A Genève, le recours à des matériaux de construction plus écologiques sera obligatoire dès 2034. Quatre ans après l'adoption des dispositions légales visant à réduire l'empreinte carbone des constructions et rénovations importantes, le Conseil d'Etat a modifié le règlement ad hoc.
Pour la première fois, Genève va tenir compte de l'énergie grise dans la construction, à savoir l'énergie utilisée pour la fabrication des matériaux, leur transport et leur mise en oeuvre, a rappelé jeudi devant les médias le conseiller d'Etat Antonio Hodgers, en charge du Département du territoire (DT). La loi concerne les immeubles neufs et les projets de rénovation importants.
De longs travaux ont été nécessaires avec le secteur de la construction et les milieux immobiliers pour établir une base de calcul réglementaire. Concrètement, les différents éléments d'un immeuble sont répartis en cinq catégories, des fondations aux installations techniques en passant par l'enveloppe du bâtiment, pour être analysés.
Sur la base de la valeur de base de la norme SIA 390/1, adoptée en février, le règlement prévoit un dépassement de 25% pour les nouveaux immeubles de logements et de 40% pour ceux qui ont une autre affectation, tandis que la valeur devra être respectée pour les rénovations. «L'introduction de seuils de tolérance à une norme très exigeante vise notamment à éviter de renchérir le prix des logements», a expliqué M. Hodgers.
«Genève pionnière»
L'entrée en vigueur du règlement est immédiate, mais ses exigences seront appliquées progressivement, dès 2027 pour les bâtiments de l'Etat de Genève «qui doit être exemplaire», selon le magistrat. Dès 2029, les constructeurs devront établir un inventaire des matériaux, et le respect des seuils bas carbone sera exigé par l'Etat à partir de 2034 pour les demandes d'autorisation de construire.
Ce délai de dix ans doit permettre «d'éprouver cette méthode. Genève est pionnière», a relevé M. Hodgers. Ce laps de temps permettra aussi aux filières de se mettre en place, même si des matériaux de construction plus écologiques existent déjà. Selon le DT, les nouvelles normes entraîneront des surcoûts de 2% des nouvelles constructions, mais les rénovations pourraient coûter moins cher.