Au Palais fédéral, la Commission de l'économie et des redevances du Conseil national (CER) se réunit pendant deux jours: l'économie mondiale est en ébullition. Peu avant, le président américain Donald Trump avait annoncé des droits de douane de 31% contre la Suisse. L'administration helvétique travaille d'arrache-pied.
Outre le cercle habituel des politiciens économiques du Conseil national et des secrétaires de commission, Daniela Stoffel est également présente à la réunion. Elle est secrétaire d'Etat aux questions financières internationales et a transmis des informations sur les affaires financières actuelles lors de la réunion, notamment sur les intérêts suisses dans les négociations avec l'UE et les Etats-Unis.
Et il semblerait qu'il ne s'agisse pas de la seule invitée. Parmi l'assemblée, siège également un employé du Bundestag allemand.
Un échange occasionnel de collaborateurs
Il ne s'est pourtant pas introduit en douce et n'a pas non plus mis la salle de réunion sur écoute: il a été invité par les services du Parlement. «Nous entretenons de bons échanges avec nos homologues dans les pays voisins ainsi que dans d'autres Etats démocratiques», expliquent ces derniers à la demande de Blick.
Un échange occasionnel de collaborateurs occupant différentes fonctions s'est notamment établi au fil des ans avec l'administration du Bundestag allemand. Il n'existe certes pas de statistiques complètes, mais ces dernières années, environ cinq à sept collaborateurs des deux parties ont participé à de tels séjours à Berne ou à Berlin.
L'UDC pique une crise
Mais le président de la commission et chef du groupe de l'Union démocratique du centre (UDC) Thomas Aeschi ne se réjouit pas du tout de la présence de cet invité. «Lors de la discussion de sujets sensibles comme le traité de soumission à l'UE et le litige douanier, je considère que la présence d'employés étrangers n'est pas appropriée.»
La membre de la CER et conseillère nationale UDC Magdalena Martullo-Blocher s'indigne également. «Permettre à des représentants étrangers de travailler dans les commissions parlementaires, et ce même sans en informer ou consulter les parlementaires au préalable, relève d'une naïveté sans limite!»
Pour l'UDC, la Suisse présente ainsi ses points sensibles aux yeux de tous. Pour certains parlementaires, cette manière de procéder est tout simplement irresponsable et constitue une véritable trahison pour tous ceux qui s'engagent pour les intérêts de la Suisse au niveau international.
Informés des règles de confidentialité
Les Services du Parlement défendent le programme d'échange. Les expériences qui y sont produites sont vécues comme enrichissantes par les participants et les employeurs et peuvent également inciter à repenser certains processus.
Les supérieurs hiérarchiques sur place veillent à ce que les invités soient informés des règles de confidentialité et à ce qu'ils les respectent. Jusqu'à présent, aucun cas n'a été signalé où la présence de membres aurait soulevé des questions de confidentialité. «Dans un seul cas, une question a été posée sur les règles, sans que cela ne donne lieu à d'autres discussions ou préoccupations.»
Au sein de l'UDC, l'invité allemand suscite toutefois aussi des remous en dehors de la commission. Pour le conseiller national Franz Grüter, «ce sont des conditions intolérables». «Ce qui est particulièrement délicat, c'est que ces personnes sont liées par un contrat de travail à l'Etat allemand. On doit sérieusement se demander ce qui prime pour eux en cas de doute: les intérêts suisses ou les intérêts de leur pays?»
Les membres du Parlement sont régulièrement confrontés au non-respect du secret des commissions. «Il est inacceptable que des informations d'intérêt national puissent être transmises à des Etats étrangers par ce biais», déclare Franz Grüter.