Au niveau épidémiologique, la Suisse s’en sort mieux que ses voisins germanophones. Le nombre de décès liés au Covid-19 stagne et la situation dans les hôpitaux suisses est plutôt calme. Pourtant Huldrych Günthard, infectiologue à l’Hôpital universitaire de Zurich prévient: il ne faut pas crier victoire trop tôt. Il craint que nous ne nous retrouvions bientôt dans une situation similaire à celle de l’Allemagne ou de l’Autriche.
En Autriche, la surcharge des hôpitaux semble proche. Le taux de vaccination en Suisse est aussi bas que chez notre voisin – sommes-nous sur la même voie?
Huldrych Günthard: Si l’on regarde l’augmentation significative du nombre de cas ces derniers jours, on a l’impression que oui. Nous avons quelques semaines de retard sur l’Autriche. Il semble que nous nous dirigeons vers une situation très problématique. En particulier car nous ne faisons rien pour enrayer la hausse.
Des vaccins de rappel sont tout de même disponibles pour les personnes âgées.
C’est très bien, mais c’est tard. Des semaines s’écouleront avant que la troisième dose ne soit administrée à l’ensemble de la population. Rien que pour des raisons logistiques, il faudra du temps pour que tous ceux qui le souhaitent la reçoivent. Dans ce contexte, il ne permet pas uniquement d’éviter des formes graves de la maladie chez les personnes âgées, il réduit également l’incidence du virus au sein de la population en général.
Certaines régions d’Allemagne ont introduit la règle des «2G»: Les activités telles que les sorties au restaurant ne sont accessibles qu’aux personnes vaccinées et guéries. Est-ce stratégique d’un point de vue épidémiologique?
La règle des «2G» est logique car on élimine ainsi le risque des tests erronés. Comme nous le savons, les tests antigéniques sont peu fiables chez les personnes qui ne présentent pas ou pas encore de symptômes. De plus, cela incite certains individus à aller se faire vacciner, comme on le voit en Autriche. Mais il est clair que le risque d’infection continue d’exister pour les personnes vaccinées ou guéries.
Le monde germanophone a trouvé une astucieuse manière de parler des différents niveaux de protection sanitaire qui composent les mesures. Il s’agit de la règle des 3G, 2G ou 1G.
3G: geimpft, genesen, getestet; vacciné, guéri, testé.
Chaque statut permet de disposer du certificat Covid pour une durée limitée spécifique. Les personnes ne voulant pas du vaccin peuvent prouver par un test qu'ils sont négatifs au Covid. Il s’agit de l’application pratique la plus répandue, bien qu'elle tende à être remplacée par la 2G.
2G: geimpft, genesen; vacciné, guéri.
Prouver par un test que l’on est négatif au Covid ne suffit plus à se rendre librement en intérieur, dans les restaurants ou commerces: il faut être guéri ou vacciné. Après l'Allemagne et l'Autriche, cette application s'est récemment généralisée dans de nombreux commerces en Suisse, sur indication du Conseil fédéral.
2G+: vacciné, guéri + testé.
Les personnes doivent être guéries ou vaccinées et prouver par un test qu'elles sont négatives au coronavirus.
1G: geimpft; vacciné.
Cette application n’a lieu quasiment nulle part. Pour être considérées comme vaccinées, les personnes qui n’ont pas attrapé le Covid doivent recevoir deux injections et les personnes déjà guéries une seule. L'Autriche a prévu la vaccination obligatoire dès février prochain. Le Costa Rica a imposé cette mesure pour ses hôtels et ses restaurants.
Le monde germanophone a trouvé une astucieuse manière de parler des différents niveaux de protection sanitaire qui composent les mesures. Il s’agit de la règle des 3G, 2G ou 1G.
3G: geimpft, genesen, getestet; vacciné, guéri, testé.
Chaque statut permet de disposer du certificat Covid pour une durée limitée spécifique. Les personnes ne voulant pas du vaccin peuvent prouver par un test qu'ils sont négatifs au Covid. Il s’agit de l’application pratique la plus répandue, bien qu'elle tende à être remplacée par la 2G.
2G: geimpft, genesen; vacciné, guéri.
Prouver par un test que l’on est négatif au Covid ne suffit plus à se rendre librement en intérieur, dans les restaurants ou commerces: il faut être guéri ou vacciné. Après l'Allemagne et l'Autriche, cette application s'est récemment généralisée dans de nombreux commerces en Suisse, sur indication du Conseil fédéral.
2G+: vacciné, guéri + testé.
Les personnes doivent être guéries ou vaccinées et prouver par un test qu'elles sont négatives au coronavirus.
1G: geimpft; vacciné.
Cette application n’a lieu quasiment nulle part. Pour être considérées comme vaccinées, les personnes qui n’ont pas attrapé le Covid doivent recevoir deux injections et les personnes déjà guéries une seule. L'Autriche a prévu la vaccination obligatoire dès février prochain. Le Costa Rica a imposé cette mesure pour ses hôtels et ses restaurants.
Vous êtes donc favorable à l’introduction de cette nouvelle restriction en Suisse?
En ce moment, la situation est très délicate en Suisse. Une telle restriction ne suffira pas à résoudre le problème. D’ailleurs, les autorités peinent à réagir adéquatement. Les gens doivent se débrouiller seuls.
Comment faire?
Nous devrions – dans la mesure du possible – travailler à la maison, porter un masque au restaurant lorsque nous nous levons et éviter les grandes manifestations. Ce n’est tout simplement pas le moment d’organiser un repas de Noël avec 30 personnes.
Que pensez-vous de l’obligation de se faire vacciner dans certaines catégories professionnelles, comme au sein du personnel soignant?
Je suis contre cette idée. Le personnel soignant a un taux de vaccination élevé, et nous nous protégeons extrêmement bien à l’hôpital. Le personnel soignant ne représente aucun risque pour les patients. Par ailleurs, nous ne devons pas faire fuir le personnel soignant – surtout dans la période actuelle. Une telle mesure serait probablement contre-productive. Si la vaccination doit devenir obligatoire, elle doit l’être pour tout le monde.
Vous vous prononcez en faveur de la vaccination obligatoire pour toute la population?
En théorie, cela sonne bien. Si une telle stratégie était vraiment applicable, l’effet sur l’évolution de la pandémie serait très positif. Mais je pense que ce n’est pas réalisable aujourd’hui.
Quelle est la gravité de la situation dans les hôpitaux actuellement?
L’augmentation des hospitalisations est nettement plus faible que lors des vagues précédentes. C’est positif et cela montre le résultat de la vaccination. Chez nous, au sein de l’hôpital universitaire de Zurich, les chiffres n’augmentent que légèrement pour le moment. Nous avons certes quelques patients atteints du Covid, mais nous pouvons renvoyer les gens chez eux assez rapidement. C’est la différence avec la vague de l’été dernier: à l’époque, les patients arrivaient chez nous alors qu’ils étaient déjà très, très malades. Beaucoup devaient aller directement aux soins intensifs.
L’épidémiologiste genevois Antoine Flahault propose d’installer des appareils de ventilation et de mesure dans les lieux publics, à l’instar des restaurants. En cas de valeurs supérieures à un certain seuil (1000 parties par million), un établissement devrait fermer ses portes. Qu’en pensez-vous?
Si l’épidémie se prolonge, c’est une bonne option. Mais pour l’instant, je miserais plutôt sur des solutions simples et rapides à mettre en œuvre. Il faudrait peut-être davantage soutenir ceux qui se font vacciner. Pourquoi ne pas faire participer ceux qui refusent le vaccin aux frais de santé importants qu’ils occasionnent, en exigeant une contribution de solidarité? On paie bien aussi une taxe sur le CO2 selon le principe du pollueur-payeur. Une taxe Covid, échelonnée en fonction des revenus, semble juste.
(Adaptation par Jessica Chautems)