Nous sommes le 24 septembre 2020. Des coups de feu déchirent le silence matinal dans le quartier de Wollishofen, à Zurich. La police arrive peu après dans un appartement et le tableau est dramatique: un père de famille de 47 ans a été tué de plusieurs coups de feu, son épouse a été blessée par balle au bras.
Leur fille Jasmin T.* (18 ans à l'époque) est blessée. Arrêtée sur place, elle est fortement soupçonnée d'avoir tiré sur son père à bout portant. Mais ce qui s'est réellement passé avant reste un mystère. «Cette incertitude est la pire des choses pour les amis, les proches et la famille», disait-on alors dans l'entourage de la famille d'origine kosovare.
Désormais, la jeune femme doit répondre de ses actes devant le tribunal de district de Zurich. Le procureur porte plainte pour homicide volontaire. L'acte d'accusation apporte toutefois un peu de lumière sur les antécédents et soulève une question: La gymnasienne a-t-elle tué son père pour sauver sa mère?
Le père tire sur sa femme, la fille sur son père
Voici le déroulé exact des faits: lorsque la jeune femme se rend dans la chambre à coucher de ses parents le matin fatidique, elle est témoin de l'agression de sa mère par son père. Ce dernier tire une balle dans l'avant-bras gauche de sa femme avec un pistolet. Il «pose ensuite ses mains sur la zone de son cou et la plaque sur le lit», poursuit le rapport d'enquête.
La jeune femme réagit immédiatement. Elle pousse son père sur le côté, prend dans ses deux mains le pistolet de calibre 9 mm avec lequel sa mère a été blessée auparavant. Le père se redresse. Il menace de tuer tout le monde. Puis Jasmin appuie plusieurs fois sur la gâchette.
Elle se tient juste à côté du lit et touche son père quatre fois: dans le cou, dans la tête, deux fois dans le dos. Selon l'expertise, l'homme de 47 ans est mort en très peu de temps.
L'avocat de la défense garde le silence
La fille passe près de deux mois derrière les barreaux avant d'être remise en liberté. Elle habite désormais dans une commune au bord du lac de Zurich et fréquente le lycée local, selon les informations contenues dans l'acte d'accusation. La peine que le procureur requiert pour elle ne sera connue que devant le juge.
Les tribunaux zurichois ont déjà prononcé des acquittements dans des cas similaires par le passé. En octobre 2009, une jeune femme a tué son père de quatre coups de feu à Oberrieden (ZH). Elle avait expliqué son geste par le fait que l'homme, adepte d'arts martiaux violents, l'avait attaquée. Elle a été acquittée de l'accusation d'homicide volontaire.
Sollicité par Blick, l'avocat de la défense de Jasmin T. n'a pas souhaité s'exprimer avant l'audience.
*Le nom a été changé