Sympathique opération marketing datant de 1991, la Nuit des étoiles filantes, qui a une nouvelle fois rempli, et même saturé, les observatoires astronomiques d’Europe la semaine passée, a un défaut: faire oublier que l’année comprend 364 autres nuits pour observer la voûte céleste – sous réserve bien sûr de conditions météo favorables. Et ces fameuses étoiles filantes sont certes spectaculaires, mais le ciel nocturne recèle bien d’autres merveilles, plus riches d’enseignement, à observer avec et sans instruments.
Il nous a donc semblé utile de dresser ce catalogue des observatoires de Suisse occidentale qui proposent le plus d’activités pour le grand public. Ces institutions fondées et animées par des passionnés souvent bénévoles permettent bien sûr de profiter de télescopes puissants pour observer planètes, galaxies, étoiles doubles, nébuleuses ou amas stellaires. Mais en plus de ces visions à couper le souffle, on y bénéficie des explications et des conseils d’experts, notamment pour s’équiper soi-même ou pour se lancer dans l’astrophotographie. C’est souvent sous ces petites coupoles et dans ces bâtiments austères que naissent des vocations d’astronome.
Mais attention, les observatoires ont du succès et ne peuvent accueillir que de petits groupes de visiteurs à la fois. Il est donc impératif de réserver bien à l’avance sur les sites internet de ces institutions.
Cela dit, on peut aussi admirer les étoiles en toute indépendance, avec ses yeux et une modeste paire de jumelles. Nous avons donc préparé une carte de la pollution lumineuse (en page 47) qui vous aidera à trouver un endroit propice dans la campagne pour passer une heure de contemplation de l’Univers en solo, en couple ou en famille. Car disons-le tout net: le ciel nocturne des régions urbanisées est désespérément vide. Dans des conditions parfaites – conditions qui n’existent plus nulle part en Europe de l’Ouest –, il est possible de voir à l’œil nu 6000 étoiles par une nuit sans Lune. En revanche, depuis le centre-ville de Genève ou de Lausanne, il faut se contenter d’une misérable centaine d’astres. Les autres sont occultés par un véritable dôme de lumière artificielle. Et sur le Plateau suisse, même à l’écart des agglomérations, il ne faut guère espérer mieux qu’un ciel à 1500 étoiles.
1. S’équiper d’une lampe de poche capable de produire une lumière rouge pour guider vos pas dans la nuit et éclairer votre éventuelle carte du ciel tout en gardant vos pupilles bien dilatées.
2. Prendre des couvertures pour se coucher par terre. C’est la posture la plus adaptée pour plonger littéralement dans l’Univers (et pour ménager les cervicales). Des chaises longues seront idéales pour les plus douillets et les seniors.
3. Une carte du ciel nocturne ou une application pour smartphone (réglé en mode nuit) comme SkySafari (notre préférée) vous permettra d’identifier des constellations, les étoiles les plus brillantes, une ou deux planètes.
4. Une paire de jumelles de 5 cm d’ouverture permet de voir cent fois plus d’étoiles qu’à l’œil nu. Certains amas d’étoiles ouverts, comme celui des Pléiades, sont impressionnants à travers des jumelles. De même que la nébuleuse d’Orion et la galaxie d’Andromède.
5. Eviter de préférence les nuits ou heures de présence de la Lune (sauf quand elle ne forme qu’un joli petit croissant, lui-même magnifique à observer aux jumelles).
6. Nous vous recommandons enfin deux livres formidables pour les débutants, tous deux publiés par les Editions Stelvision: Découvrir le ciel à l'œil nu et Le ciel aux jumelles.
1. S’équiper d’une lampe de poche capable de produire une lumière rouge pour guider vos pas dans la nuit et éclairer votre éventuelle carte du ciel tout en gardant vos pupilles bien dilatées.
2. Prendre des couvertures pour se coucher par terre. C’est la posture la plus adaptée pour plonger littéralement dans l’Univers (et pour ménager les cervicales). Des chaises longues seront idéales pour les plus douillets et les seniors.
3. Une carte du ciel nocturne ou une application pour smartphone (réglé en mode nuit) comme SkySafari (notre préférée) vous permettra d’identifier des constellations, les étoiles les plus brillantes, une ou deux planètes.
4. Une paire de jumelles de 5 cm d’ouverture permet de voir cent fois plus d’étoiles qu’à l’œil nu. Certains amas d’étoiles ouverts, comme celui des Pléiades, sont impressionnants à travers des jumelles. De même que la nébuleuse d’Orion et la galaxie d’Andromède.
5. Eviter de préférence les nuits ou heures de présence de la Lune (sauf quand elle ne forme qu’un joli petit croissant, lui-même magnifique à observer aux jumelles).
6. Nous vous recommandons enfin deux livres formidables pour les débutants, tous deux publiés par les Editions Stelvision: Découvrir le ciel à l'œil nu et Le ciel aux jumelles.
Le meilleur critère pour distinguer un ciel nocturne pauvre d’un ciel nocturne riche, c’est la Voie lactée, c’est-à-dire la lumière produite par les milliards d’étoiles de notre galaxie. Tous les enfants devraient pouvoir la contempler au moins une fois. Pour commencer à apprécier à sa juste valeur la majesté de ce nuage lumineux qui traverse la voûte céleste, les citadins de Romandie sont condamnés à se déplacer d’une quinzaine de kilomètres au moins. Une contrainte certes, mais anodine par rapport à la situation des habitants de la Belgique et des Pays-Bas ou aux millions d’Italiens de la plaine du Pô qui sont, eux, intégralement «aveuglés» par de gigantesques halos lumineux dépourvus de la moindre «fenêtre» d’obscurité.
Notre sélection d’observatoires
Passons maintenant à notre best of des observatoires romands. Ces installations sont avant tout conçues – quand le temps le permet – pour l’observation en direct des objets célestes grâce à de gros télescopes. Mais certains d’entre eux sont équipés d’un planétarium pour simuler la voûte céleste et expliquer les bases de la mécanique cosmique. Cet équipement de projection est précieux en cas de nuit nuageuse. De jour, des observations du Soleil (en toute sécurité) sont également programmées. Les observatoires organisent encore des projections de films et des conférences avec plus ou moins de régularité.
Soulignons enfin que l’astronomie est un hobby paisible, qui demande discipline et silence. C’est la raison pour laquelle certains observatoires imposent parfois un âge minimal pour les enfants. Et pas question de produire de la lumière intempestive (téléphone, briquet, etc.) qui rétrécit les pupilles et gâche l’observation.
Observatoire de Genève (Versoix)
Historiquement lié à l’Université de Genève, cet observatoire n’oublie pas le grand public en organisant environ une fois par mois des soirées de deux heures avec un télescope de 350 mm en compagnie d’un astronome chevronné. Un planétarium prend le relais si le temps est mauvais.
Attention, en raison du succès de ces soirées, les inscriptions ne sont désormais prises que le jour même, entre 8h30 et 10h du matin, via un formulaire en ligne accessible uniquement dans cette courte fenêtre de temps. Puis les participants seront tirés au sort et avertis par téléphone entre 10h30 et 11h30.
Les groupes (classes, associations, etc.) peuvent solliciter des soirées spéciales par e-mail (visites-obs@unige.ch). En raison de la capacité d'accueil, les séances sont limitées à 15-18 personnes et ne sont pas ouvertes aux enfants de moins de 10 ans pour des raisons de sécurité.
www.unige.ch/sciences/astro/activitespublic
Observatoire François-Xavier Bagnoud (Saint-Luc, VS)
Ce joyau de l’astronomie suisse perché près de l’arrivée du funiculaire à 2200 m d’altitude offre d’excellentes conditions d’observation. Inauguré il y a exactement trente ans, il a pour but d’ouvrir l’astronomie à tout un chacun. Il est destiné aussi bien aux touristes, aux randonneurs, aux écoles qu’à l’astronome amateur et professionnel.
Le site bénéficie d’une organisation dynamique. Ainsi, du 29 au 31 août prochains, tous les passionnés sont conviés à «amener leur télescope, leurs habits chauds et leur bonne humeur pour partager leur passion de l’astronomie dans une atmosphère conviviale». Il peut aussi compter sur le plus puissant télescope de type Dobson de Romandie.
D’un diamètre de 610 mm, c’est un instrument idéal pour observer les objets du ciel profond (nébuleuses, galaxies, amas d’étoiles) de faible magnitude. L’excellent site internet de la fondation permet de se tenir au courant du riche programme d’animations et de s’y inscrire. Un must!
Observatoire astronomique jurassien (Vicques, JU)
Cet observatoire, avant tout destiné aux membres de la Société jurassienne d’astronomie, est équipé d’un imposant télescope de 610 mm. Il est connu pour être le lieu où l’astronome amateur jurassien Michel Ory a découvert plus de 250 astéroïdes et une comète périodique.
Les ouvertures au public sont principalement sur demande et payantes. Des observations du Soleil gratuites sont aussi organisées.
Observatoire de MontSoleil (Mont-Soleil, BE)
Construit il y a vingt-trois ans au milieu du parc éolien et solaire, l’Observatoire et Planétarium de Mont-Soleil propose toute une gamme d’activités publiques payantes pour les personnes seules, les familles ou des groupes de 15 maximum.
Au programme: observation du Soleil ou des étoiles, planétarium sophistiqué, dispositifs multimédias, exposition didactique. Un véritable observatoire pédagogique, parrainé par le Prix Nobel Michel Mayor.
www.observatoire-mont-soleil.ch
Observatoire d’Ependes (Ependes, FR)
C’est sans doute l’observatoire le plus convivial de Romandie. Passionnés et débutants s’y réunissent tous les quinze jours pour partager leurs connaissances et pratiquer leur hobby. L’observatoire d’Ependes est en outre ouvert gratuitement au public chaque vendredi soir durant deux heures, par tous les temps.
On y apprend les bases comme l’identification des constellations. Suivant leur visibilité, on y observe la Lune et les planètes. Et quand le temps et la pureté du ciel le permettent, on s’attaque aux objets beaucoup moins lumineux (nébuleuses, galaxies et amas stellaires) avec le gros œil du télescope Keller de 500 mm inauguré en 2004.
Observatoire de Vevey (Vevey, VD)
Cette institution veveysanne est née il y a presque un demi-siècle, mais l’observatoire a été rénové en 2017 afin d’améliorer l’accueil du public. Deux télescopes de 355 mm permettent à chacun de profiter du spectacle cosmique. L’observatoire est aussi équipé d’un planétarium. Des soirées thématiques sont organisées.
Les 29 août et 19 septembre prochains, les femmes astronomes seront par exemple célébrées (inscription obligatoire sur le site de l’association). Des soirées publiques sont organisées toute l’année, trois vendredis par mois. Et c’est gratuit! Il faut appeler le 021 922 23 43 deux heures avant pour s’assurer que l’animation aura bien lieu.
Ici aussi, on observe le Soleil, ses taches et ses protubérances, en toute sécurité, le premier samedi matin de chaque mois. Des séances planétarium sont au programme deux samedis par mois. Pour la petite histoire, la coupole de l’observatoire de Vevey provient de celui du Gornergrat, à Zermatt.
Astroval (Le Sentier, VD)
C’est le cadet des observatoires romands. Astroval, sur la commune du Chenit, dans la vallée de Joux, a été inauguré en 2012. L’emplacement, situé à 1145 m d’altitude, bénéficie de conditions favorables en termes de pollution lumineuse. Il est équipé d’un puissant télescope de 610 mm et de neuf autres instruments.
Sur son beau site internet, l’association affiche les statistiques suivantes: 114 membres, 1200 visiteurs annuels, 25 sponsors et donateurs et... 110 kilos de fondue! Un calendrier complet et pratique donne un aperçu clair des animations (observations diurnes et nocturnes, observations privées, «astrofondues» et même escape games). Et c’est un des rares observatoires, sinon le seul, adaptés aux personnes à mobilité réduite.
Observatoire du Gornergrat (Zermatt, VS)
Le Stellarium est un observatoire géré par les universités de Berne et de Genève, situé à 3100 mètres. La vue sublime depuis ce monumental balcon vaut déjà à elle seule le détour. Aujourd’hui, les télescopes et les instruments servent principalement à des fins pédagogiques et au grand public.
Gros bémol pourtant: ce magnifique observatoire aurait bien besoin d’un site internet officiel unique et clair. Pour comprendre quelles sont les activités proposées, on doit naviguer entre les sites universitaires, touristiques, celui de l’hôtel. On ne sait même pas à qui s’adresser. C’est tellement agaçant que nous nous sommes résolus à demander à de l’intelligence artificielle de nous faire une synthèse.
Il en est ressorti ceci, à prendre avec les précautions d’usage: dîners sous les étoiles combinant fondue au 3100 Kulmhotel Gornergrat avec observation au télescope; visites de groupe privées (au moins dix personnes) guidées par l’un des scientifiques du site; accès à distance qui permet au public de voir des images capturées par le télescope de 60 cm via un portail en ligne; semaines d’observation des étoiles au 3100 Kulmhotel Gornergrat animées par un astronome résident pour les clients de l’hôtel. Et ce n’est pas gratuit.
Quelques autres coupoles
Mentionnons d’autres observatoires romands et leur site internet:
- Observatoire de Malvilliers (NE): www.snastro.org
- Observatoire de Vérossaz (VS): www.observatoireverossaz.ch
- Observatoire d’Arbaz, Anzère (VS): www.savar.ch/observatoire-2
- Observatoire de Lausanne: www.svastro.ch
- Observatoire de Morges (VD): www.astrac.ch
- Observatoire de Leysin (VD): www.observatoire-leysin.blog4ever.com
Le meilleur pour la fin
Le planétarium de Sion, Le Dôme, est considéré comme le meilleur et le plus grand de Suisse romande avec un dôme de 8m de diamètre pouvant accueillir 45 spectateurs. Contrairement aux autres planétariums romands associés à un observatoire, celui-ci est indépendant.
L’équipement sophistiqué permet une immersion à 360 degrés dans l’Univers. Le Dôme propose en outre une grande variété de programmes: présentations classiques du ciel étoilé, mais aussi films immersifs sur la conquête spatiale, le système solaire, les éclipses, etc. Réservation en ligne recommandée.
Cet article a été publié initialement dans le n°34 de «L'illustré», paru en kiosque le 10 septembre 2025.
Cet article a été publié initialement dans le n°34 de «L'illustré», paru en kiosque le 10 septembre 2025.