Une experte aiguille les parents
Mon fils veut porter une robe, comment réagir?

Lorsque leur fils veut enfiler une robe pour aller au jardin d'enfants ou se vernir les ongles, de nombreux parents ne savent pas comment réagir. Se sent-il fille? Est-il victime de harcèlement? Comment le protéger des moqueries? Une experte répond à ces questions.
Publié: 02.08.2025 à 16:28 heures
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Il ne faut ni exagérer ni minimiser la situation, mais l'expliquer, affirme Dagmar Pauli.
Photo: imago/Westend61

Alors que les questions liées aux genres s’invitent de plus en plus tôt dans la vie des enfants, de nombreux parents s’interrogent: comment réagir lorsque leur fille refuse les robes ou que leur fils préfère les jupes? Il y a quelque temps, le chanteur allemand Sasha et sa femme Julia Röntgen ont attiré l'attention avec l'histoire de leur fils Otto, né en 2018. «Un jour, il a mis une jupe pour aller à la crèche, qu'il avait empruntée à sa meilleure amie. On s'est moqué de lui», a raconté l'auteure Julia Röntgen dans un entretien avec «Bunte». 

Le chanteur Sasha et sa femme Julia Röntgen sont les parents d'Otto, six ans, qui aime porter une jupe de temps en temps.
Photo: IMAGO/Bildagentur Monn

Une situation que d'autres parents connaissent également. Que faire? «Je pense qu'il faut simplement dire: 'Tu es toi. Et tu fais ce que tu veux'», répond Sasha dans l'interview. Bien sûr, pas toujours ni pour tout, «mais si tu as envie de mettre une jupe ou de te vernir les ongles, alors fais-le». C'est une forme d'expérimentation, poursuit le chanteur.

Le soutien des parents est effectivement le plus important à ce moment-là, affirme Dagmar Pauli dans un entretien avec Blick. «Il ne faut ni exagérer ni minimiser la situation, mais l'expliquer. Certains pensent que seules les filles ont le droit de porter des jupes et font donc des remarques», explique la directrice adjointe du service de psychiatrie et psychothérapie pour enfants et adolescents de la clinique psychiatrique universitaire de Zurich. «Il faut à ce moment-là faire sentir à son enfant qu'on le trouve bien et qu'on l'aime tel qu'il est». Pas de problème donc? «Pas toujours», nuance l'experte.

Dagmar Pauli, comment réagir correctement en tant que parent lorsque son fils veut mettre une robe pour aller au jardin d'enfants?
Le mieux est de rester calme. Il est compréhensible que les enfants veuillent essayer des choses, quel que soit leur sexe. Et aussi que les petits enfants trouvent beau de se parer, de mettre une robe ou de se vernir les ongles de toutes les couleurs.

Les réactions à l'extérieur peuvent toutefois être négatives?
Les enfants n'ont pas encore intériorisé cette manière de penser genrée que nous avons dans notre société. Cela ne signifie pas pour autant que l'enfant ne veut pas être un garçon.

Faut-il se poser des questions?
On a toujours le droit de se poser des questions. Mais tant que l'enfant se sent bien et que son entourage l'accepte, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Néanmoins, en tant que parents, il faut essayer d'évaluer la situation dans laquelle l'enfant se place: l'environnement est-il plutôt conservateur? Quelle est l'attitude de l'enseignant? En discutant avec ce dernier, on peut également déterminer les réactions auxquelles il faut s'attendre de la part des autres enfants. Enfin, il est important de connaître l'attitude de l'enfant lui-même. Réagit-il de manière détendue et sûr de lui lorsqu'il reçoit un commentaire bizarre? Ou se laisse-t-il déstabiliser?

Dagmar Pauli est directrice adjointe et directrice médicale du service de psychiatrie et de psychothérapie pour enfants et adolescents à la clinique psychiatrique universitaire de Zurich.
Photo: DR

S'il s'agit d'un enfant timide, faudrait-il donc lui interdire de porter une jupe pour le protéger?
Si cela engendre plus de négatif que de positif, la prudence est effectivement de mise. Interdire n'est pas le bon mot. On peut peut-être chercher un compromis. Pourquoi ne pas mettre une jupe pour aller faire les courses, ou pour jouer dans sa chambre ou dans le jardin? Il ne doit jamais s'agir de ne pas soutenir l'enfant et de ne pas accepter ses souhaits. Je discuterai avec l'enfant du fait que certaines personnes ne comprennent pas ce genre de choses et je verrai si l'enfant se sent capable de faire face à des réactions négatives.

Pendant combien de temps peut-on considérer qu'il s'agit d'expérimentation? A partir de quand les parents doivent-ils se préoccuper de l'identité de genre de leur enfant?
Cela peut rester très longtemps un essai. Il ne faut pas inciter l'enfant à remettre en question son genre simplement parce qu'il ne rentre pas dans une case. Il faut davantage d'attention lorsqu'un enfant formule de lui-même que ce ne sont pas les vêtements qui l'intéresse, mais qu'il veut être le sexe opposé. Ou qu'il affirme qu'il l'est. Les parents déstabilisés peuvent toujours demander conseil à un service spécialisé. Il faut évaluer si l'enfant souffre du sexe qu'on lui a attribué. En général, les parents le sentent et certains enfants le montrent très clairement. Bien que cela soit plutôt rare à l'âge du jardin d'enfants. Souvent, je ne vois les parents qu'une seule fois pour un entretien de conseil, puis le sujet s'estompe.

Que faire si l'enfant est victime de harcèlement à l'école?
Dans ce cas, il faut assurer à l'enfant son soutien total et ne pas simplement accepter le harcèlement, mais chercher le dialogue avec l'école. Les autres enfants doivent apprendre à ne pas penser en termes de catégories. 

Pourquoi cela concerne-t-il surtout les garçons?
Chez les filles, cela fait longtemps que la société a accepté qu'elles portent des pantalons, ont les cheveux courts ou jouent au foot. Les garçons en robe ou exerçant des métiers typiquement féminins font toujours l'objet de moqueries. Je pense que cela est fortement lié au patriarcat. Dans notre société, le fait qu’un garçon s’intéresse à des choses dites féminines est souvent perçu comme une forme de dévalorisation. En même temps, j'observe que les jeunes hommes dépassent peu à peu ces limites sociales, que les jeunes se vernissent davantage les ongles ou portent des bijoux. Et c'est une bonne chose. 

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