Les Suisses sont peu enclins à économiser l'électricité. En février, notre pays n'a toujours toujours pas atteint l'objectif d'économie d'électricité fixé par le Conseil fédéral. On parle de 10% de réduction pendant les mois d'hiver, d'octobre à mars.
Le mois dernier n'a donc pas été différent des autres, avec une baisse de 5,3%, comme le montrent les derniers chiffres du tableau de bord de l'énergie de la Confédération. Et ce bien que le mois de février ait été un peu plus chaud que les années précédentes.
Jusqu'à présent, c'est en octobre que la population a été la plus économe, avec 7,1 % d'énergie épargnée. À l'époque, les appels aux économies du Conseil fédéral étaient encore très frais. En revanche, en décembre, les économies ont été les plus faibles, avec seulement 2%.
Même pas la moitié de l'objectif
Jusqu'à présent, l'objectif d'économie d'électricité n'a pas été atteint un seul mois durant. Il n'est donc pas étonnant que l'objectif d'économie de 3153 gigawattheures d'électricité ne puisse plus être atteint d'ici fin mars. Fin février, seuls 1403 gigawattheures avaient été économisés, ce qui ne représente que 45% de l'objectif.
La pression sur le porte-monnaie ne semble pas être une incitation suffisante: les Suisses ne se laissent apparemment pas décourager par la hausse des prix de l'électricité, ni par les plans d'urgence du Conseil fédéral.
La semaine dernière, le gouvernement a en effet adopté son nouveau projet d'ordonnance sur la pénurie d'électricité, qui entrerait en vigueur en cas d'urgence. Celle-ci prévoit par exemple une température maximale de 20 degrés pour le chauffage des habitations et des bureaux. Selon le niveau d'urgence, il y aurait également des restrictions dans l'utilisation d'appareils électriques, allant jusqu'à l'interdiction des enseignes lumineuses ou des canons à neige dans les stations de ski.
Les barrages sont encore bien remplis
Mais la Suisse en est encore loin. Officiellement, la situation de l'approvisionnement en électricité est certes tendue, mais elle reste stable. Ainsi, les lacs de retenue suisses sont encore relativement bien remplis, avec environ 46% actuellement, ce qui est nettement supérieur à la moyenne à long terme.
Dans son dernier rapport, l'Office fédéral pour l'approvisionnement économique du pays indique toutefois qu'en raison des «précipitations trop faibles en janvier et février, le niveau des rivières est actuellement plus bas et la couverture neigeuse en montagne est nettement plus faible que d'habitude.» En revanche, la disponibilité des centrales nucléaires en France s'est améliorée.
Ce qui est clair, c'est que l'objectif d'économie manqué n'aura pas de conséquences pour l'instant, puisqu'il s'agit – encore – d'un objectif volontaire. Le Conseil fédéral l'a repris de l'UE en décembre dernier.
Prolongation de la campagne d'économie
Même si la Suisse passe cet hiver sans connaître de pénurie, les efforts sont déjà tournés vers l'hiver prochain. «La situation de l'approvisionnement énergétique en Suisse et en Europe reste tendue et devrait être encore plus exigeante durant l'hiver 2023/24 que durant l'hiver en cours», explique l'Office fédéral de l'énergie dans un communiqué.
Le Conseil fédéral ne veut donc pas relâcher ses efforts d'économie. C'est pourquoi il a décidé, lors de sa dernière séance, de poursuivre l'initiative d'économie d'énergie en hiver. Aux 14 millions de francs déjà alloués à la campagne d'économies s'ajoutent 7 millions de francs supplémentaires.
La saison prochaine, les Suisses auront donc une nouvelle occasion de prouver qu'ils sont les champions des économies d'énergie.