La nuit de l’élection, le cœur de Danila battait la chamade. Devant elle, sa petite sœur brillait sous les projecteurs. Puis, le verdict est tombé: Hinaupoko Devèze a été sacrée Miss France 2026 et tout s'est enchaîné à la vitesse de l'éclair. «Dès qu’elle a été élue, un de ses gardes du corps l’a tout de suite entourée… Il nous faisait un peu peur», se souvient sa grande sœur, mi-amusée, mi-éberluée. Cette Fribourgeoise d'adoption a accepté de nous raconter sa folle soirée à l'élection de Miss France.
L'aînée d’une grande fratrie, d’origine polynésienne, n’a pas vu la reine de beauté très souvent ces derniers mois. «Elle a été élue Miss Tahiti le 28 juin dernier. Après, elle était très fréquemment sollicitée, sur plusieurs îles. Je l’ai vue quelques heures en juillet à Tahiti avec ma fille.»
Un instant d'amour volé
Pendant le show Miss France, qui s'est déroulé le 6 décembre à Amiens (F), même scénario. Quelques minutes arrachées à la foule, juste le temps de souffler un encouragement et de prendre une photo de famille.
Heureusement, il y avait leur maman — un précieux laissez-passer. «Grâce à ma mère, on nous a laissé accéder aux coulisses, mais ma sœur a dû justifier que nous étions sa famille», témoigne Danila. Puis la nouvelle reine de beauté a disparu dans la machine Miss France: le soir même, Hinaupoko Devèze partait pour Paris, sur les plateaux de TF1.
Une famille XXL
La famille est nombreuse, recomposée, et toujours là pour soutenir la petite dernière. «Elle est ma demi-sœur par ma mère, raconte Danila. Je suis l’aînée et elle, c’est la benjamine. Du côté de ma maman, on est cinq et du côté de son père, ils sont quatre.»
Le parcours d'Hinaupoko Devèze ne doit rien au hasard. «Avant de s'inscrire à Miss Tahiti, l'organisation l'avait déjà contactée. Elle s'était fait remarquer comme mannequin, se souvient la Fribourgeoise d'adoption. Mais quand elle était encore aux études, ce n'était pas le bon moment.»
Les organisateurs ne lâchent pas la jeune femme. Alors qu'elle est revenue sur son île d'origine avec sa maman, qui a pris sa retraite, elle finit par participer. Avec le succès qu'on connaît.
Entre fierté et inquiétude
Danila n'était pas très à l'aise avec cette idée. C'est sur les réseaux sociaux qu'elle a appris la nouvelle. «Je ne voulais pas forcément qu’elle s’expose, ça m’inquiétait pour elle à cause des méfaits des réseaux sociaux, explique sa grande sœur. Je reste inquiète, même si je suis fière et heureuse pour elle.»
La différence d’âge entre elles — 19 ans — rend le contraste d’autant plus saisissant. «Quand j’étais jeune, je n’avais pas les réseaux. Aujourd’hui, tout ça va trop vite. On dit facilement des choses négatives. Mais j’ai l’impression qu’elle est assez armée pour répondre intelligemment.»
Avec le temps, Danila voit sa sœur grandir sous les projecteurs. «Depuis qu’elle a commencé son règne de Miss, je trouve qu’elle a de jolies réponses. J’ai pu lui dire que je la trouvais grandie. Je ne vois plus la petite fille. Il est temps qu’on la prenne au sérieux en tant que femme», confie-t-elle. Elle rectifie tout de même en riant: «Si elle a besoin de conseils ou de cadre, je suis là. Je serai toujours sa grande sœur.»
Vingt-trois personnes pour soutenir la Miss
A la soirée Miss France, la famille a assisté en nombre au couronnement. Vingt-trois proches et trente membres du comité de Tahiti se sont réunis pour célébrer la reine de beauté. Danila, son mari, sa fille, sa maman et tous les cousins étaient vêtus de rouge. Un symbole lié à Tahiti? Oui et non. «C'est vrai que le drapeau polynésien est rouge et blanc, et qu'il y a du rouge sur le drapeau des Marquises. Mais c'est peut-être aussi parce que ma maman avait déjà choisi sa tenue, une robe rouge», rigole Danila.
Les places pour la soirée ont été récupérées grâce à Tahiti. «Ma mère a obtenu les billets auprès du comité de Miss Tahiti. On n’a même pas tenté notre chance auprès de la billetterie.» De précieux sésames qui ont permis à la famille d'assister à l'aftershow. «On a vu toutes les jolies miss et même Bruce Toussaint», décrit Danila.
Son règne, une évidence
Avant la victoire d'Hinaupoko Devèze, la famille a eu un petit coup de stress. «Les soutiens d’autres régions nous approchaient pour dire que c’était une évidence qu’elle serait la Miss France. Nous, on stressait quand même. Mais on était tous du même avis: elle allait gagner», se réjouit celle qui est aujourd'hui la grande sœur de Miss France.
«Je n'arrive pas à réaliser», avoue Danila, une pointe de fierté dans la voix.
Ignorer les commentaires inutiles
Mais l’exposition a aussi son revers: les haters et les profiteurs. « Je ne lis pas tout. J'ai vu que des gens se prétendaient de notre famille pour avoir leur petit instant de gloire. Je préfère ignorer tout ça», partage Danila. Elle ne veut surtout pas transmettre son inquiétude à sa petite sœur. C'est cette dernière qui a partagé ce bon conseil: ignorer les commentaires haineux.
«J'ai également eu un bel échange avec la sœur de la précédente Miss France, la Martiniquaise Angélique Angarni-Filopon. Elle m’a confié que ça avait été très dur, que sa sœur avait vécu des commentaires racistes et malveillants et qu’il ne fallait pas y prêter attention. Ça ne sert à rien du tout.»
«Elle appartient à la nation»
Ce que veut garder Danila de cette folle expérience, c'est la fierté de voir sa sœur rayonner par sa beauté et son intelligence. Son règne suscite surtout de l'engouement: le 21 décembre des centaines de personnes l'ont attendue dans le nord de la France, dans l'espoir d'une photo.
La famille doit maintenant prendre son mal en patience avant de retrouver la benjamine. «Elle appartient à la nation, elle n’est plus à nous. On va devoir attendre une année», livre Danila.
L'aînée de la famille suit de loin les prochains mouvements. «Je lui envoie des paroles d’encouragements, la famille lui partage des petites nouvelles pour la porter. On l'accompagne avec bienveillance», conclut la grande sœur.