Nucléaire, Moyen-Orient et Russie au menu
A Genève, l'Iran veut séduire les Européens avant le retour de Trump

Genève accueille vendredi des pourparlers entre l'Iran et plusieurs pays européens. Parmi les thèmes abordés: le nucléaire, tensions au Moyen-Orient, ou encore Russie. Le tout dans un contexte marqué par le retour imminent de Donald Trump à la Maison Blanche.
Publié: 29.11.2024 à 04:19 heures
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Dernière mise à jour: 29.11.2024 à 08:49 heures
Des pourparlers se tiennent vendredi à Genève entre l'Iran et plusieurs pays européens.
Photo: AFP/Getty Images
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AFP Agence France-Presse

Des pourparlers se tiennent vendredi à Genève entre l'Iran, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni pour évoquer le dossier nucléaire iranien, la Russie et la situation au Moyen-Orient. En toile de fond, le retour dans deux mois de Donald Trump à la Maison Blanche.

A la veille de ce rendez-vous, le numéro deux de la diplomatie européenne, Enrique Mora, a dit avoir eu jeudi une «discussion franche» à Genève avec Majid Takht-Ravanchi et Kazem Gharibabad, deux adjoints du ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi. Celle-ci a porté «sur le soutien de l'Iran à la Russie, qui doit cesser, sur la question nucléaire», a-t-il dit sur X.

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Au menu également, les tensions régionales au Moyen-Orient. «Il est important que toutes les parties évitent l'escalade – et les droits humains», a précisé Enrique Mora.

Discrétion maximale

Placée dans le prolongement d'une rencontre à New York en septembre, la réunion de vendredi est entourée de la plus grande discrétion. Ni le nom des participants ni l'endroit où les diplomates des quatre pays doivent se retrouver n'ont été révélés.

Elle se déroule dans un contexte de fortes tensions au Moyen-Orient, entre l'Iran, ses alliés et Israël, et à moins de deux mois du retour à la Maison Blanche de Donald Trump. Ce dernier été artisan d'une politique dite de «pression maximale» à l'encontre de l'Iran durant son premier mandat.

«L'Iran n'a pas les Européens de son côté»

Pour Téhéran, le but des pourparlers en Suisse est d'éviter une situation «doublement désastreuse» qui placerait l'Iran de nouveau face à cette politique américaine avec en plus, cette fois-ci, celle des Européens, explique à l'AFP le politologue iranien Mostafa Shirmohammadi. Car à l'épineux dossier nucléaire viennent s'ajouter les accusations des Occidentaux selon lesquelles l'Iran fournit à la Russie des drones explosifs pour sa dis en Ukraine, ce que nie Téhéran.

Dans ce contexte, «l'Iran n'a pas les Européens de son côté», souligne Mostafa Shirmohammadi depuis la capitale iranienne. L'Iran espère arrondir les angles avec les Européens, tout en faisant preuve de fermeté. Dans un entretien au quotidien britannique «The Guardian» publié jeudi, Abbas Araghchi a ainsi expliqué que l'Iran pourrait se doter de l'arme nucléaire si les Européens réimposaient des sanctions.

La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, associés aux Etats-Unis, ont reproché à l'Iran – encore la semaine dernière – son manque de coopération sur le nucléaire. En riposte, Téhéran a annoncé mettre en service de nouvelles centrifugeuses «avancées» pour enrichir l'uranium mais n'a pas donné de calendrier. Les autorités n'ont par ailleurs jamais fermé la porte à des discussions.

Recours à l'arme atomique interdite par l'Ayatollah Khamenei

Les Iraniens défendent un droit au nucléaire à des fins civiles et nient vouloir se doter de l'arme atomique, ce dont les Occidentaux les soupçonnent fortement. Jeudi soir, le Premier ministre israélien a redit sa détermination absolue d'empêcher Téhéran de se doter de la Bombe.

«Je ferai tout pour l'empêcher de devenir (une puissance) nucléaire», a déclaré Benjamin Netanyahu en réponse à une question sur l'Iran. «J'exploiterai toutes les ressources qui peuvent l'être» pour y arriver, a-t-il ajouté, sur la chaîne 14 de la télévision israélienne.

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L'ayatollah Ali Khamenei, au pouvoir depuis 1989 et ultime décideur dans les dossiers sensibles du pays, a interdit dans un décret religieux (fatwa) tout recours à l'arme atomique. «Il y a un débat en ce moment en Iran sur le fait que c'était peut-être une mauvaise politique», a déclaré Abbas Araghchi au quotidien. Si les Européens réimposent des sanctions contre Téhéran, «ils auront alors convaincu tout le monde en Iran que, oui, cette doctrine est erronée», insiste-t-il.

Accord enterré en 2015 par Trump

En 2015, l'Iran avait conclu à Vienne un accord avec la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie et les Etats-Unis pour encadrer son programme nucléaire. Le texte prévoyait en contrepartie un allègement des sanctions internationales contre Téhéran.

Mais en 2018, Donald Trump a retiré unilatéralement son pays de l'accord – auquel se conformait Téhéran, selon l'AIEA – et rétabli de lourdes sanctions à l'encontre de l'Iran. En représailles, Téhéran a considérablement augmenté ses réserves d'uranium enrichi et porté le degré d'enrichissement à 60%, proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme atomique.

«Nous n'avons pas l'intention d'aller au-delà de 60% pour le moment», a assuré Abbas Araghchi au Guardian. L'accord sur le nucléaire de 2015, que des négociations ont échoué à ranimer et qui arrivera à échéance en octobre 2025, plafonnait ce taux à 3,67%.

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