Cette année, Blick est allé à la rencontre des «habitants» du Paléo, pour récolter leurs histoires, leurs rituels… et parfois, leurs souvenirs les plus inattendus. Avec 50'000 festivaliers par soir, les anecdotes pleuvent. Comme celle de Mathilda, escortée jusqu'à son concert par la police, après un accident de Twingo.
Mais moi aussi, à force d'arpenter la Plaine de l'Asse, j'ai des histoires à raconter. Au-delà des conversations touchantes ou drôles que j'ai avec vous, il m'arrive des choses... originales. Comme finir au beau milieu de Paléo, pieds dans l'eau et entourée de militants Greenpeace. Dont un orang-outan au pelage chatoyant.
Pieds nus sur les copeaux
Tout commence mercredi matin. Je reçois, comme mes consœurs et confrères, un message du service média du festival. Une certaine Laura me propose de venir «me glisser dans la peau d'un militant du climat». Laura, maligne, n'avait pas précisé qu'il faudrait marcher pieds nus sur des copeaux.
J'arrive donc au stand Greenpeace, qui revient sur le site du festival pour la première fois en six ans. Grand drapeau avec signe de la paix, jeunes gens déchaussés et tout sourire: c'est sûr, je suis au bon endroit.
Micro forêt en plein festival
Après une brève introduction, voilà qu'Abraham Dali, le responsable du stand, nous propose d'enlever nos pompes pour «nous connecter à nos sensations» en marchant dans la forêt. De quoi parle Abraham? Suis-je tombée dans un remake du «Dîner de cons», avec pour casting deux journalistes de LFM et de RedLine radio, une de Fréquence Banane et moi-même, condamnés à ramasser des mégots avec les orteils?
Pas du tout. Greenpeace s'est réellement installé une mini-forêt en plein Paléo. Et ce n'est pas que pour eux. Ce petit havre de paix, entre le Village du Monde et le haut de la scène Vega, est accessible à tous les festivaliers qui en ont ras-le-bol du boucan. Un peu comme le stand bébés et allaitement, situé juste à côté. Mais sans bébés et sans tire-lait.
En cercle autour de l'eau
Nous voilà donc à pied nus, sous les arbres et arpentant un petit chemin fait de copeaux, de foin et de sable. J'ai tout de suite pensé à l'écharde qui allait fatalement se loger dans mon gros orteil gauche. Mais finalement, la sensation du sable sous ma voûte plantaire a pris le dessus sur ma timidité citadine. J'ai soudainement réalisé que je n'avais pas vu la mer depuis deux ans, que j'avais envie d'une glace et probablement d'une sieste. Bien joué, Greenpeace.
Puis est venu le moment de nous asseoir en cercle, pieds dans l'eau. Une eau sablonneuse, évidemment. L'ONG écologiste n'allait pas installer un jacuzzi turquoise chimiquement filtré au milieu de ses affiches de campagne contre le plastique et le nucléaire. «L'énergie qu'on préfère, c'est celle qu'on ne consomme pas», a justement rappelé le porte-parole de l'association, Mathias Schlegel.
Entrainement spécial «orang-outan»
S'est ensuivi une heure de discussion avec le porte-parole de Greenpeace, Mathias Schlegel. Relancée avec vigueur par le journaliste de la chaîne de radio LFM, visiblement passionné – ou en passe de s'acheter une maison Minergie, je ne sais pas. Le tout sous la sono façon «bruits de pluie en Amazonie», et face aux gesticulations d'un orang-outan en plein entraînement «démarche de singe».
Aucun animal n’a été maltraité par Greenpeace, promis. C’était une vaillante humaine, probablement en train de cuire à petit feu dans son costume intégral. La présence du bassin a soudainement pris tout son sens.
A l'abordage d'un chalutier
Sur son stand, Greenpeace suisse propose bien la fameuse expérience immersive promise par Laura. Muni d'un casque VR et de manettes, on se retrouve sur l'Arctic Sunrise, bateau emblématique du mouvement pour la protection de l'environnement.
Depuis Paléo, vous pouvez donc partir à l'abordage d'un pollueur. Tandis que nous discutons les pieds dans l'eau, ceux qui s'y essaient autour de nous tanguent sur les copeaux. «Guide-le!», indique Abraham à l'un des nombreux bénévoles, venus de Suisse et de France. Le coordinateur du stand précise que l'immersion n'est pas du tout obligatoire. «Les images sont impressionnantes, nous expliquons aux festivaliers ce qu'ils vont voir et ils peuvent choisir de tenter l'expérience ou non», précise-t-il.
Gloire éternelle
Pas besoin, donc, de risquer le mal de mer pour venir profiter d'un moment de calme. Si vous n'avez pas peur des orang-outans et que vous frisez l'acouphène, le stand du partenaire caritatif de Paléo est fait pour vous.
Et contrairement à moi, vous n'aurez pas la surprise de vous retrouver en photos sur le site de Paléo en train de vous gratter le nez. Car Laura (que je soupçonne désormais d'avoir été engagée par un de mes ex pour se moquer de moi) n'avait pas non plus précisé que la photographe présente nous prendrait, nous, en photos. Allez! Un pas de plus vers la postérité.