Le budget 2026, ou plutôt son absence, a occupé une nouvelle fois les débats mardi devant le Grand Conseil fribourgeois. La minorité de gauche a demandé, sans succès, de pouvoir discuter de l'information sur la «situation budgétaire» délivrée par le grand argentier Jean-Pierre Siggen.
La motion d'ordre déposée par les groupes socialiste ainsi que Vert-e-s et Alliés a été donc repoussée par la majorité de centre-droit, par 67 voix contre 36 et 2 abstentions. Le député PS Elias Moussa, également conseiller communal à Fribourg, a dénoncé un mouvement trumpiste «MAGA à la sauce fribourgeoise».
«Alors que nous sommes les acteurs du budget», a-t-il déploré. Son collègue de parti, président du groupe et co-motionnaire, David Bonny a comparé la présentation de Jean-Pierre Siggen à une simple conférence de presse. A ses yeux, la minorité est privée de parole. «C'est un précédent grave», a-t-il ajouté.
Pas de budget, pas de débat
«Le Grand Conseil n'est pas qu'une chambre d'enregistrement», a regretté encore David Bonny. Le président du groupe des Vert-e-s et Alliés, François Ingold, a soutenu la démarche. «Il est normal de pouvoir discuter des effets du plan d'assainissement des finances de l'Etat (PAFE), on le doit à la population», a-t-il relevé.
Du côté de la majorité, la motion d'ordre a été rejetée sans coup férir. Le référendum du PS contre la loi sur l'assainissement des finances de l'Etat (LAFE), votée le 10 octobre par les députés, constituera le moment de discussion lors de la votation populaire du 26 avril, a dit le chef du groupe UDC-UDF Flavio Bortoluzzi.
Une tonalité reprise par ses collègues présidents de groupe Le Centre, Christian Clément, et PLR-PVL, Antoinette de Weck. «Pas de budget, donc rien à discuter», a souligné le premier. Le grand argentier cantonal a laissé passer le vote avant de revenir sur l'ordonnance relative à l’engagement des dépenses indispensables (OEDI).
Dépenses indispensables
Le document dévoilé la semaine dernière indique que l'Etat de Fribourg, entamera l'année 2026 «avec les dépenses indispensables et les investissements en cours, avec la contrainte de ne pas dépasser les montants du budget 2025», a résumé Jean-Pierre Siggen. Au-delà, l'administration devra assumer une charge de travail accrue.
Il s'agira de préparer une version «bis» du budget 2026 retiré le 22 octobre, de démarrer le budget 2027 et de finaliser les comptes 2025. Pour rappel, le canton doit composer avec le principe constitutionnel de l'équilibre budgétaire et le PAFE doit améliorer les comptes de l'Etat de quelque 400 millions entre 2026 et 2028.
Le comité référendaire dispose d'un délai fixé au 16 janvier pour récolter au moins 6000 signatures contre la LAFE. Le Syndicat des services publics (SSP) a fait savoir que moins de deux mois après son lancement, le référendum avait «déjà recueilli 6500 signatures», le syndicat revendiquant la récolte de 3600 à lui seul.