52 victoires et 241'000 euros pour la Genevoise
Le rêve bleu de Virginie dans «N'oubliez pas les paroles»

Après avoir appris par cœur plus de 600 chansons, cette pétillante genevoise a remporté 241'000 euros à «N’oubliez pas les paroles» en juin, alors qu’elle était enceinte. Elle nous a reçus chez elle pour nous présenter Jessie, 3 ans, et Thomas, né le 5 août dernier.
Publié: 27.10.2025 à 21:23 heures
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Lorsqu’elle s’entraîne, Virginie tient son micro pour être dans des conditions identiques à celles de «N’oubliez pas les paroles».
Photo: Nicolas Righetti/Lundi 13
Olaya Gonzalez
Olaya GonzalezJournaliste L'illustré

Lorsqu’on lui demande de se définir en trois adjectifs, Virginie se dit «souriante, instinctive et optimiste». Elle oublie de mentionner «persévérante», une qualité que cette Genevoise de 34 ans pousse dans ses derniers retranchements. «Si elle a une idée en tête, elle va toujours au bout», confirme son époux, Mikaël, lorsque le couple nous reçoit dans son petit appartement de la campagne genevoise. Un lieu rempli de vie, avec des piles de peluches et des briques de Lego par terre, dans lequel résonne Vive le vent, la chanson préférée de Jessie, 3 ans, une adorable tornade blonde au caractère bien trempé. Thomas, né le 5 août dernier, lui, se révèle un bébé merveilleusement calme et discret.

Virginie et Mikaël chez eux, en compagnie de Jessie, 3 ans, et du petit Thomas, 2 mois.
Photo: Nicolas Righetti/Lundi 13

Mais au fait, ne devait-il pas s’appeler Alexis? «J’aimais beaucoup ce prénom, malheureusement Mikaël a mis son veto, raconte Virginie en riant. C’est finalement Jessie qui a choisi. En fait, c’est un peu fou, mais elle l’a appelé «bébé Tom» avant même qu’il ne soit conçu. Elle a fait un petit dessin, un gribouillis, et elle m’a dit: «C’est le bébé de papa et maman, bébé Tom.» Or, si nous en parlions entre nous, nous ne lui avions jamais dit que nous voulions un deuxième enfant. Je suis tombée enceinte le même mois et, dès ce moment-là, Jessie n’a cessé de dire «bébé Tom». Donc nous avons décidé de l’appeler Thomas.»

C’est en 2018, sur le petit écran, que les fidèles de N’oubliez pas les paroles ont fait la connaissance de la solaire Virginie, qui enseigne les mathématiques à Genève, au cycle d’orientation de Sécheron. Cette année-là, elle participe au divertissement de France 2 sans préparation spéciale, simplement parce qu’elle a réalisé qu’elle, qui baignait dans la chanson française depuis toute petite, connaissait les paroles de nombreux morceaux. Mais elle est tout de suite éliminée. Un petit goût d’inachevé incite cette battante à s’entraîner, puis à postuler pour un second round.

Lorsqu'elle chante puis réécoute sa prestation, Virginie surligne en rose les passages qui lui donnent du fil à retordre.
Photo: Nicolas Righetti/Lundi 13

«Je suis compétitrice dans l’âme et je me suis dit qu’avec un peu de travail je pourrais y arriver. Je me suis mise à apprendre des chansons que je ne connaissais pas. Je me suis ouverte à des artistes que je n’avais pas l’habitude d’écouter, et j’ai découvert des textes magnifiques, par exemple Que serais-je sans toi de Jean Ferrat. Pendant le covid, la musique était mon échappatoire; je travaillais mes morceaux, mais ça n’a jamais été une corvée.» Après deux ans d’espoir et de déceptions, notamment à cause de la pandémie qui rend les voyages impossibles, de montagnes russes émotionnelles, la production du jeu présenté par Nagui la sollicite enfin. Mais, entre-temps, elle est devenue maman – Jessie a alors 6 mois – et a délaissé les révisions. Elle parvient néanmoins à devenir Maestro, garde sa place lors de l’émission suivante, puis est évincée sans gagner un sou. Elle pense alors qu’elle ne se représentera pas.

Enceinte et sans pression

Mais Virginie n’est pas du genre à lâcher: «J’ai senti au fond de moi que non, ce n’était pas terminé, qu’il fallait que je m’y remette. J’ai travaillé sans le dire à personne d’autre que mon mari, pour ne pas me mettre la pression.» Lorsque la production l’appelle, sa playlist compte 1200 chansons et elle en connaît plus de 600 par cœur. Et cette fois, c’est la bonne!

Le 16 juin dernier, on la retrouve au micro de N’oubliez pas les paroles, alors qu’elle attend un heureux événement. «Je pense que ça a été ma force, parce que j’y suis allée sans pression, sachant que les femmes enceintes ne sont pas connues pour leur mémoire. Je continuais tout de même à réviser, car je n’avais pas envie de gaspiller cette nouvelle chance, mais je savais que je ne m’en voudrais pas si je n’y arrivais pas.» Or, jour après jour, la Genevoise élimine les autres candidats, remporte de belles sommes. Malgré le rythme très intense – 10 à 12 émissions enregistrées par jour – et la fatigue, elle remporte 52 victoires, gagne 241 000 euros et intègre la liste des plus grands Maestros de tous les temps à la 23e position. «Ce n’était pas mon objectif, mais quand c’est arrivé, c’était fabuleux!»

Cet extraordinaire parcours lui permet de participer aux Masters opposant les 32 meilleurs candidats, actuellement diffusés sur France 2. «J’ai eu beaucoup de plaisir à faire la connaissance de grands Maestros dont j’avais suivi les exploits à la télévision. Sans surprise, la compétition est très rude. Malheureusement, je n’avais pas révisé, avoue la jeune maman, car j’avais choisi de mettre la priorité sur ma famille pendant ces quelques mois. J’ai aussi pris Thomas avec moi à deux reprises sur les tournages, qui ont eu lieu à Paris, ce qui ne m’a pas aidée à me concentrer. Mais l’année prochaine, je m’y remets à fond, en révisant régulièrement afin d’être prête pour les prochains Masters.»

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Dans l'émission présentée par Nagui, les candidats doivent interpréter des chansons sans se tromper dans les paroles.
Photo: © Christophe LARTIGE - FTV

Lors de sa participation à l’émission en juin, Virginie a mentionné quelques idées de ce qu’elle pourrait faire de ses gains. Bilan? Pas de folies. L’achat d’un vélo-cargo électrique afin de pouvoir se déplacer avec les enfants est à l’étude, le voyage aux Etats-Unis, à Orlando, pour voir le parc d’attractions Harry Potter – elle est fan du jeune sorcier – est planifié pour l’an prochain et l’idée de réaliser un tour du monde de douze mois en famille est remise à plus tard, lorsque Jessie et Thomas n’auront plus besoin de faire des siestes. Par contre, elle s’est offert un petit luxe, des massages, pendant la fin de sa grossesse. Comme la famille va bientôt emménager dans un appartement un peu plus grand, un changement déjà programmé avant sa participation au concours musical, le couple va faire appel à des déménageurs, ce qu’il n’avait pas pu s’offrir lors de son précédent changement d’adresse. Et la jeune maman va prolonger son congé maternité; elle retrouvera probablement ses élèves après les vacances de Pâques.

Virginie porte bébé Thomas, tandis que Mikaël montre à Jessie les derniers grains de raisin de la saison.
Photo: Nicolas Righetti/Lundi 13

Comme promis à l’écran, elle a également fait un don à l’association Alzheimer à la mémoire de sa grand-maman Marie-Ephise, décédée lorsqu’elle avait 13 ans. «Quand j’étais petite, se souvient Virginie, elle possédait des classeurs remplis de feuilles sur lesquelles elle écrivait à la main les paroles des chansons françaises qu’elle aimait bien. Et elle me faisait apprendre par cœur des morceaux pour que je les interprète lors des repas de famille. C’est amusant parce que moi, plus tard, j’ai fait mes propres classeurs avec des feuilles remplies de paroles de chansons françaises pour les mémoriser et m’entraîner pour N’oubliez pas les paroles.» La Genevoise, très émue, a d’ailleurs évoqué cette grand-mère dans l’émission lorsqu’elle est tombée sur le titre Siffler sur la colline de Joe Dassin, mais sans donner d’explications.

Si elle était une chanson? «Ce rêve bleu», mais que nous partageons à quatre, pas à deux.»
Photo: Nicolas Righetti/Lundi 13

«En fait, c’est un petit signe que j’ai reçu de ma défunte grand-mère. Quand j’ai participé au premier casting du concours, j’ai dû choisir un titre entraînant à chanter a cappella. J’ai demandé des conseils à mon entourage, mais aucune chanson proposée ne me convenait. Et puis ça m’est venu d’un seul coup, j’ai su que c’était Siffler sur la colline qu’il fallait que j’interprète. C’était une certitude. Donc je l’ai préparée. Et le jour du casting, mon papa m’a donné un petit livre de chansons françaises ayant appartenu à ma grand-mère. Je l’ai pris, je l’ai retourné et, sur la quatrième de couverture, il y avait le refrain de Siffler sur la colline...»

Solaire et terre à terre

Virginie et Mikaël se révèlent très complémentaires; l’aspect expansif, solaire et pétillant de l’une est pondéré, mais pas brimé, par le calme et le côté terre à terre de l’autre, ce qui crée un bel équilibre. Virginie, originaire de Sciez-sur-Léman, commune française à une vingtaine de kilomètres de Genève, a rencontré son futur époux lors de leur bachelor en biologie à l’Université de Genève. Elle a ensuite voulu se lancer dans un master en parasitologie, mais a vite déchanté. «Je me suis retrouvée toute seule dans une salle à lire plein d’articles en anglais. Je cherchais des infos sur un mini-gène alors que je ne savais même pas où il était. J’ai tout de suite réalisé que ce n’était pas du tout fait pour moi, que j’avais besoin de vie, de contacts dans mon futur métier. Donc j’ai tout arrêté le deuxième jour.» Elle entame alors un master bidisciplinaire, biologie et maths, puis suit les cours de l’Institut universitaire de formation pour l’enseignement afin de devenir prof de mathématiques. Mikaël, lui, ne dévie pas de sa voie première. Biologiste, il travaille dans le domaine de la pharmaco-vigilance, qui recense et étudie les effets secondaires des médicaments.

«
Virginie va au bout de ses rêves et m’emmène avec elle. Je suis son passager
Mikaël, époux terre à terre qui vole en couple
»

C’est en Laponie, par -13°C, que le jeune homme a fait sa demande. «En fait, je n’aime pas trop m’exposer, précise Virginie. Nous avions déjà un peu évoqué l’idée du mariage, mais je lui avais dit que je n’avais pas envie d’une demande extravagante dans un restaurant plein de gens. Donc il a décidé de la faire là où il n’y avait absolument personne...» Mikaël précise: «Le but ultime était de lui demander de m’épouser sous les aurores boréales, mais il n’y en a eu aucune durant notre séjour. Alors la veille du départ, au cours d’une promenade, je me suis lancé.»

Bien que Mikaël avoue ne pas être fan de musique française – Virginie n’a le droit de lui en infliger l’écoute dans la voiture qu’en période de révision intense avant un passage dans N’oubliez pas les paroles –, il soutient son épouse et admire énormément sa force de volonté. Alors que, selon les dires de Virginie, la chanson qui la représente le mieux est extraite du film d’animation Aladdin – «Un rêve bleu / Sur les chevaux du vent / Vers les horizons du bonheur / Dans la poussière d'étoiles» –, lui qui est «plus conservateur» confie: «Elle va au bout de ses rêves et elle m’emmène avec elle. Je suis un peu le passager de ses rêves...»

Sur le globe terrestre, des épingles marquent les lieux visités. La statuette représente une baleine, l’animal totem de Virginie.
Photo: Nicolas Righetti/Lundi 13

Un «passager» à qui elle en fait voir de toutes les couleurs. En 2019, lorsqu’elle l’entraîne dans un périple de quatre mois sac au dos alors que lui n’imagine pas qu’il est possible de prendre un tel congé sans solde, elle lui donne quelques sueurs froides. «Je suis tête en l’air, avoue-t-elle. J’ai oublié ma carte de crédit, qu’une copine m’a gentiment envoyée à l’autre bout du monde, puis elle a été avalée par un distributeur, car j’ai mis un code erroné à trois reprises. J’ai laissé mon sac à dos au pied d’une cascade, juste avant de quitter l’Australie pour la Thaïlande, et je m’en suis rendu compte en voiture, en route pour l’aéroport. J’ai aussi oublié mon téléphone dans les toilettes d’un immense casino.» Mais sa bonne étoile veille et Virginie a pu récupérer toutes ses affaires. «Et Mikaël n’a même pas demandé le divorce», souligne-t-elle, taquine. Belle preuve d’amour!

N’oubliez pas les paroles, du lundi au vendredi sur France 2 à 18h40.

Un article de «L'illustré» n°42

Cet article a été publié initialement dans le n°42 de «L'illustré», paru en kiosque le 16 octobre 2025.

Cet article a été publié initialement dans le n°42 de «L'illustré», paru en kiosque le 16 octobre 2025.

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