Le séisme bancaire mondial n'a pas épargné la place financière suisse. L'action de la grande banque Credit Suisse, passablement chahutée ces derniers temps, a été une fois de plus fortement mise sous pression – davantage que toutes autres grandes banques européennes. La question est de savoir ce qu'il adviendra de Credit Suisse. Ce week-end, la possibilité d'une fusion avec l'UBS a été évoquée, dans le cas où la banque serait effectivement sérieusement en difficulté, c'est-à-dire si elle avait non seulement des problèmes de charges et de revenus, mais aussi de liquidités.
Ça n'aiderait personne
Or, les experts bancaires n'accordent aucun crédit à ce scénario de fusion. «Qui cela aiderait-il vraiment?», demande de manière rhétorique l'économiste et spécialiste des marchés financiers Klaus Wellershoff. Probablement personne, devrait-on répondre. Sauf s'il s'avère que les problèmes de Credit Suisse sont encore plus importants qu'escomptés.
Mais même dans ce cas, une fusion avec UBS n'est pas forcément nécessaire, selon Klaus Wellershoff: «Avec la règle du 'too big to fail', les grandes banques sont facilement divisibles en petits établissements séparés. La branche helvétique de Credit Suisse pourrait très bien survivre toute seule.»
Trop peu de concurrence
L'économiste Adriel Jost est du même avis: «UBS et Credit Suisse devraient sans doute être forcés par les autorités à fusionner et UBS devrait recevoir pratiquement gratuitement les meilleures parts de Credit Suisse.» Les parts problématiques de la banque aux deux voiles seraient transférées dans une sorte de bad bank avec l'aide de l'État et de la Banque nationale. Mais même dans ce cas, il en résulterait un colosse bancaire auquel personne en Suisse ne pourrait s'intéresser.
«La banque fusionnée deviendrait presque officiellement une banque d'État dont l'économie suisse dépendrait en grande partie, pour le meilleur et pour le pire», fait remarquer Adriel Jost. «La concurrence entre les banques au sein de la Suisse, déjà plutôt modérée par ailleurs, serait encore ralentie», ajoute l'expert. Cela ne profiterait à personne, ni aux clientes et clients, ni à la place financière.