Le thermomètre affiche plus de 20 degrés en Valais. L'été est à nos portes avec un temps idéal pour les randonnées! Il ne reste plus aucune trace des énormes masses de neige tombées dans les montagnes valaisannes il y a seulement deux semaines. Cela peut paraître fou, alors que l'hiver était revenu en force durant les vacances de Pâques.
Dans les régions de basse altitude, la neige a fondu depuis longtemps, comme si elle n'avait jamais existé. Mais elle a causé des dégâts encore bien visibles, qui demandent des heures supplémentaires de triage forestier pour la région. Dans les forêts et les villages, le travail est dur, notamment à cause de randonneurs impatients et imprudents. Deux gardes forestiers valaisans nous expliquent pourquoi les randonneurs qui traînent sur les chemins pourtant fermés jouent avec le feu!
Travailler presque 24 heures sur 24
Au début du sentier de randonnée de la rampe sud de la compagnie ferroviaire BLS à Naters (VS), nous avons rencontré Ferdinand Pfammatter. Il est garde-forestier à la BLS et responsable de la sécurisation de la ligne ferroviaire, des routes d'accès et du chemin de randonnée.
Depuis les chutes de neige, il travaille presque 24 heures sur 24. «Certains jours, j'ai travaillé vingt heures», nous confie-t-il. La neige de Pâques a provoqué des dégâts massifs sur les arbres dans tout le canton. La neige mouillée sur une végétation déjà développée a cassé de nombreuses branches, et parfois déraciné des arbres entiers.
«La première chose à faire était de rendre la ligne de train à nouveau praticable, puis de dégager les routes d'accès à notre infrastructure», explique Ferdinand Pfammatter. Une fois terminé, lui et son équipe ont commencé à dégager le chemin de randonnée avec deux douzaines de bénévoles du BLS et l'aide d'autres arrondissements forestiers. En effet, le chemin était devenu impraticable à cause des chutes de neige et avait donc été fermé. «A certains endroits, il y avait plusieurs arbres les uns sur les autres sur le chemin», raconte le garde forestier.
Grand danger, forte pression
Cette situation peut devenir très dangereuse, d'après lui: «Les arbres sont sous tension, ils peuvent donc se mettre soudainement à bouger. Mais le plus dangereux, ce sont les branches et les cimes d'arbres pliées.» Ces arbres en difficulté sont à peine reconnaissables pour les non-initiés et peuvent tomber sur le chemin à tout moment. «Il suffit d'un peu de vent, ou ils peuvent même céder sous leur propre poids.»
Voilà pourquoi, deux semaines après le début de l'hiver, presque tous les chemins de randonnée sont encore fermés en Valais, comme indiqué sur l'application de randonnée SuisseMobile. Mais certains randonneurs n'hésitent pas à braver les interdits, au risque d'y laisser leur vie. «Nous fermons les sentiers simplement pour être plus tranquilles», explique Ferdinand Pfammatter. «Sur les chemins de randonnée fermés, la mort guette!» Au-delà de respecter les triages forestiers, les randonneurs devraient renoncer aux sentiers fermés.
Mais puisque certains randonneurs sont plus têtus, Ferdinand Pfammatter a misé sur une stratégie de délestage. Après de nombreux efforts, il a fait en sorte qu'une grande partie du chemin de randonnée soit rouverte mercredi. «De Hohtenn à Lalden, le chemin est à nouveau praticable, le reste demeure fermé jusqu'à nouvel ordre», explique-t-il. L'objectif est de donner aux randonneurs la possibilité de s'adonner à leur hobby. «Nous espérons ainsi pouvoir canaliser les flux de randonneurs, car ce chemin est tout de même l'un des plus fréquentés du Valais.»
L'ampleur des dégâts n'est pas claire
Herbert Werlen, lui, travaille à Rarogne (VS), et il est encore loin de pouvoir dégager les chemins de randonnée. Il dirige le triage forestier de la rampe sud, responsable de plus de 2500 hectares de forêt, un territoire immense. «Pour l'instant, nous ne pouvons pas encore dire combien la forêt a été touchée», reconnait-il.
En tant que garde forestier, la neige tardive et mouillée est toujours une menace, explique-t-il. «Mais je n'ai encore jamais vécu une telle situation au cours de ma carrière.» Jusqu'à présent, lui et son équipe ont surtout sécurisé l'espace public, comme les routes, les lignes électriques ou les places. Ils ne sont pas encore allés dans les forêts.
«Nous manquons tout simplement de main-d'œuvre pour cela, bien que nous ayons reçu de l'aide de la Suisse alémanique», confie-t-il. En d'autres termes: les chemins de randonnée relevant de sa compétence resteront fermés encore pendant un certain temps. Il est du même avis que Ferdinand Pfammatter: «Ces chemins sont fermés pour une très bonne raison, parce que c'est dangereux.» D'après lui, les conséquences des chutes de neige se feront sentir jusqu'à l'automne.
Autre inconnue: le coût de l'opération. «Nous ne pouvons pas l'estimer pour le moment», explique Herbert Werlen. Mais sa rencontre avec un propriétaire forestier privé pendant notre interview nous permet toutefois d'en avoir une petite idée. L'homme demande à Werlen combien coûteront le nettoyage et la sécurisation de sa petite parcelle de forêt. Le garde forestier évalue brièvement les chiffres: «environ 5000 francs», répond-il. Son interlocuteur déglutit avec difficulté.
Etendus à l'ensemble du territoire cantonal, les coûts des dégâts devraient s'élever à des dizaines de millions de francs. Le Parlement devra probablement voter un crédit spécial.