui a tourné au pugilat politique, sur fond de dénonciation des liens de l'institution avec Israël. L'université porte plainte contre un groupe de pro-palestiniens «composé notamment d'étudiants de l'EPFL», rapporte «24 heures» ce jeudi 12 juin.

Dans un mail envoyé à toute la communauté universitaire, la présidente Anna Fontcuberta i Morral indique que la direction les accuse d'avoir scandé des «slogans antisionistes haineux» à des étudiants israéliens de l'association Shalom – composée d'étudiants israéliens – lors de la fête Vivapoly. Son e-mail évoque également des affiches retrouvées «quelques jours plus tôt» et «incitant à la violence à l’encontre de cette même communauté».

Slogans et affiche antisionistes

Les chants en question portent sur les actes israéliens dans la Bande de Gaza: «Tout le monde déteste les sionistes» et «Sionistes, fascistes, c’est vous les terroristes», liste «Le Temps» d'après un responsable de Shalom présent. Quant à l'affiche portée à la connaissance de l'EPFL, elle contient un dessin simpliste d'un personnage serrant les dents, portant une batte et pointant du doigt devant lui.

Ceci avec ce texte garni de plusieurs insultes en anglais: «Oh regarde, un autre putain de sioniste». Pour rappel, le sionisme désigne le mouvement politique nationaliste qui vise à créer, consolider et défendre un Etat juif, en l'occurrence Israël. La direction de l'EPFL indique que ces comportements «inacceptables et contraires aux valeurs de l’EPFL» sont potentiellement de l'ordre d'une «incitation à la haine au sens de l’article 261bis du Code pénal».

La fête tourne au vinaigre

Revenons un peu en arrière. Le 22 mai dernier est organisé le festival Vivapoly, fête annuelle de l'EPFL. Concerts et apéro sont au programme, ainsi que des stands tenus par des associations étudiantes. C'est devant celui de l'association Shalom que des heurts vont éclater avec l'arrivée de militants pro-palestiniens.

Juste avant 21h, une dizaine de pro-palestiniens se réunissent devant le stand du groupe créé en avril 2024, qui se décrit en «pont entre la culture israélienne et l'excellence académique de l'EPFL». Les chants commencent devant la table où sont vendus des falafels.

La sécurité est intervenue entre les deux groupes. «Face à la résistance d’une partie du groupe, les agents de sécurité ont créé une voie d’évacuation puis avancé pour les faire reculer, indique l'EPFL, reprise par «Le Temps». Une bousculade entre un petit nombre de manifestants et agents a entraîné des échanges de coups.»

Qui a agressé qui?

Après la fête, des étudiants pro-palestiniens avaient accusé l'institution académique de les avoir «censurés». L'association écologiste Unipoly y voit un acte de «répression» et accuse les agents de sécurité d'avoir «agi avec violence» contre les étudiants venus «protester contre la complicité de l'EPFL avec l'état génocidaire».

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Un manifestant aurait été traîné au sol et étranglé par l'un des agents, affirment les collectifs. Du côté de l'EPFL, accusée de «dérive autoritaire», le discours est tout autre. L'institution confirme que lors de la fête Vivapoly, une «personne ayant agressé un agent de sécurité a effectivement été mise au sol» et dit regretter ces échanges.

Contexte tendu à l'EPFL

Dans le courrier de sa présidente, L’EPFL «reconnaît que des tensions et des divergences de points de vue peuvent émerger au sein de sa communauté, en particulier face à des événements complexes et sensibles sur le plan international et intercommunautaire». Mais elle juge «inacceptable» que «ces désaccords prennent la forme de propos haineux ou d’attitudes hostiles» envers des personnes d'une nationalité ou d'une ethnie particulière.

De son côté, la Coordination étudiante pour la Palestine à l'EPFL, responsable des occupations de l'école en 2024, s'offusque: «Et la prochaine étape, c'est de qualifier des slogans anti-racistes de 'haineux'?, publie le groupe d'activistes sur Instagram. L'EPFL se cache derrière la neutralité pour ne pas dénoncer le génocide en Palestine, mais sa neutralité est à géométrie variable.» 

Le compte Instagram enchaine sur une seconde story, qui se réjouit du fait que l'Université de Lausanne vient de rompre son partenariat avec l'université hébraïque de Jérusalem: «La seule chose qui paie, c'est la lutte!»

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