Les producteurs suisses en colère
«Il n'existe pas de véritable alternative au sapin naturel»

En plastique ou naturel? C'est la question que de plus en plus de gens se posent au moment de choisir leur sapin de Noël. Selon les agriculteurs, les vrais sapins à aiguilles ne font pas le poids sur le plan écologique face aux sapins artificiels.
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Le fabricant de sapins de Noël Markus Oettli ne croit guère au sapin en plastique: «Il n'existe pas de véritable alternative au sapin naturel.»
Photo: Kim Niederhauser
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Riccarda Campell

A quelques semaines des fêtes, l'inquiétude monte chez les producteurs de sapins. Chez nos voisins allemands, l’association fédérale des producteurs des sapins de Noël tire la sonnette d’alarme. De plus en plus de ménages choisissent de se tourner vers des arbres en plastique. Une erreur, martèlent-ils! Le plastique est une «impasse écologique – fabriqué à partir de pétrole, difficile à recycler et souvent importé d'Asie», s’indignent les producteurs allemands.

Avis partagé par leurs homologues suisses qui estiment pour leur part que, sur le plan écologique, les sapins artificiels ne font pas le poids face aux vrais sapins à aiguille. Parmi eux figure Markus Oettli. L’homme possède une ferme de sapins de Noël: le commerce de ces arbres est l’activité principale de sa famille d’agriculteurs depuis déjà 79 ans.

«Il n’existe pas de véritable alternative au sapin naturel», explique-t-il. Et sa clientèle est du même avis. «Les Suisses sont attachés aux traditions et veulent un arbre naturel». Ses ventes augmentent d’ailleurs chaque année: les gens préfèrent acheter des arbres de la région. «Cela nous aide en tant que producteurs locaux», explique le producteur. Chez lui, un sapin coûte entre 35 et 40 francs le mètre.

Le sapin en plastique devrait durer 20 ans… au minimum

Le prix du sapin en plastique peut quant à lui grimper jusqu’à 700 francs chez Decoplants, vendeur suisse de plantes en plastique. L’important est de pouvoir le garder longtemps, explique Niklaus Hartmann, chef de l'entreprise. «Un sapin de Noël bon marché acheté au supermarché, mais qui se casse après une saison ne sert à rien.»

Selon l’organisation environnementale WWF, un arbre en plastique n’est pas biodégradable. Il finit parmi les déchets spéciaux et doit être conservé pendant au moins 20 ans pour compenser le bilan carbone qu’il génère.

Philipp Gut, directeur d’IG Suisse Christbaum, l’association suisse qui représente les producteurs de sapins de Noël, ne pense pas que la conservation sur deux décennies soit la solution: «Qui veut regarder le même sapin en plastique pendant 15 ans – et qui veillera à ce qu’il ne prenne pas la poussière pendant tout ce temps?»

Bien sûr, il en voit aussi les avantages potentiels. Dans une vitrine ou dans le coin sombre d’une entreprise, un sapin en plastique est acceptable. «Mais dans le salon, où l’on sent son parfum, c’est autre chose: un vrai sapin symbolise le vert persistant au solstice, signe du retour de la lumière. Le plastique ne peut pas remplacer cela.»

Un cycle naturel

«Un sapin que l’on jette après deux semaines fait partie du cycle naturel, tout comme les feuilles qui tombent des arbres en automne», explique Philipp Gut. «Ceux qui critiquent cette réalité devraient également reprocher à la nature de produire des déchets.» Les alternatives n’ont guère de sens: «Cela revient à rouler en feux de position pour économiser de l’énergie.»

Les cultures de sapins de Noël offrent un habitat précieux à une multitude d’êtres vivants. «On pourrait les qualifier de véritables hotspots de biodiversité», ajoute le producteur suisse de sapins Markus Oettli.

En poussant, un sapin de deux mètres de haut stocke près de 15 kilos de CO2. S’il est brûlé après les fêtes, ce gaz s’échappe à nouveau. La biomasse est donc considérée comme neutre sur le plan climatique. L’impact réel provient du transport et de l’élimination de l’arbre: ces émissions correspondent à peu près à celles d’un menu à trois plats avec de la viande.

Tous les sapins naturels ne sont pas des choix verts

Mais tous les vrais sapins ne se valent pas pour autant, souligne Niels Jungbluth, directeur de l’entreprise ESU-Services, qui propose des conseils sur l’empreinte carbone. Les monocultures ont souvent recours à des pesticides et des engrais pour produire des arbres parfaits. Des variantes plus durables issues de la sylviculture poussent sans produits chimiques – mais là encore, le mode de transport joue un rôle important.

«Plus le trajet est court, mieux c’est. Souvent, le trajet en voiture génère plus de CO2 que l’arbre lui-même», explique Damian Oettli de WWF Suisse. Il recommande d’acheter des espèces locales: épicéas, pins ou sapins blancs. Les sapins Nordmann, désormais les plus populaires en Suisse, n’en font pas partie et sont importés.

Au final, le choix de l’arbre ne représente qu’une petite partie du bilan carbone global de Noël. Jungbluth, d’ESU-Services, souligne que: «Tout ce qui se trouve sous l’arbre et qui est consommé est généralement beaucoup plus nocif pour l’environnement que l’arbre lui-même.»

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