Nathalie fait partie des quelque 30% de Suisses qui ne sont pas vaccinés. Elle mène une vie tout à fait normale, vaque à ses occupations, rencontre des collègues, aime voyager. Mais la jeune femme de 20 ans est catégorique: elle ne se fera pas vacciner. «C'est ma décision. Je n'ai pas un bon sentiment», raconte la stagiaire d'une entreprise d'informatique et de communication.
Elle n'est pas pour autant une conspirationniste qui croit au mensonge d'état, à la dictature sanitaire ou aux puces 5G de Bill Gates. Blick a suivi la jeune femme dans son quotidien et a essayé de comprendre ce qui motive son scepticisme. Le sien, et celui de ceux qui ne défilent pas dans les rues avec des cloches ou des slogans anti-Berset.
Une chose est claire: elle doit bien avoir des motivations pour refuser la piqûre. Elle paie chaque jour le prix fort pour sa décision. Lors d'une promenade à cheval dans l'arrière-pays zurichois, elle nous explique son quotidien: depuis l'introduction du certificat obligatoire, elle se rend moins au fitness. Elle ne peut pas se permettre de se faire tester avant chaque séance d'entraînement. Pensive, elle nous confie: «Depuis quelques semaines, je passe beaucoup plus de temps dans l'Oberland et moins en ville».
Elle essaie d'en tirer le meilleur parti
Malgré tout, elle ne peut pas faire l'économie de tests réguliers. Sur son lieu de travail, le certificat est obligatoire et le télétravail n'est pas toujours possible. «Je fais environ un test par semaine. Et quand mon pass est valable, j'en profite pour aller au restaurant et sortir le soir».
Se sent-elle exclue de la société? Oui, avoue-t-elle. Mais Nathalie essaie d'en tirer le meilleur parti: «C'est toi qui décides de la manière dont tu gères la situation. Heureusement, j'ai un environnement tolérant. Certains amis participent à mes frais de test. Ou nous nous rencontrons à l'extérieur».
Rien ne parvient à la convaincre
L'investissement financier et en temps pour les tests, la participation difficile à la vie sociale: rien ne parvient à la faire changer d'avis. Nathalie en est persuadée: elle fait le bon choix pour sa santé. «J'ai des problèmes cardiaques et j'ai peur que la vaccination me nuise. Ma santé est plus importante pour moi que ma liberté». Le fait que les vaccins aient été autorisés en Suisse dans le cadre de procédures régulières et qu'ils protègent efficacement contre la maladie ne la convainc pas. Elle constate également que les cas baissent à mesure que le taux de vaccination augmente. Cela ne change rien à son intuition. «Je ne me ferai pas vacciner», martèle-t-elle.
«C'est juste un sentiment»
Même son médecin botte en touche, lui qui lui recommande pourtant vivement de se faire vacciner. «C'est avant tout un sentiment», décrit-elle. Elle n'a pas de connaissances en médecine, mais elle n'en démord pas. Elle a attrapé le Covid en novembre 2020. «J'ai donc certainement encore des anticorps». Pour obtenir un certificat en bonne et due forme, la contamination est pourtant trop lointaine. Mais elle ne se considère pas comme un danger pour les autres, puisqu'elle se fait régulièrement tester.
Dans sa famille, certains sont vaccinés et d'autres ne le sont pas. Son père a des antécédents médicaux, mais il s'est fait vacciner. Pas sa mère. «L'important, c'est d'être tolérant. Chez nous, le vaccin n'est pas un sujet clivant.»
Nathalie a pu retrouver quelques jours d'insouciance lorsqu'elle s'est rendue à Copenhague fin septembre. Nous l'avons accompagnée à l'aéroport avant son «départ vers la liberté», comme elle l'appelle. En effet, les mesures Covid avaient été largement levées au Danemark durant une courte période. Une aubaine pour les non-vaccinés comme Nathalie.
(Adaptation par Jocelyn Daloz)