En cette fin d’année, Genève peut se targuer d’une belle histoire de Noël. Pas de bonnet rouge ni de traîneau, mais trois jeunes chats sylvestres, bien vivants, en pleine forme et de retour là où ils appartiennent: la forêt.
Le scénario avait pourtant mal commencé. Au printemps dernier, au-dessus du barrage de Verbois, deux promeneurs tombent sur trois adorables boules de poils dans les bois. Convaincus d’avoir affaire à de simples chatons abandonnés, ils décident de les mettre en sécurité. Direction la SPA genevoise. Bonne intention, mauvais diagnostic... Les petits félins ne sont pas des chats domestiques, mais des chats sylvestres, une espèce sauvage, indigène et menacée.
Heureusement, la SPA a immédiatement eu le bon réflexe. Les gardes de l’environnement sont alertés et une opération de sauvetage d’envergure est lancée. Objectif: donner une seconde chance à ces animaux… sans les transformer en chats de canapé.
Grandir sauvage, sans câlins ni croquettes
La mission est confiée au Centre de réadaptation des rapaces et de la faune sauvage (CRR). Une prise en charge sur mesure, avec comme règle d’or: garder ses distances. Pas question d’habituer ces félins à l’homme ou aux chats domestiques, au risque de compromettre leur retour à la vie sauvage et de leur transmettre des maladies.
Déjà assez grands pour se passer du biberon, les trois chatons – deux femelles et un mâle – sont nourris avec des rongeurs, comme dans la nature. Ils grandissent dans une volière végétalisée, avec cachettes et terrain de jeu dignes d’un vrai chat sylvestre. Leur évolution est suivie à distance grâce à des caméras à détecteur de mouvement.
Un lâcher réussi et une première à Genève
A l’automne, toutes les conditions sont réunies. Une analyse ADN confirme leur identité et un site naturel adapté est choisi sur la rive droite du canton, non loin de leur lieu de découverte. Le lâcher a lieu à l’âge où, dans la nature, les jeunes chats prennent leur indépendance.
L’opération, une première à Genève, se déroule sans accroc. Aujourd’hui, tout indique que le pari est gagné. Les trois petits chats sylvestres, désormais autonomes, vivent librement et contribuent au renforcement d’une population locale très vulnérable.
Un félin discret, mais précieux
Le chat sylvestre (Felis sylvestris) est un habitant de longue date de nos régions. Cousin de nos chats domestiques — issus d’une espèce africaine — il a longtemps été persécuté et n'avait pu survivre que dans les reliefs du Jura. Depuis le début des années 2000, il recolonise les plaines genevoises.
Chasseur de mulots et de campagnols, discret et inoffensif, il est aussi un allié naturel de l’agriculture. Son principal ennemi aujourd’hui? Le croisement avec les chats domestiques, qui menace son identité génétique. Voici les bons réflexes à adopter:
- Stériliser son chat, en particulier à la campagne, et limiter ses sorties près des forêts
- Ne jamais abandonner un chat, encore moins dans la nature; en cas de problème, s’adresser à la SPA
- Un chaton gris-beige tigré trouvé en plein air peut être un jeune chat sylvestre. Sauf blessure ou danger immédiat, mieux vaut le laisser sur place et éviter de le toucher