Avec l'attaque américaine contre les installations nucléaires iraniennes dimanche, le conflit au Moyen-Orient s'est encore aggravé. «La Suisse est profondément alarmée par l'escalade dangereuse entre Israël et l'Iran depuis le 13 juin, y compris les attaques menées aujourd'hui par les Etats-Unis», a déclaré le Département des affaires étrangères (DFAE) via X, se montrant préoccupé par l'évolution de la situation. Dans ce contexte, le DFAE du conseiller fédéral Ignazio Cassis (PLR) souligne l'importance du respect absolu du droit international.
«Nous appelons toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue, à protéger la population civile et les infrastructures civiles et à revenir immédiatement à la diplomatie», poursuit le communiqué. La Suisse se propose en même temps comme médiateur: «Nos offices restent à la disposition des parties».
La Suisse joue en effet un rôle particulier. Depuis 45 ans, la Confédération représente les intérêts américains en Iran, en vertu d'un mandat de puissance protectrice. Aussi lorsque Donald Trump souhaite communiquer quelque chose au régime des mollahs par la voie diplomatique, il passe par la Suisse.
Ce canal a également été utilisé à plusieurs reprises dans le conflit actuel – même si le personnel de l'ambassade a été retiré de Téhéran et opère actuellement depuis Bakou, en Azerbaïdjan, et que l'ambassadeur rentrera bientôt en Suisse. Le mandat de puissance protectrice peut être exercé de manière géographiquement indépendante, selon le ministère des Affaires étrangères.
Les choses vont-elles encore s'envenimer? Cela dépend de ce que les deux Etats ont à se dire. Mais la Suisse ne fait-elle que de jouer le rôle d'intermédiaire entre les deux Etats?
«Notre rôle devient plus important»
«La Suisse est le seul canal ouvert dont disposent les Etats-Unis avec l'Iran, ce qui rend notre rôle d'autant plus important », déclare le conseiller national Hans-Peter Portmann (PLR). «Il y a un échange actif de notes.» Même s'il soupçonne que la situation est devenue plus difficile depuis le retrait du personnel de l'ambassade, il est clair que ni Israël ni les Etats-Unis n'accepteraient un Etat de l'UE comme médiateur.
«C'est justement dans la phase d'escalade actuelle qu'il est crucial de maintenir les possibilités de communication», explique la conseillère nationale Elisabeth Schneider-Schneiter (Centre). Cela est nécessaire pour les alertes de sécurité mutuelles, les explications ou la transmission des crises. «Ce faisant, nous devrions tout mettre en œuvre pour éviter une nouvelle escalade et surtout pour garantir que la société civile ne soit pas mise à mal», ajoute-t-elle.
«Intérêt pour la politique de sécurité»
La conseillère nationale fait preuve d'une certaine compréhension pour l'attaque américaine. «Le monde occidental a intérêt, pour sa propre sécurité, à ce que l'Iran ne construise pas d'armes nucléaires». Elle considère donc qu'une condamnation unilatérale des Etats-Unis et d'Israël, comme on peut l'entendre de la part de représentants du PS, est erronée.
Hans-Peter Portmann, spécialiste de la politique étrangère, estime que l'évolution au Proche-Orient est «dramatique». Pourtant, il fallait selon lui s'y attendre. «L'Iran a violé le droit international à plusieurs reprises», affirme-t-il. Il serait donc naïf de la part des Européens d'espérer pouvoir arracher de nouvelles promesses au régime des mollahs. «L'époque où l'on pouvait contrer les contrevenants au droit international comme l'Iran par le droit international est révolue.».
Hans-Peter Portmann estime que l'attaque américaine pose les bases d'une stabilisation de la région. Selon lui, l'Iran doit non seulement être contraint d'enterrer son programme nucléaire, mais aussi de cesser de soutenir des groupes terroristes. «La Suisse pourrait accompagner un processus de stabilisation et de paix à long terme au Moyen-Orient en tant que médiateur».
Des critiques s'élèvent
Toutefois, des voix critiques s'élèvent dans les milieux diplomatiques, qui ne voient pas pour la Suisse un rôle plus important que celui de simple facteur. Au lieu de cela, l'attention pourrait davantage se porter sur Oman, où des discussions sur le nucléaire ont déjà eu lieu entre les Etats-Unis et l'Iran – quoique sans succès jusqu'à présent.
Le degré d'implication de la Suisse dépendra également des objectifs que les Américains se sont fixés. Le but de la guerre est-il atteint avec la destruction des installations nucléaires? Ou s'agit-il d'un changement de régime? De nombreux points restent flous, selon les milieux diplomatiques.